A Villarreal, la tradition du "toro embolado" est encore bien implantée au grand dam des animaux./©Capture d'écran AnimaNaturalis
Les images montrant des dizaines de personnes harceler et mettre le feu aux cornes d’un taureau immobilisé lors d’un spectacle cruel à Villarreal, près de Valence, créent l’émoi en Espagne. Outre le non-respect des règles sanitaires, c’est la cruauté de cette tradition qui est dénoncée. 30millionsdamis.fr a recueilli la réaction de l’association qui a filmé la scène.
Rédaction
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Note : 0Des dizaines de personnes encerclant un taureau attaché et pris au piège, le harcelant et lui enflammant les boules piquées sur ses cornes… Les images de l’association espagnole AnimaNaturalis sont d’une violence rare, mais elles reflètent le terrible sort réservé à ces animaux lors de festivals dénués d’humanité.
« C’est terrible de voir comment ces hommes immobilisent de force cet animal, enrage Aïda Gascón, directrice de l’association de protection animale AnimaNaturalis, jointe par 30millionsdamis.fr. On entend le taureau hurler par angoisse. Il essaie de repousser ces personnes qui lui montent dessus. C’est son unique forme de défense car il est attaché à un poteau en bois. On se sent très impuissant quand on assiste à cela. »
Les images ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux et dans la presse ibérique, provoquant l’ire générale. « Il nous semble essentiel de montrer ces images, soutient Aïda Gascón. Il faut prendre tout le monde en témoin. Montrer aux citoyens espagnols et européens que ce type de tortures existe encore chez nous. »
On entend le taureau hurler…
A. Gascón - AnimaNaturalis
Et pour cause, le « Toro embolado », consistant à allumer des boules de feu sur les cornes d’un taureau, est malheureusement une pratique répandue de plusieurs petites villes espagnoles. Près de 2500 taureaux seraient ainsi traités chaque année avec la complicité des municipalités et des communautés autonomes. La majorité le sont dans la communauté de Valence. Le taureau engagé dans ce spectacle malsain est ainsi régulièrement victime de blessures, brûlures et dégâts psychologiques pouvant conduire à la mort. Une mort dans tous les cas inévitable puisqu’il termine à l’abattoir à l’issue du « show ».
Cette célébration crée d’autant plus la polémique dans le contexte sanitaire actuel, où l’Espagne lutte contre la propagation de la COVID-19. Car si l’édile de Villarreal, José Benlloch a défendu la tradition comme une forme « de soutien à l’économie ». Pour Aïda Gascón la maintenir « est incompréhensible », car « au-delà des caractéristiques cruelles de ce spectacle, il est impossible de respecter les mesures de distanciation sociale ». « Nous avons déjà demandé aux autorités d’annuler les prochains événements de ce type déjà programmés », assure la militante pour la cause animale. En Espagne, la corrida vit une période critique alors que la plupart de ces spectacles sont annulés et que le gouvernement refuse, pour l’heure, d’accorder une aide financière.
La Fondation 30 Millions d’Amis s’insurge contre de telles ignominies perpétrées au nom de la ‘’tradition’’ et apporte son soutien aux associations de protection animale outre-Pyrénées pour y mettre un terme. 30millionsdamis.fr avait déjà enquêté sur ces multiples horreurs infligées aux animaux. (9/8/2019)
En France, si le gouvernement reste toujours silencieux autour d’une éventuelle législation pour interdire la corrida, quelques municipalités se mobilisent. Ce fût récemment le cas de la ville de Vergeze (30) qui a décidé d’en finir avec la tauromachie faute de finances suffisantes et pour des raisons de sécurité.
Dans une enquête, 30millionsdamis.fr avait déjà démontré la chute vertigineuse de la corrida dans tous les pays l’autorisant, y compris la France. (14/5/2020)