Selon le nouveau rapport de l'agence sanitaire Anses, l'année 2023 apparaît comme une "année charnière" pour le suivi de l’exposition des animaux - toutes espèces confondues - aux antibiotiques. Les résultats constatent une augmentation de 6,5 % par rapport à 2022, alors que le plan gouvernemental Ecoantibio3 vise à réduire l’usage des antibiotiques pour les animaux de compagnie.
Après une réduction quasi continue de l'exposition des animaux aux antibiotiques pendant plus de dix ans, un nouveau rapport de l'agence sanitaire Anses publié lundi 18 novembre 2024 fait état d'une inflexion en 2023, suggérant "un palier". S'appuyant sur un plan ministériel, les autorités françaises cherchent à limiter l'usage d'antibiotiques chez les humains et les animaux pour éviter le développement de bactéries résistantes aux traitements, phénomène appelé "antibiorésistance".
Depuis 2011, point de départ du premier plan "Ecoantibio", l'administration d'antibiotiques aux animaux a diminué de 48%, rapporte l'Anses. Cependant, ce niveau d'exposition a connu une hausse de 6,5% entre 2022 et 2023, laissant supposer qu'"un palier" a été atteint. "Cette hypothèse sera à confirmer en 2024", indique l'agence dans son rapport, en appelant au maintien des efforts en place pour éviter "une tendance générale à la hausse dans certaines filières".
Cette augmentation s'observe chez les bovins (+6% sur un an), les porcs (+8%), les lapins (+10%) et les volailles (+16%). Le rapport évoque notamment une augmentation d'exposition à la colistine, qui pourrait être "en partie liée à l'arrêt de fabrication de certains vaccins". Cette moindre disponibilité augmente le risque de maladies et d'infections qui requièrent un traitement aux antibiotiques, a affirmé à l'AFP Christophe Hugnet, conseiller national de l'Ordre des vétérinaires.
À l'instar des animaux d'élevage, les chats et chiens de compagnie ont été plus exposés aux antibiotiques en 2023. "Le poids vif traité pour ces animaux de compagnie a augmenté de 6% par rapport à 2022 et de 36,1% par rapport à 2016", indique le document de l'Anses. Franck Fourès, directeur de l'Agence nationale du médicament vétérinaire, reconnaît que l'explication de cette tendance reste difficile, faute d'études suffisantes menées en France sur le sujet. "En Australie, des études ont démontré des similarités entre la médecine pour les humains et la médecine vétérinaire pour animaux de compagnie", a-t-il affirmé lors d'une présentation à la presse.
Ainsi, il arrive que le vétérinaire cède à "la pression du propriétaire de l'animal qui souhaite une solution simple pour guérir" son compagnon poilu. "Chacun doit ajouter sa pierre à l'édifice", enchérit Christophe Hugnet, expliquant que les maîtres d'animaux domestiques ont également un rôle à jouer pour prévenir l'antibiorésistance animale."Comme pour les humains, une alimentation saine, une bonne hygiène et une vaccination adéquate peuvent prévenir la propagation de maladies bactériennes", précise le vétérinaire.
Le plan Ecoantibio 3, en vigueur depuis un an, prévoit de réduire de 15% le niveau d'exposition des chats et des chiens aux antibiotiques d'ici 2028.
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