Il y a un mystère animal dont le moindre mérite n'est pas de résister à la pensée : s'agissant de la question animale, le propos des philosophes - et même des plus grands - est en général affligeant. Devant la bête silencieuse, profonde, énigmatique, le discours philosophique ou scientifique, enlisé dans l'humain, se mord la queue : on croit parler de l'animal et c'est encore et toujours de l'homme qu'il s'agit. Chassez l'humain, il revient au galop... Donner, à la suite de Georges Bataille et d'Élisabeth de Fontenay, une dignité ontologique à l'animal, dissiper le mépris dans lequel il est tenu au nom de l'intelligence, dissiper la honte des origines, dénoncer la bêtise des opinions communes engraissées à la Raison, telle est l'ambition de cet essai qui combine la réflexion philosophique, l'anecdote et le récit métaphorique, pour tenter de rompre le douloureux « silence des bêtes ».