Derrière ses rayures et sa carrure majestueuse, le plus grand félin de la planète subit un déclin de population sans précédent. À tel point que la communauté scientifique ne cesse de tirer la sonnette d’alarme. À l’occasion de la journée internationale du tigre (29/07), 30millionsdamis.fr passe en revue les causes de sa disparition.
1. Neuf sous-espèces, dont trois désormais éteintes
« À l’état sauvage, les tigres ont atteint un point critique »
Association Ifaw
Réparties autrefois sur une large partie de l’Asie, les populations de tigres ont malheureusement disparu dans de nombreux pays depuis le début du XXe siècle. Singapour, Bali, Java, Cambodge… le grand carnivore se dirige tout droit vers une extinction sans précédent. « À l’état sauvage, les tigres ont atteint un point critique », prévient l’Ifaw.
Parmi les neuf sous-espèces de tigre, trois sont aujourd’hui considérées comme éteintes. Le tigre de la Caspienne, le tigre de Bali, et le tigre de Java ne laissent plus aucune trace depuis des décennies. Ces deux derniers ont disparu respectivement dans les années 1980 et 1940, ne laissant dans l'archipel que des tigres de Sumatra, lui-même réduit à quelques milliers d’individus selon le WWF. Pourtant, en mars 2024, des traces génétiques du tigre de Java ont été relevées en Indonésie, relançant la question sur son existence à l’état sauvage.
Les six sous-espèces restantes (Bengales, Sumatra, Malaisie, Chine méridionales, Indochine et Sibérie) sont, quant à elles, en voie de disparition. « Le tigre aurait disparu au cours du 20e siècle si la communauté scientifique mondiale n’avait tiré la sonnette d’alarme, fait savoir le WWF. Aujourd’hui, personne ne peut dire s’il y aura encore des tigres sauvages dans 50 ans ». Des affirmations qui laissent présager une possible disparition si rien ne change…
2. Une perte d’habitat considérable
Malheureusement, le tigre n’a pas toujours été considéré comme un animal charismatique. Il a par ailleurs subi une mauvaise réputation, et d’une image liée à la férocité. « Jusqu'au 19e siècle, sa réputation de mangeur d’homme lui colle à la peau, explique le WWF dans un dossier consacré à l’espèce. Pourtant, parmi les animaux sauvages, ce ne sont généralement pas les tigres qui tuent le plus. Et pour cause, le tigre est très vite éduqué par sa mère pour éviter les êtres humains qui le persécutent ! ».
©Istock
Selon l’ouvrage Larousse des Félins de Rémy Marion (Editions Larousse / 2005), le tigre a longtemps été perçu comme « un fauve mangeur d’hommes », notamment en vue de représailles avec les agriculteurs. Mais, bien que « les tigres soient moins nombreux et les attaques plus rares », les conflits entre faune sauvages et populations locales se poursuivent avec la pression de la croissance démographique, affectant ainsi l’aire de répartition du prédateur et son habitat naturel. « L’humain et le tigre se trouvent de plus en plus en concurrence pour l’espace et la nourriture », ajoute le WWF, précisant que le prédateur a perdu 93% de son aire de répartition au cours des dernières années.
Pour l’association, ces interactions s’expliquent par une dégradation importante de l’habitat du super-prédateur, qui ne dispose plus d’assez de proie pour se nourrir. Le régime alimentaire du tigre se constitue principalement de cervidés (cerfs, sangliers), également chassés par l’humain. « Lorsque survient ce type de conflit, la mesure de représailles consiste souvent à tuer ou capturer les tigres et à les envoyer dans un zoo pour éviter que cela ne se reproduise. », informe le WWF.
3. Une grande proie du braconnage
Néanmoins, les tigres abattus « en représailles » finissent souvent « en produits dérivés vendus sur le marché noir », alerte l’ONG. Ces pratiques, directement liées au braconnage et au commerce illégal, représentent la première menace contre le grand prédateur, chassé pour sa queue, sa cervelle, et ses griffes et autres organes utilisés pour la médecine chinoise et coréenne.
La course aux produits dérivés, comprenant également la fourrure épaisse et rayée du prédateur, contraint le tigre à être l’une des principales victimes d’un trafic international de grande ampleur, jusque dans des réserves créées pour le protéger. A propos du tigre de Sumatra, l’ouvrage « Animaux menacés » (Editions Atlas / 2012) révèle par exemple que cette sous-espèce a souffert depuis les années 1960 d’une « persécution intense, jusqu’au cœur des zones protégées créées spécialement pour cette espèce et les autres trésors de biodiversité que l’île de Sumatra recèle encore ».
4. Des milliers de tigres en captivité
Dans certains pays, tels que la Chine, le Viêt Nam, ou la Thaïlande, la commercialisation de ces parties du corps nécessite de détenir des milliers de tigres en captivité. A ce sujet, l’organisation TRAFFIC constate une « augmentation de l’élevage de tigres en captivité pour répondre à la demande de divers produits dérivés » du félin. Selon ses estimations, entre 7 000 et 8 000 tigres sont soumis à détention dans les fermes d’élevage.
Mais un phénomène similaire s’observe aussi aux Etats-Unis, où de grands félins sont détenus en captivité. « Dans tout le pays, il y a plus de tigres dans les arrière-cours, les maisons et les ménageries de bord de route qu’il n’en reste à l’état sauvage dans le monde entier ! », alerte l’Ifaw, qui compte jusqu’à 10 000 grands félins captifs de l’autre côté de l’Atlantique. « Ces animaux vivent souvent dans des conditions terribles en subissant des maltraitances : dans les mains de personnes privées, dans des ménageries se faisant passer pour des sanctuaires de sauvetage et dans des zoos routiers non agréés », déplore l’ONG.
5- Une ancienne victime de la chasse aux trophées
La chasse au tigre ne date pourtant pas de notre siècle. « Le tigre a été chassé pour le trophée par les Européens, les Américains et les maharadjahs qui les abattaient par centaines », rapporte l’ouvrage Larousse des Félins. Ancien « passe-temps » des plus fortunés, la chasse aux trophées « a longtemps été la première cause de disparition du tigre », révèle le WWF.
L’espèce est classée « en danger » dans la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). C’est pourquoi la réglementation de treize pays d’Asie-du-Sud-Est, dont l’Inde, interdit la chasse au tigre.
Depuis plusieurs années, la conservation du grand fauve a réuni des chefs d’Etat autour de sommets internationaux, et d’importants engagements ont été prononcés pour sa préservation. Les efforts gouvernementaux et le travail des associations environnementales ont favorisé une légère expansion de l’espèce, selon les observations du WWF. En 2022, l’UICN comptait environ 4 500 tigres à l’état sauvage, contre 3 200 en 2010. « Les efforts de conservation ont donc produit des effets, et soulignent un premier palier franchi vers notamment le doublement de la population mondiale de tigres sauvages », se réjouit l’ONG. Un espoir pour cette espèce, qui se dirigeait tout droit vers l’extinction.
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