Fondation 30 Millions d'Amis

Fondation 30 Millions d'Amis
Faites un donFaire un don

La Ferme des Aubris

La Ferme des Aubris, un havre de paix pour les équidés maltraités ou abandonnés

Le refuge de la Tuilerie

Refuge "la Tuilerie" un havre de paix pour les animaux sortis de l'enfer

 €

Votre don ne vous coûte que
XXX après réduction fiscale

Trafic

Le serval victime d’un trafic perpétuel en France

La détention d’un serval, comme toutes autres espèces sauvages, est illégale en France. / ©TongaTerreD’Accueil

Le nombre de servals capturés et placés en refuge augmente considérablement en France. Depuis les années post Covid-19, des particuliers apprivoisent cet animal au profil atypique, victime d’un effet de mode favorisé par les réseaux sociaux. Illégal en France, ce phénomène trouve son essor dans une législation encore lacunaire en Europe. La Fondation 30 Millions d’Amis rappelle que la détention d’un animal sauvage est sanctionnée sur notre territoire.

Les refuges accueillent de plus en plus de servals. A tel point que des établissements ne peuvent plus les recueillir, par manque de place. « Nous en sommes à presque 30 pensionnaires en deux ans », informe Alexandre Blanchon, chargé de communication pour Tonga Terre d’Accueil, partenaire de la Fondation 30 Millions d’Amis.

Une tendance 2.0

Originaire d’Afrique, le serval a – dans les années post Covid-19 – la cote des réseaux sociaux…quitte à être abandonné une fois acquis ! Une problématique qui s’est imposée aux associations de protection animale et à l’Union européenne : « Depuis 2021, on constate une demande d’exotisme qui a empiré aves les réseaux sociaux, explique Mia Crnojevic, chargée de campagne IFAW France, à 30millionsdamis.fr. Cela fait écho à la mode des NAC, un phénomène de plus en plus répandu en France. » Car s’il est illégal de détenir une espèce sauvage en France (L415-1 A du Code de l’Environnement), la législation diffère dans d’autres pays. « De plus en plus d’internautes s’affichent avec un serval, notamment sur des comptes russes et américains », mentionne Alexandre Blanchon. En résulte « des refuges saturés », ajoute M. Crnojevic.

Des prix qui peuvent atteindre les 10.000 euros

Au total, 30 saisies de servals ont été enregistrées en 2022 selon l’IFAW. « Ils sont saisis soit directement chez des particuliers, soit capturés dans les rues, témoigne Alexandre Blanchon. Ces derniers s’échappent ou bien ont été relâchés car ce n’est pas un animal adapté à la vie en captivité. » Avec son pelage tacheté et ses oreilles pointues, le serval est une espèce protégée et un cousin du chat domestique. « Sauf qu’il est plus dangereux, notamment avec de forts coups de griffe », souligne A. Blanchon. Il peut être vendu, selon ce dernier, à un prix avoisinant les « 10.000€ ».

Un serval placé au refuge Tonga Terre d'Accueil ©TongaTerred'Accueil

Pour autant, il reste difficile d’identifier l’origine de ces servals. Car les servals capturés ces derniers mois pourraient provenir d’élevages européens. « Certains sont par exemple importés illégalement depuis l’Europe de l’est », note le spécialiste de Tonga Terre d’Accueil. Pourtant, malgré l’interdiction de posséder un serval en France, le savannah, un croisement entre le chat domestique et le serval, ne figure pas au sein de la liste exhaustive des espèces réglementées en France. « Elle ne fait pas partie des espèces considérées comme dangereuses ou agressives. La France doit travailler sur cette liste, et il en est de même pour l’Europe », affirme M. Crnojevic de lIFAW. Selon l’experte, cette absence joue en faveur des trafiquants, présentant l’espèce importée « comme un savannah alors qu’il s’agit d’un serval ».  Cette situation s’est déjà présentée en 2020, lorsque la Fondation 30 Millions d’Amis est intervenue auprès d’un serval, vendu comme un « savannah » sur la plateforme Le Bon Coin. Menacé d’euthanasie en raison de son origine douteuse, l’animal avait été secouru in extremis.

Des servals victimes de maltraitance animale

Beaucoup de servals accueillis en refuge témoignent de signes de maltraitances, souvent dues à des « méconnaissances » autour de la race et son mode de vie. « Certains sont récupérés dans des conditions désastreuses », confirme Alexandre Blanchon. À titre d’exemple, les équipes de Tonga Terre d’Accueil sont notamment intervenues dans une « cave de discothèque », où un animal divertissait les clients. « D’autres, captifs, ont été nourris à l’avocat ou au Babybel car les détenteurs ne connaissent pas les besoins de cet animal au régime carnivore », se souvient le chargé de communication du refuge. En 2019, la Fondation 30 Millions a procédé au sauvetage d’un serval illégalement détenu par un particulier à Calais. L’animal se morfondait dans une niche de chien en guise de seul abri.

©TongaTerred'Accueil

Face au manque de place, quelques servals sont transférés dans des réserves animalières. Tonga Terre d’accueil s’est rapproché du SanWild Sanctuary en Afrique du Sud, afin d’y transférer les servals issus du trafic en France avant l’été 2024. « Les servals seront placés dans un enclos déjà existant et pourront être réhabilités à la vie sauvage », explique Tonga Terre d’Accueil.

L’Union Européenne contre le trafic d’espèces sauvages

Pendant ce temps, l’Union européenne continue sa lutte contre le commerce illégal d’espèces sauvages, qui constitue le quatrième trafic mondial. « Parmi les axes prioritaires, le plan d’action continue d’explorer les motivations de ce trafic, afin d’intervenir plus efficacement et changer les comportements », détaille M. Crnojevic. Les stratégies étudiées par l’Europe tournent aussi autour d’une meilleure application de la loi, « tout en travaillant avec les plateformes numériques, à qui IFAW demande de renforcer leur politique », ajoute la chargée de campagne.

De son côté, le ministère de la Transition écologique rappelle que la détention d’espèces protégées ou menacées peut être sanctionnée de trois ans d’emprisonnement et de 150 000€ d’amende.