Plus de 8 poulets sur 10 élevés en France proviennent d'élevages intensifs, tels que ceux approvisionnant les magasins Lidl. ©L214 Éthique & Animaux
Dans des parodies de publicité, les lanceurs d'alerte L214 dénoncent le refus de Lidl de s'engager à améliorer les conditions d'élevage et d'abattage des poulets vendus dans ses magasins et à intégrer une part minimale d'élevage en plein air à ses approvisionnements. Plus de 8 Français sur 10 s'opposent à l'élevage intensif, selon le baromètre Fondation 30 Millions d'Amis / Ifop (2020).
« Ils sont mal, très mal ! Enfin... Pas autant que leurs poulets ». Pour dénoncer l'approvisionnement de Lidl en volailles de chair issues d'élevages intensifs, l'association L214 lance une campagne parodiant plusieurs publicités du distributeur (21/07/2020), comme celle où l'on voit un employé qui avertit son patron au téléphone des conditions déplorables subies par les animaux chez leur fournisseur (parodie de la publicité « Allô patron » - voir vidéo ci dessous). D'autres séquences parodiques brocardent les crochets d'abattoir sur lesquels les volailles sont suspendues avant d'être abattues, ou encore les mangeoires utilisées pour les engraisser en un temps record de 35 jours, ou enfin les ventilateurs des hangars d'élevage à peine suffisants pour permettre aux bêtes de respirer... Révélateur selon L214 de la triste réalité cachée derrière les « prix bas » dont se prévaut l'enseigne.
Dans cette parodie de publicité, un employé avertit son patron au téléphone des conditions déplorables subies par les animaux. ©L214
Parmi les quelque 800 millions de poulets élevés et abattus chaque année pour leur chair en France, 83 % proviennent d'élevages standards – tels que ceux fournissant les magasins Lidl – autorisant une densité de 20 volailles par m2. Entassés par dizaines de milliers dans des bâtiments sans accès à l'extérieur, les poulets ne peuvent ni se percher ni étendre leurs ailes, des besoins pourtant élémentaires. Les oiseaux se tiennent sur un sol tapissé de litière mêlée de poussière et d'excréments, dégageant des gaz (ammoniac et CO2) qui brûlent leur peau et leurs pattes. Outre les conditions atroces subies par ces volatiles pendant les 35 jours qui les séparent de l'abattage, les vidéos des lanceurs d'alerte dénoncent la sélection génétique visant à les faire grossir plus vite, au mépris de leur santé.
À ce jour, il est évident que la souffrance des animaux n'est pas un sujet prioritaire pour Lidl.
Association L214
Diffusées sur internet, ces vidéos parodiques s'inscrivent dans le cadre d'une campagne prévoyant également des actions de rue ainsi que des affichages devant des magasins Lidl à Lille, Lyon, Bordeaux, Marseille, Nancy et dans une vingtaine d'autres grandes villes de France. « De nombreuses entreprises de la grande distribution telles que Carrefour, Intermarché, Netto, Cora, Système U ou encore Auchan sont aujourd'hui engagées sans équivoque à éradiquer les pires pratiques d'élevage et d'abattage des poulets, rappelle Brigitte Gothière, co-fondatrice de L214. Il est inacceptable que Lidl, qui tente de changer de positionnement et d'image auprès du public en jouant sur la qualité, n'en fasse pas partie. »
Probablement avertie du lancement à venir de cette campagne la concernant, l'enseigne a fait parvenir aux médias – la semaine précédant son lancement – un communiqué dans lequel elle prétend s'engager en faveur du bien-être des poulets de chair (17/07/2020). Une riposte anticipée, jugée largement insuffisante par l'association de protection animale : « Dans la communication envoyée par Lidl aux médias (...) ne figure aucun engagement à fournir une part minimale de poulet issu d'élevage en plein air. Par ailleurs, prétendant s'engager en faveur du European Chicken Commitment, Lidl désavoue dans le même temps deux mesures phares de cette initiative que sont la baisse des densités d'élevage et l'arrêt de l'utilisation de souches d'animaux à croissance rapide [qualifiant ces deux mesures de « difficilement envisageables, voire inatteignables d'ici 2026 », NDLR]. »
Afin d'obtenir un engagement concret de la part du distributeur, l'association L214 appelle donc les consommateurs à se mobiliser. « À ce jour, il est évident que la souffrance des animaux n'est pas un sujet prioritaire pour Lidl, et nous espérons que le groupe redressera la barre en s'engageant fermement à exclure les pires pratiques d'élevage et d'abattage, et en incluant au minimum 20 % d'approvisionnements en élevages plein air », insistent les lanceurs d'alerte, quelques jours seulement après la publication d'une enquête révélant l'origine brésilienne du poulet utilisé par Domino's Pizza.
Les acteurs industriels doivent réagir de façon unanime et prendre (enfin !) en compte l'intérêt des consommateurs pour le bien-être animal : plus de 8 Français sur 10 s'opposant à l'élevage intensif (Baromètre Fondation 30 Millions d'Amis / Ifop - 2020). Par ailleurs, la Fondation 30 Millions d'Amis se mobilise auprès des instances publiques en soutenant le Référendum d'Initiative Partagée pour les animaux, qui propose notamment d'interdire les cages et de mettre fin à l'élevage intensif.
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