Chaque année, dès le 15 mai, certaines préfectures autorisent la chasse anticipée du blaireau par déterrage. Déjà victime des tirs de chasse de septembre à janvier, ce mammifère peut également être acculé dans son terrier dès le printemps, et subir les pires souffrances. En plus de nombreux recours en justice déposés par les ONG, la Fondation 30 Millions d’Amis invite chacun à se mobiliser contre cette pratique cruelle.
Interdite dans la plupart des pays européens, la vénerie sous terre [qui consiste à déterrer le blaireau, le saisir via des pinces métalliques avant de le tuer à l’arme blanche : ndlr] est encore – malheureusement – autorisée en France. Pendant la saison de chasse (de mi-septembre à mi-janvier), ces animaux, déjà visés par les tirs des chasseurs, peuvent également être acculés par des chiens de chasse au fond dans leur terrier dès le printemps ! « Les préfectures peuvent autoriser des périodes complémentaires, c’est-à-dire l’anticipation de la chasse au blaireau, dès le 15 mai, jusqu’en août », rappelle Richard Holding, chargé de communication de l’ASPAS qui organise chaque année la journée mondiale du blaireau le 15 mai. Peu de répit donc, pour ce petit mammifère. « On peut imaginer le stress énorme que cela génère pour l’animal car il a le temps de comprendre qu’il va mourir », ajoute Emma Marinho, chargée de missions Biodiversité Mammifère pour l’association France Nature Environnement (FNE) Rhône.
S’il n’existe pas de comptage officiel du nombre d’individus au sein de l’Hexagone, un rapport du Sénat publié en 2023 estime que plus de 10.000 blaireaux subissent chaque année ces souffrances… soit un nombre relativement plus élevé que les « 98 blaireaux prélevés avec le déterrage », annoncé par la Fédération Nationale de la Chasse (FNC).
Le déterrage des blaireaux épinglé par la justice
En France, le blaireau reste une espèce « gibier chassable » (Annexe III de la Convention de Berne, NDLR), mais non protégée. Pas question cependant de rester les bras croisés en attendant une véritable protection du mammifère. De nombreux recours en justice sont déposés chaque année pour contester les arrêtés préfectoraux autorisant ces périodes complémentaires. « On voit que nos actions en justice portent leurs fruits, observe Richard Holding. De nombreux départements, comme la Seine et Marne ou les Deux-Sèvres, ont récemment suspendu la vénerie sous terre ».
En 2024, sur 26 recours en référés engagés, l’ASPAS compte une vingtaine de victoires. « Notre argument principal reste la présence de blaireautins dans les terriers, poursuit R.Holding. Car ces derniers dépendent de leur mère jusqu’à l’automne ». Un argument repris par la plupart des tribunaux… et par le Conseil d’Etat ! Par une décision du 28 juillet 2023, la plus haute juridiction administrative a rappelé à la nécessaire protection des blaireaux à travers, d’une part, « l’interdiction légale de destruction des petits blaireaux » et d’autre part, l’interdiction de porter atteinte au « bon état de la population des blaireaux ». Sans compter que « la dynamique de reproduction n’est pas explosive, complète Emma Marinho. Le taux de mortalité pour les blaireautins s’élève de 50% à 70% ! On ne peut pas parler d’un problème de prolifération pour justifier la chasse aux blaireaux ».
Se mobiliser en participant aux consultations publiques
Avant toute autorisation préfectorale de ces périodes complémentaires au déterrage des blaireaux, les départements doivent organiser, chaque année, une consultation publique. Toutefois, « ces consultations sont organisées un an en avance », souligne Anthony Chane, administrateur en charge des questions juridiques au sein de FNE Rhône. Cela signifie que si vous participez à l’une des consultations publiques en cours en 2025, votre avis sera pris en compte pour l’année 2026.
La Fondation 30 Millions d’Amis invite chaque citoyen à participer à ces consultations publiques afin de s’opposer à ces périodes complémentaires de déterrage « Si les avis sont suffisamment nombreux et motivés, ils peuvent potentiellement être pris en compte par les préfets et faire modifier l’arrêté », insiste l’Aspas.
Cohabiter avec le blaireau
C’est à nous de trouver des méthodes non létales pour cohabiter avec l’espèce.
Emma Marinho, FNE Rhône
Enfin, si la FNC prétend - à tort !– que la vénerie sous terre est une « chasse essentielle », participant à « la maîtrise de la population », il n’existe pourtant aucune donnée précise sur l’estimation de la population du mammifère et des dommages qui lui sont imputés. « Ces animaux n’étaient pas visibles auparavant, mais depuis l’intensification de la présence humaine sur son territoire et le développement de l’agriculture, les blaireaux sont par conséquent plus proches de nous, souligne Emma Marinho. C’est à nous de prendre nos responsabilités et de trouver des méthodes non létales pour cohabiter avec l’espèce ». Clôtures électriques, sensibilisation du public… les alternatives existent ! « Il faut combler le manque de culture de cohabitation et ne pas systématiquement chercher à s’en débarrasser », insiste-t-elle.
C’est pourquoi, la Fondation 30 Millions d’Amis, via sa pétition , réitère auprès de la ministre de la Transition Ecologique, Agnès Pannier-Runacher, sa demande d’interdire purement et simplement cette pratique d’un autre temps.
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