La Convention de Berne a déclassé le loup En rétrogradant le loup de « strictement protégée », à simplement « protégée ». / ©AdobeStock
Trois ans et demi après l'interdiction de la chasse au loup au nord de l'Espagne, le canidé se retrouve à nouveau dans le viseur des politiques. Les députés espagnols ont assoupli les mesures de protection du grand carnivore, en dépit de son rôle essentiel pour l'équilibre des écosystèmes ibériques. La Fondation 30 Millions d'Amis regrette ce retour en arrière, alors que l'état de conservation de l'espèce a été démontré "défavorable" au sein de l'Union européenne.
Les députés espagnols ont assoupli jeudi 20 mars 2025 les mesures de protection du loup dans le nord du pays, rendant à nouveau possible sa chasse trois ans et demi après son interdiction par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez. Cette disposition, introduite via un amendement à une loi sur le gaspillage alimentaire, a été adoptée grâce aux votes des députés du Parti populaire (PP, droite) et de Vox (extrême-droite), qui se sont alliés avec un parti régionaliste basque (PNV) et les indépendantistes catalans de Junts. Elle relance l'intense bras de fer qui oppose depuis plusieurs années les organisations écologistes aux éleveurs, soutenus par la droite et par les associations de chasseurs, qui se plaignent d'une recrudescence des attaques de loups sur leurs troupeaux.
Jusqu'en septembre 2021, les régions situées au nord du fleuve Duero (Asturies, Galice, Cantabrie et Castille-et-Léon), traitaient en effet le loup comme une espèce cynégétique, ce qui permettait d'en abattre un certain pourcentage tous les ans. Mais pour unifier les règles dans le pays, le gouvernement Sánchez avait décidé à cette date d'interdire sa chasse sur l'ensemble du territoire. Cette décision avait provoqué la colère des régions concernées, qui avaient promis des recours en justice. Dans un arrêt communiqué le 29 juillet 2024, l’institution juridictionnelle de l’Union européenne avait rappellé à l’ordre l’Etat espagnol sur sa gestion du grand carnivore. Elle rappellait à l’Espagne que le loup ne peut être chassé au niveau régional « lorsque son état de conservation au niveau national est défavorable ».
L'amendement voté jeudi 20 mars 2025, à l'initiative du PP, stipule que la capture et l'abattage des loups pourra "se justifier" de façon "exceptionnelle" en cas de menace pesant sur le "système productif" espagnol, à savoir sa production agricole. Il retire par conséquent le loup de la Liste des espèces sauvages en régime de protection spéciale (Lespres) dans les régions situées au nord du Duero - une mesure qui pourra être étendue à l'ensemble de l'Espagne, en vertu d'un autre amendement adopté ce même jour.
Cette décision a été qualifiée d'"irresponsable" par l'ONG Ecologistes en action, qui a appelé dans un communiqué l'exécutif à assurer de nouveau et "le plus rapidement possible la protection du loup", animal jouant "un rôle fondamental dans l'équilibre des écosystèmes ibériques". Le vote des députés espagnols survient quelques jours après l'entrée en vigueur d'un texte de la Convention de Berne, qui a déclassé le statut du loup, passé d' "espèce strictement protégée" à "protégée", à la demande de la Commission européenne. Le WWF Espagne dénonce "un chapitre sombre pour la conservation de la nature en Espagne".
Les loups, qui avaient été exterminés au début du XXe siècle dans plusieurs pays européens, ont fait leur grand retour ces dernières années sur le continent, notamment en France. Leur nombre était évalué à 20.300 individus en 2023 dans l'ensemble de l'UE.
(Avec AFP)
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