Attraper un insecte et l’appliquer sur la blessure d’un congénère : ce comportement – jamais décrit auparavant – aurait été observé par des chercheurs chez plusieurs chimpanzés en liberté dans le parc national de Loango au Gabon (Afrique de l’Ouest). Mais pour Sabrina Krief, primatologue au Muséum national d’Histoire naturelle à Paris et interrogée par 30millionsdamis.fr, cette découverte demande toutefois à être validée.
Nos proches cousins n’ont pas fini de nous surprendre ! Au sein du « Projet Chimpanzés d'Ozouga », visant à suivre une population de chimpanzés en liberté dans le parc national de Loango au Gabon, une bénévole a été témoin, en novembre 2019, d’un geste étonnant. Alors que Suzee, une femelle, inspectait une blessure sur le pied de son fils adolescent, la jeune femme a vu la mère attraper un insecte volant, puis le mettre dans sa bouche, et enfin l'appliquer sur la plaie de son petit. Intrigués, la bénévole et ses collègues ont suivi pendant une quinzaine de mois les primates afin de vérifier si ce comportement se manifestait de nouveau. Résultat : à une vingtaine de reprises, des chimpanzés auraient attrapé des insectes, les appliquant non seulement sur leurs propres blessures mais aussi – par 3 occasions – sur celles de leurs congénères (Current Biology, 7/2/2022). Un geste toutefois bref, et par conséquent difficile à analyser (voir vidéo ci-dessous).
Cette découverte, si elle venait à être confirmée, s’inscrirait dans le domaine fascinant de la « zoopharmacognosie », c’est à dire l’utilisation, par des animaux, de substances naturelles à propriétés médicinales pour se soigner, par exemple lorsqu’ils sont victimes de parasites. « Il s'agit d'étudier les comportements d'ingestion ou d'utilisation en usage externe (sur la peau, NDLR) de ce type de substances par des chimpanzés malades (ou) blessés, explique Sabrina Krief, primatologue au Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) à Paris, jointe par 30millionsdamis.fr. L'activité de la partie de plante consommée doit être en lien avec les symptômes, et idéalement il faut pouvoir suivre l'individu et constater sa guérison dans un délai et avec une "posologie" (dosage et fréquence de prise du "médicament", NDLR) compatibles. »
Si les chimpanzés sont connus pour se soigner avec des plantes, jamais un individu n’avait jusqu’ici été vu en train de soigner un autre congénère, qui plus est à l’aide d’un insecte. Une surprise pour les primatologues ? « En effet, on parle en général d'automédication. Mais ici les étapes décrites précédemment ne sont pas validées (…), à savoir, on ne connaît pas l'insecte utilisé et donc encore moins l'activité biologique qu'il pourrait avoir, (et) il n'y a pas d'observation permettant de confirmer que l'insecte appliqué a permis la guérison. On n'a pas non plus de confirmation qu'il s'agit toujours de la même espèce d'insecte », nuance toutefois S. Krief. Pour confirmer leurs conclusions, les chercheurs devront « collecter et identifier le ou les insecte(s) » et « en récolter une grande quantité pour déterminer s'ils ont une activité thérapeutique et laquelle », précise la chercheuse du Muséum.
En attendant de mieux comprendre ce comportement inédit observé chez nos proches cousins, les travaux de Sabrina Krief sur la zoopharmacognosie fournissent d’ores et déjà des pistes passionnantes sur l’intelligence des grands singes. « Mes observations tendent à montrer que l'usage de substances naturelles à propriétés thérapeutiques sont des pratiques acquises en partie par apprentissage individuel et également social, affirme la primatologue. Elles sont souvent propres à un groupe social et se transmettent entre individus, elles ne sont pas universelles chez les chimpanzés. Ce sont donc des comportements culturels. »
L’usage de substances naturelles à propriétés thérapeutiques est un comportement culturel.
Sabrina Krief, Muséum national d’Histoire naturelle
Les recherches consacrées à l’usage de substances « médicinales » par les chimpanzés pourraient par ailleurs contribuer à renforcer la protection de ces animaux, victimes du braconnage ainsi que de la déforestation et classés « en danger d’extinction » sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). « Il est intéressant d'approfondir ce travail car il permet de montrer des aspects culturels encore méconnus, mais également le lien fort entre biodiversité animale et végétale et santé de nos plus proches parents, souligne l’auteure de « Chimpanzés, mes frères de la forêt », aux éditions Actes Sud. Les observer peut faire progresser notre connaissance des substances naturelles pour la médecine humaine. » Tant pour la préservation des grands singes – et de leur habitat – que pour notre propre santé, il nous revient désormais d’agir !
chatmama 23/02/2022 à 15:16:29
Ce qui est certain c'est que beaucoup d'espèces différentes de mamifères (grand singes, éléphants, dauphins, orques) ont de l'empathie pour leurs congénères. Beaucoup d'animaux sont sentients (intelligence animale), connscients d'eux-même : un éléphant un chimpanzé, un dauphin se reconnait dans un miroirgénère. Une pieuvre, in corvidé, peut résoudre un problème complexe; Un rat ne va pas faire souffrir son congénère quand il as compris que lorsqu'il prend une croquette cela déclenchee l'électrocution de son congénère qui crie de douleur. Prouver scientifiquement.
AnneV 12/02/2022 à 18:43:27
Il est évident qu'ils nous dépassent dans beaucoup de domaines ! Mais bon ! J'ai regardé des émissions où les humains réparaient les erreurs....humaines et ils font des miracles ! Dommage que les Bolsonaro an Co continuent leurs sacages. Quant à la France ...............!