Le nombre de mis en cause pour maltraitance animale ou abandon augmente d'année en année, selon un récent rapport de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales. ©Fabwildpix
En France, le nombre de personnes poursuivies pour maltraitance et abandon d’un animal domestique a augmenté, en moyenne, de 29 % entre 2016 et 2018. Ce constat, révélé par l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, est partagé par la Fondation 30 Millions d’Amis, qui se constitue partie civile dans des procès, eux-aussi toujours plus nombreux chaque année.
Augmentation du nombre de mis en cause pour maltraitance* et abandon, multiplication des mauvais traitements durant l’été, ou encore, hausse du nombre de condamnations... Ce sont les principales observations formulées par l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), dans son rapport sur « Les personnes mises en cause pour maltraitance et abandon d’un animal domestique » (02/07/2020).
Entre 2016 et 2018, le nombre de personnes mises en cause pour abandon a augmenté de 54 % (ils étaient 395 en 2018 contre 257 en 2016), tandis que ceux soupçonnés de maltraitance animale ont augmenté de 23 % (puisqu’ils étaient 1 256 en 2018 contre 1 025 en 2016). Parmi les auteurs présumés de maltraitance, 80 % appartiennent à la gente masculine. En matière d’abandon, ce sont les « jeunes » qui sévissent le plus puisque 29 % des mis en cause pour ce grief sont âgés de 26 à 35 ans. En outre, l’été et la campagne constituent respectivement la période et le lieu où les faits litigieux sont les plus prégnants.
Les condamnations sont plus nombreuses depuis que les animaux ont été reconnus comme sensibles dans le code civil.
ONDRP
De son côté, la Fondation 30 Millions d’Amis ouvre, chaque année un nombre toujours plus élevé de dossiers contentieux. Pour preuve, le nombre total de plaintes déposées est passé de 112 en 2017 à 185 en 2019. Une hausse liée à la mobilisation accrue de nos lanceurs d’alerte, mais aussi, plus tristement, à l’augmentation du nombre d’animaux victimes de la cruauté humaine. Depuis le 1er janvier 2020, la Fondation 30 Millions d’Amis a déjà sauvé plus de 600 animaux, abandonnés ou maltraités. En seulement 6 mois, 486 enquêtes pour cruauté animale ont été menées et 90 d’entre elles se sont soldées par une plainte.
Malheureusement, ces actes, aussi graves soient-ils, n’aboutissent que rarement à des peines exemplaires. Certes, « entre 2007 et 2017, le nombre de condamnations a augmenté, passant de 70 à 110, soit une hausse de 57 %, constate l’Observatoire. Cette hausse a été particulièrement forte à partir de 2015, date à laquelle les animaux ont été reconnus [NDLR : sous l’impulsion de la Fondation 30 Millions d’Amis] comme des êtres vivants doués de sensibilité dans le code civil ».
Renforcer la sensibilisation et la formation des magistrats est essentiel.
Reha Hutin
Pour autant, seules 16 % des personnes condamnées pour cruauté animale ont écopé d’une peine privative de liberté, tandis que 29 % ont été condamnés à une peine d’emprisonnement avec sursis. Les sanctions pécuniaires sont privilégiées puisque 32 % des personnes condamnées ont reçu comme peine une amende. « Les alternatives à la poursuite, comprenant des mesures telles que des rappels à la loi ou de la médiation, représentent également une partie importante de la réponse pénale, ajoute l’Observatoire. En cas d’exécution de la mesure, la procédure est ensuite classée sans suite. Or, ces mesures alternatives sont monnaie courante dans les affaires de maltraitance animale.
« Il n’est pas concevable que le vol d’un objet (passible de 3 ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende) soit puni moins sévèrement qu’un acte de cruauté envers un être vivant et sensible (passible de 2 ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende), déplore Reha Hutin, Présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis. Et le fait que les peines prévues par les textes soient si peu appliquées est tout autant incompréhensible ! Renforcer la sensibilisation et la formation des magistrats, à cet égard, est essentiel. C’est à cette fin que la Fondation 30 Millions d’Amis a créé, en concertation avec d’éminents juristes, le Code de l’animal qui regroupe plusieurs milliers de textes et de décisions relatifs au droit animalier. Elle a également, à cet effet, initié en partenariat avec l’Université de Limoges un diplôme universitaire pour aider les professionnels du droit à se familiariser avec cette matière complexe ».
* La maltraitance est ici entendue au sens large puisqu’elle renvoie aux mauvais traitements (contravention), aux sévices graves ou de nature sexuelle et aux actes de cruauté (délits).
Commenter
Vous souhaitez déposer un commentaire dans cette liste de discussion ? Pour ce faire, il faut vous créer un compte. La création de compte est GRATUITE : Créez votre compte ou bien identifiez vous.
8 commentaires