Une enquête de l’association L214 révèle l’enfer des veaux issus de l’industrie laitière, engraissés pour leur viande. Brutalisés, les animaux jugés trop chétifs sont tués, tandis que les autres sont entassés dans des bâtiments insalubres jusqu’à leur départ pour l’abattoir. La Fondation 30 Millions d’Amis, signataire de l’Appel contre l’élevage intensif, dénonce ces atrocités infligées à ces êtres vivants doués de sensibilité.
« Ce que j’ai vu, vous ne le croiriez pas. J’ai été profondément dégoûté... », témoigne un lanceur d’alerte, ancien acheteur de veaux dans le secteur de la viande, en Bretagne. Ce sont les confidences de cet homme, marqué à vie par l’horreur de son travail, qui ont initié la nouvelle enquête de l’association L214 consacrée au tri et à l’engraissement des veaux mâles issus de l’industrie laitière. Les images ont été filmées entre juillet et octobre 2019 dans un centre de tri de veaux laitiers de la société Ouest Élevage – filiale de la coopérative Laïta dont les marques phares sont Paysan Breton, Mamie Nova et Régilait – ainsi que dans trois élevages d’engraissement du Finistère sous contrat d’intégration avec cette entreprise.
Frappés, entassés, souffrant de maladies... Les veaux issus de l'industrie laitière vivent l'enfer. ©L214 Ethique & Animaux
Des conditions déplorables d’humidité, d’insalubrité et de promiscuité
J’ai vu des gens qui ne se préoccupaient que de l’argent, sans aucun respect pour les animaux !
Un lanceur d’alerte
Pour les jeunes bovins, le calvaire commence lorsque l’acheteur de veaux se rend dans les élevages laitiers pour « débarrasser » l’éleveur des petits mâles indésirables, tandis que les femelles sont conservées pour renouveler le cheptel. Les animaux sont alors brutalement manipulés, puis chargés dans un camion de transport qui les conduit au centre de tri. Malmenés à coups de pied et de poing par les employés, les plus chétifs seront tués par un vétérinaire à l’âge de seulement… 2 semaines ! Les survivants passeront d’un enfer à l’autre, transférés vers les centres d’engraissement où ils resteront plusieurs mois.
D’abord piégés seuls dans d’étroites cases individuelles pendant les premières semaines, les veaux sont ensuite parqués en groupe dans des bâtiments sombres sans accès à l’extérieur, jusqu'à leur départ pour l’abattoir à l’âge de 5 mois. L’enquête menée par L214 montre des bâtiments infestés de mouches et recouverts d'une épaisse couche de crasse, une multitude de médicaments périmés… et des enclos si sales que les animaux baignent dans leurs déjections. Dans ces conditions déplorables d’humidité, d’insalubrité et de promiscuité, les bovins souffrent de diarrhées et de sévères affections de la peau telles que la teigne.
« Des veaux tués à coups de marteau ou jetés par-dessus des barrières »
« Dans ce milieu, j’ai vu des gens qui ne se préoccupaient que de l’argent, sans aucun respect pour les animaux ; j’ai vu des petits tués à coups de marteau parce qu’ils étaient trop maigres et donc pas rentables ; des gens s’amuser à jeter les veaux par-dessus les barrières, se remémore le lanceur d’alerte. Et j’ai vu les lieux dans lesquels on les enferme pour les engraisser. J’étais choqué par l’état sanitaire de certains élevages et par les conditions de vie inacceptables. » Selon l’association, qui a lancé une pétition contre ces atrocités, en France, plus d’un million de jeunes veaux nés de vaches laitières sont séparés de leur mère dès la naissance et, pour l’immense majorité, engraissés dans des élevages industriels dans des conditions similaires.
La Fondation 30 Millions d’Amis – qui avait dénoncé le calvaire de veaux piégés dans des niches individuelles en plastique en plein soleil en Isère lors de la canicule de l’été 2019 – a signé l’Appel contre l’élevage intensif initié en septembre par L214. A ce jour, plus de 100 000 citoyens dont 200 personnalités se sont mobilisées pour demander aux responsables politiques un moratoire immédiat sur l’élevage intensif, un plan concret de sortie de l’élevage intensif ainsi qu’une végétalisation de l’alimentation en restauration collective publique et privée. Un impératif pour répondre aux attentes des Français : ils sont 83 % à s'opposer à l'élevage intensif (sondage 30 Millions d'Amis / Ifop - 2019).
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