Un mouvement favorable à la création d’un statut de « personne non humaine » pour les animaux prend de plus en plus d’ampleur à travers le monde. Il n’est plus à démontrer que les animaux sont des êtres sensibles capables d’éprouver des joies et des peines. 30millionsdamis.fr se penche sur le passionnant sujet des émotions animales. En 2016, la vidéo des retrouvailles entre un professeur et une femelle chimpanzé avait suscité une immense émotion…
Mama, une femelle chimpanzé de 59 ans, était la matriarche de son clan, un groupe de primates reconstitué au Burger’s zoo d’Arnhem (Pays-Bas) dans le cadre d’une expérience pilote au début des années 1970. Compte-tenu de son âge, Mama avait été prélevée à l’époque dans la nature – une pratique qui n’a plus cours aujourd’hui. Jan van Hooff, ancien professeur de physiologie comparative à l’université d’Utrecht, faisait partie des nombreux scientifiques impliqués et avait tissé des liens avec la femelle.
Lorsque celle-ci tombe malade, cessant de s’alimenter et restant prostrée, les responsables du zoo – conscients que ce sont les derniers instants pour Mama – avancent l’idée d’organiser une rencontre avec son ami le professeur.
Au moment où le Pr van Hooff entre dans l’enclos de Mama, celle-ci – très affaiblie – peine d’abord à le reconnaître. Alors qu’il lui parle et la caresse délicatement, elle lui tend les bras et l’enlace avec un immense sourire. La vidéo de ces gestes tendres entre les vieux amis a ému des dizaines de milliers d’internautes à travers le monde.
Frans de Waal, professeur d’éthologie à l’université d’Emory d’Atlanta (E.-U.), a d’ailleurs choisi cette scène émouvante pour amorcer son ouvrage La dernière étreinte : Le monde fabuleux des émotions animales... et ce qu'il révèle de nous (éd. Les liens qui libèrent). Il y explique comment les émotions ont pu favoriser, il y a plusieurs centaines de millions d’années, la survie nos ancêtres communs. Aujourd’hui comme hier, la peur pousse à fuir le danger, la colère à se défendre… Et l’amour, à protéger ses proches.
« L’anthropodéni » : prétendre que seul l’Homme pense, ressent et sait
Les émotions animales ont longtemps été sous-estimées, et les termes appliqués à l’Homme bannis du vocabulaire des spécialistes du comportement animal au profit de périphrases : « partenaires favoris » au lieu d’ « amis », « vocalisations d’halètement » pour « rires »… L’objectif : éviter l’anthropomorphisme, la tendance à attribuer aux animaux des caractéristiques humaines. Selon F. de Waal pourtant, nier le fait que l’Homme n’est pas la seule espèce capable de penser, de ressentir et de savoir – ce qu’il appelle « l’anthropodéni » – est un danger bien plus grand pour nos sociétés !
Les progrès scientifiques dans la compréhension des émotions animales font évoluer la législation pas à pas. En 2016, un tribunal argentin accordait à la femelle chimpanzé Cécilia le statut de personne juridique pour la première fois dans le monde, et en 2015, la Cour suprême de New-York octroyait un statut de personnes « non-humaines » à Hercules et Leo, deux chimpanzés utilisés pour l’expérimentation animale. Pour d’autres espèces comme les éléphants, des démarches similaires sont en cours.
Un statut de personne juridique, pour mieux protéger les animaux
En France, la Fondation 30 Millions d’Amis a lancé une pétition pour créer un statut de « Personne animale » dans le Code civil. Un statut juridique indispensable pour que les animaux puissent bénéficier de droits fondamentaux (par exemple, de ne pas être emprisonnés leur vie durant).
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