Le gouvernement persiste et signe en ouvrant la voie à l'effarouchement de l'ours dans les Pyrénées.../©Adobe Stock-Roel
Le gouvernement a donné le feu vert à des mesures d'effarouchement de l'ours dans les Pyrénées (5/5/2023). Les préfets peuvent désormais, à certaines conditions, donner leur aval à cette initiative, d'effrayer pour faire fuir, en cas d’attaques du plantigrade sur des moutons. La Fondation 30 Millions d’Amis rappelle que cette mesure est dangereuse et inefficace.
Le gouvernement persiste et signe… Désavoué par la justice à plusieurs reprises, il vient d’ouvrir la voie à des mesures d'effarouchement de l'ours dans les Pyrénées en cas d’attaques sur des troupeaux (5/5/2023).
L'Office français de la biodiversité (OFB) a pour sa part dénombré 331 attaques d'ours sur le cheptel dans ce massif montagneux en 2022, contre 333 l'année précédente.
Différents arrêtés préfectoraux, légalisant l'effarouchement et souhaités par les éleveurs, ont pourtant été cassés par la justice administrative, l'ours étant une espèce protégée. Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau avait promis mi-avril de nouveaux arrêtés sur le sujet - chose faite avec le texte publié vendredi au journal officiel.
Ce dernier permet aux préfets de département d'autoriser des « mesures d'effarouchement visant la protection des troupeaux domestiques pour prévenir les dommages par déprédation ».
Sont possibles des mesures d'effarouchement simple à l'aide de moyens lumineux (torches, phares, guirlandes lumineuses) et sonores (cloches, sifflets, pétards, sirènes); ainsi que des mesures renforcées avec des tirs sonores non létaux. Cette deuxième option n'est possible que si les mesures simples n'ont pas eu d’effet. Des attaques doivent justifier les demandes d'autorisation d'effarouchement, qui sont « possibles à condition qu'il n'existe pas d'autre solution satisfaisante », estime le gouvernement.
« Il n'y a lieu d'autoriser le recours à l'effarouchement que lorsque les mesures de protection des troupeaux, bien qu'effectives et proportionnées, s'avèrent insuffisamment efficaces » et que « le troupeau concerné a déjà subi des dommages », précise le gouvernement.
« Dans le coeur du parc national des Pyrénées, aucune mesure d'effarouchement renforcé ne peut être autorisée » et tout effarouchement simple nécessite l'autorisation du directeur du parc, précise l'arrêté. « Les mesures d'effarouchement renforcé mises en oeuvre depuis 2019 dans les Pyrénées ont permis, lors des contacts, la mise en fuite des ours et l'échec de leur tentative d'approche du troupeau », juge également le gouvernement dans le texte.
« C’était prévisible, on l’attendait, l’Etat persiste et signe dans une action illégale alors qu’il y a d’autres solutions possibles, insiste Patrick Leyrissoux, vice-président de l’association Ferus, Il ya des solutions de protection des troupeaux qui sont subventionnés par l'État, des chiens de protection, des parcs électrifiés mais aussi des bergers d’appuis ».
Patrick Leyrissoux ajoute que : « si malgré la mise en place de ces moyens, il y a toujours des dommages, il y a la mise en place des bergers d’appuis par la pastorale pyrénéenne. Subventionnés par l’Etat, les bergers d’appuis aident et renforcent le gardiennage nocturne notamment ».
La Fondation 30 Millions d’Amis souligne que l’efficacité de ce procédé n’a jamais été prouvée d’autant plus qu’il fragilise les efforts de conservation de l’ours brun. Des mesures vers une vraie cohabitation doivent être privilégiées…
En 2022, l'OFB a recensé 76 ours dans les Pyrénées, chiffre en hausse par rapport à 2021 (74) et 2020 (64).
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