Victimes du jardinage, de la circulation routière et des pesticides, les hérissons amenés en centre de soins font le plein de croquettes pour chats, l'aliment le moins éloigné de leur régime naturel. ©Atoupic
Déjà submergé par un grand nombre de hérissons blessés au début du printemps, le centre de soins Atoupic (18) a dû faire face cette année à une recrudescence de victimes. En cause : les activités de jardinage, dont la pratique s'est accrue pendant le confinement. Débroussailleuses et autres robots-tondeuses ont fait de terribles ravages ! La Fondation 30 Millions d'Amis renouvèle son aide financière au centre pour les mois à venir.
Un nouveau « pic » de victimes ! Si certains animaux ont profité du calme lié au confinement ces dernières semaines, les petits mammifères bardés de piquants, en revanche, n'en ont pas vraiment bénéficié... au contraire. « Nous étions déjà submergés par les animaux sortis en quête de nourriture et de partenaires à la fin de l'hiver, confie Anne Dupuy, responsable du centre de soins Atoupic en région Centre-Val de Loire. Mais depuis le confinement, la situation est devenue catastrophique. » Construisant leurs nids dans des tas de feuilles et de branchages, les hérissons ont fait les frais des nombreux jardiniers qui ont profité d'être assignés à résidence pour "faire le propre" sur leurs plates-bandes.
Vous n'êtes pas tout seul dans votre jardin !
Anne Dupuy, Atoupic
Outre les débroussailleuses aux lames acérées, les hérissons font face à un nouvel ennemi... qui ne leur laisse aucune chance. « Les jardiniers utilisent de plus en plus le robot-tondeuse, certains préférant d'ailleurs le lancer de nuit, au moment même où les hérissons sortent chercher de quoi manger », explique Anne Dupuy. Si la plupart des victimes meurent sur le coup, les rares survivants – atrocement mutilés – n'auront guère de chance de guérir de leurs blessures, surtout s'ils ne sont découverts qu'au petit matin. « Il faut que les gens prennent conscience de la fragilité de la petite faune sauvage, martèle la responsable d'Atoupic. Vous n'êtes pas tout seul dans votre jardin ! »
A l'instar des outils de jardinage, de simples "détails" – à priori insignifiants – peuvent également se transformer en pièges mortels pour les hérissons. Ainsi, un regard [trou de canalisation] sans grille constitue un risque de chute fatale ; de même qu'une piscine dépourvue d'abri, propice à la noyade ; ou encore, une clôture électrique posée trop près du sol, causant un danger d'électrocution. Les filets de protection pour les potagers et les pièges à fouines peuvent aussi nuire à ces fragiles mammifères... de même qu'une rencontre avec un chien trop curieux ! Pris dans la gueule d'un canidé, le hérisson doit impérativement être amené auprès d'un centre de soins spécialisé dans la faune sauvage, et ce, même s'il ne semble pas blessé : « Les plaies peuvent être très petites, voire invisibles à l'œil nu, et risquent malgré tout de s'infecter », précise la responsable du centre.
La protection des hérissons passe donc par des gestes simples, d'autant plus indispensables que l'espèce (Erinaceus europaeus) souffre également de l'impact de la circulation routière – avec 1 à 3 millions de hérissons écrasés chaque année en France (Société française pour l'étude et la protection des mammifères) – et de celui des pesticides, causant non seulement des empoisonnements directs mais aussi la destruction de la plupart des insectes dont ils se nourrissent. Pour leur venir en aide, une cinquantaine de centres de soins agréés se répartissent dans l'hexagone. Déjà fragilisés par le manque de moyens, ces établissements ont subi de plein fouet les restrictions de déplacements, privés de la plupart de leurs bénévoles pendant plusieurs semaines. C'est pourquoi, la Fondation 30 Millions d'Amis se tient plus que jamais à leurs côtés, renouvelant son soutien financier au centre Atoupic.
« L'aide de la Fondation 30 Millions d'Amis nous permettra avant tout de faire face à nos frais de fonctionnement, à la nourriture des hérissons et aux médicaments, explique Anne Dupuy. Nous aimerions aussi mettre en place un suivi par télémétrie, afin de surveiller le devenir des rescapés que nous relâchons dans la nature après les avoir soignés. » Leur avenir est en effet périlleux : en moyenne, seul 1 hérisson sur 10.000 atteint l'âge de 10 ans ! Forte de 11 ans d'expérience auprès des petits mammifères sauvages, la responsable du centre compte bien poursuivre sa mission, essentielle à la survie de nos amis épineux.
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