Les chasseurs du Pas-de-Calais pourront déroger au confinement pour aller chasser les sangliers et 9 autres espèces animales. ©fra298 /Flickr
(Avec AFP) - La préfecture du Pas-de-Calais a autorisé la chasse de dix espèces « susceptibles d'occasionner des dégâts » notamment de terres agricoles, une dérogation au confinement réclamée par les chasseurs et les agriculteurs. La Fondation 30 Millions d'Amis dénonce une décision abusive basée sur l'argument de la « régulation », au combien contestable.
Tendez la main aux chasseurs... et ils vous prennent le bras ! Dans un communiqué (5/11/2020), la préfecture indique que la "régulation" du sanglier, du chevreuil, du daim, du cerf Sika et de six espèces dites nuisibles (pigeon ramier, renard roux, corbeau freux, corneille noire, pie bavarde et rat musqué) est autorisée.
Ces espèces chassables seraient "susceptibles d'occasionner des dégâts, notamment aux productions agricoles et/ou forestières", explique la préfecture, précisant néanmoins que le maintien de cette "activité d'intérêt général" devrait se faire "dans le respect des règles sanitaires".
Cet arrêté fait suite à la demande mercredi 4 novembre exprimée par la FDSEA du Pas-de-Calais d'autoriser la chasse de 14 espèces dans le département, dont quatre non retenues par la préfecture : lapin de garenne, lièvre, faisan et étourneau sansonnet.
La secrétaire d'Etat à la Biodiversité Bérangère Abba avait affirmé dimanche et lundi que les dérogations au confinement accordées aux chasseurs pour permettre la régulation de certaines espèces seraient limitées "au strict minimum", évoquant les sangliers et les cervidés.
Le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) Willy Schraen avait cependant ensuite indiqué à l'AFP que ces dérogations pourraient concerner "6 ou 7 espèces", ajoutant notamment les lapins, lièvres, faisans et pigeons. Ce à quoi, interrogée sur cette hypothèse lundi lors d'une conférence de presse, Mme Abba a simplement répondu "non".
Dans la lettre envoyée par le ministère aux préfets, il est toutefois précisé que ces derniers pourront autoriser des prélèvements de sangliers et de cervidés, mais aussi "exceptionnellement" d'autres espèces chassables qui pourraient provoquer des dégâts. Il s'agit de "répondre localement à l'impératif de couvrir un maximum de dégâts économiques", a expliqué jeudi le ministère à l'AFP.
Le porte-parole de La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), Yves Vérilhac, s'étonne "du zèle de l'administration qui veut autoriser la chasse le plus vite possible" et met en garde contre "l'irresponsabilité de certains responsables cynégétiques qui veulent contourner l'arrêté ministériel".
Face à l'excuse – maintes fois resservie – de la "régulation" pour éviter de potentiels "dégâts", la Fondation 30 Millions d'Amis tient à rappeller que des dizaines de milliers de sangliers sont élevés et relâchés dans notre pays pour être tirés, ce à quoi s’ajoute l’agrainage, cette technique utilisée par les chasseurs pour nourrir les sangliers et en multiplier les effectifs de façon à entretenir un stock d’animaux à tuer. Cessons l'hypocrisie !
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