Par dérogation à l'interdiction de tout acte de chasse pendant le confinement, les sangliers continuent d'être chassés dans de nombreux départements. ©Adobe Stock
Alors que les déplacements doivent être limités au strict nécessaire depuis le 17 mars 2020, les chasseurs bénéficient, dans certains départements, de dérogations, continuant donc d'agrainer ou de tuer les sangliers, les oiseaux et d'autres espèces, au motif qu'elles pourraient endommager les terrains agricoles ! 30millionsdamis.fr fait le point.
Chasse collective des corvidés dans le Jura, tirs individuels de sangliers dans les Landes, ou encore agrainage des cervidés dans l'Aube... Autant de dérogations accordées aux chasseurs leur permettant d'outrepasser les règles sanitaires destinées à endiguer l'épidémie de Covid-19.
La Fédération nationale des chasseurs se targue même dans le Huffington Post de pouvoir justifier l'activité de ses membres via le motif lié à... « une mission d'intérêt général » sur l'Attestation de Déplacement Dérogatoire officielle ! Et pendant ce temps, les associations de défense des animaux attendent toujours les précisions de la Direction Générale de l'Alimentation et du ministère de l'Intérieur quant à la possibilité de justifier d'un tel motif le déplacement des bénévoles nécessaires à la survie de milliers d'animaux.
Plusieurs départements ont admis des tirs dérogatoires pour prévenir d'hypothétiques dégâts aux cultures. Ainsi, dans les Landes, un arrêté préfectoral du 20 mars 2020 autorise « les actions de chasse et de régulation individuelles du sanglier compte tenu du risque sanitaire et du risque de dégâts particuliers aux cultures causés par cette espèce ». La Fédération départementale des chasseurs des Landes a même publié des recommandations pour éviter, dans ce cadre, la propagation du Covid-19. « Dans le cas particulier du sanglier, en cas de prise, le dépeçage pourra se réaliser avec l'aide d'une personne maximum en respectant le mètre de distance, préconise la Fédération. Il va de soi qu'aucune des deux personnes ne doit présenter de symptôme même mineur, auquel cas il sera fortement déconseillé de réaliser le dépeçage »...
Les préfectures de la Haute-Garonne et de l'Aube ont également prévu la possibilité de procéder, sur autorisation préfectorale individuelle, à « la destruction à tir du pigeon ramier » et - pour la seconde exclusivement - « des corbeaux et corneilles noires ». Dans le Jura, le préfet est allé jusqu'à autoriser « la lutte collective contre les corvidés ». En parallèle, nombreux sont les départements ayant opté pour une formulation particulièrement souple en prévoyant la possibilité de réaliser, sur décision administrative, des opérations de destruction de tout animal sauvage en cas de « risque sanitaire » ou de « dégâts » importants sur les cultures. C'est le cas du Cher, du Jura, ou encore, de l'Eure (les destructions étant, dans ce département, réalisées par les lieutenants de louveterie). Enfin, « l'agrainage de dissuasion du sanglier » - qui consiste à attirer le gibier en répandant du grain - est autorisé dans les départements de l'Aube, de la Haute-Marne et de la Côte d'Or.
En définitive, le tir et l'agrainage des sangliers sont tolérés pour protéger les terrains agricoles et, plus particulièrement, les semis de maïs. Or, « cette culture désastreuse écologiquement alimente les élevages intensifs, eux-mêmes bombes sanitaires à retardement », fustige Pierre Rigaux sur son compte Twitter. Covid19, SRAS, MERS (850 décès fin 2019) viennent de l'exploitation animale ». « Alors que la France est confinée, les chasseurs s'autorisent à poursuivre leurs nuisances et à perturber la nature, notamment en continuant à agrainer, favorisant ainsi la reproduction des sangliers... pour ensuite légitimer leur abattage ! », ajoute sur ce réseau social la Fondation Brigitte Bardot. Quant à la chasse aux oiseaux, celle-ci est d'autant plus abjecte et cruelle que les volatiles « sont en pleine période de reproduction, déplore l'Association pour la protection des animaux sauvages. Les adultes tués ne retournant pas au nid, les petits agoniseront lentement et sûrement ».
Pourtant, le 19 mars, la Fédération nationale des chasseurs et le ministère de la Transition écologique et solidaire interdisaient jusqu'à nouvel ordre tout acte de chasse, collectif ou individuel. En principe et contrairement aux multiples dérogations accordées, seul est censé être admis le nourrissage des animaux des chasseurs (chiens, chevaux...) et des oiseaux captifs dits « appelants », utilisés pour attirer d'autres congénères afin de les tuer...
Une pétition a été lancée par l'Aspas, Aves et Crow Life pour demander l'interdiction totale de la chasse et des opérations de destruction, sans dérogation possible.
Commenter
Vous souhaitez déposer un commentaire dans cette liste de discussion ? Pour ce faire, il faut vous créer un compte. La création de compte est GRATUITE : Créez votre compte ou bien identifiez vous.
7 commentaires