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Chasse : Le cruel déterrage des blaireaux reprend !

Craintifs et nocturnes, les blaireaux sont victimes de la chasse par déterrage, source de stress et de souffrances extrêmes. ©Vincent van Zalinge /unsplash

Le déterrage des blaireaux redémarre à compter de vendredi 15 mai 2020 dans plus de 70 départements de France métropolitaine. Avant même l'ouverture générale de la chasse au mois de septembre, cette période complémentaire permet aux déterreurs de traquer dès à présent les mustélidés, acculés au fond de leurs terriers d'où ils sont brutalement tirés à l'aide de pinces métalliques. La Fondation 30 Millions d'Amis déplore l'appui de la ministre de l'Écologie Élisabeth Borne à cette pratique intolérable.

Le répit des animaux sauvages pendant le confinement aura décidément été de très courte durée ! Alors que les rassemblements de plus de 10 personnes ainsi que les sports collectifs en extérieur sont toujours interdits pour limiter la propagation du Covid-19, la chasse, elle, va pouvoir reprendre sur la plus grande partie du territoire français. En effet, des périodes complémentaires de chasse s'ouvrent dès à présent afin de procéder au déterrage des blaireaux. « Ces décisions sont d'autant plus incompréhensibles que la vénerie sous terre est un acte de chasse non seulement cruel et inutile, mais qui est un loisir pour ceux qui la pratiquent, s'indigne Frédéric Daniel, responsable du dossier chasse et blaireaux pour l'association AVES France, contacté par 30millionsdamis.fr. Le risque sanitaire lié au Covid-19 semble donc peser bien peu face aux intérêts cynégétiques. »

Des chasseurs « trop occupés » à partir de septembre

 

Les périodes complémentaires sont une ruse des chasseurs pour prolonger le déterrage du blaireau, non "nuisible".
Richard Holding, Aspas

Pourquoi les autoproclamés « premiers écologistes de France » se précipitent-ils en toute hâte sur la piste des mustélidés, au mépris du risque sanitaire ? « La vénerie sous terre du blaireau est globalement moins pratiquée durant la période dite "normale", c'est-à-dire du 15 septembre au 15 janvier, tout simplement parce que les déterreurs – qui sont généralement aussi chasseurs à tir – sont occupés par les autres chasses », explique Frédéric Daniel, rappelant que 89 espèces au total sont chassables en France. « Contrairement au renard qui, de par son statut est persécuté à longueur d'année, le blaireau n'est pas classé "nuisible", complète Richard Holding, chargé de communication de l'Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas). Les chasseurs ont donc trouvé la ruse des périodes complémentaires pour pouvoir le chasser plus longtemps, en prétextant des dégâts sur les cultures ».

Les blaireaux sont en effet accusés d'être à l'origine de dommages d'ordre agricole... Des allégations contestables. « Le régime alimentaire [du blaireau] est connu depuis plusieurs décennies par des études montrant que la consommation de cultures agricoles est marginale dans son alimentation », précise la Société française pour l'étude et la protection des mammifères (SFEPM). La plupart des dégâts attribués aux mustélidés seraient, en réalité, causés par des sangliers... eux-mêmes élevés puis relâchés pour la chasse ! Bien au contraire, la présence de ce mammifère omnivore s'avèrerait même bénéfique, évitant la prolifération des larves de hannetons, des nids de guêpes, des limaces ou encore des campagnols dans les champs.

Les petits se retrouvent pris au piège avec leur mère

 

Les préfectures sont soumises aux volontés des chasseurs.
Frédéric Daniel, AVES France

Si ces prétendus dégâts agricoles sont évoqués pour justifier la prolongation des périodes de déterrage du blaireau, l'aspect "ludique" de cette pratique barbare en serait néanmoins la raison principale. « Les arguments avancés pour justifier la chasse du blaireau dans [...] les arrêtés préfectoraux des différents départements sont exclusivement orientés d'un point de vue cynégétique, constate Frédéric Daniel. C'est donc une réalité d'affirmer que les préfectures et les DDT [directions départementales des territoires, NDLR] sont soumises aux volontés des chasseurs. » Dans les départements concernés, l'association AVES France n'exclut pas la possibilité de formuler des recours contre la prolongation de la chasse aux blaireaux dès le 15 mai, s'appuyant notamment sur l'article L-424.10 du Code l'environnement selon lequel « il est interdit de détruire, d'enlever, de vendre [...] les portées ou petits de tous mammifères dont la chasse est autorisée ».

« Bien que la majorité des jeunes soient effectivement sevrés à cette époque de l'année (ils ne tètent plus leur mère), des études scientifiques ont démontré qu'ils n'en demeurent pas moins dépendants de leur mère jusqu'à fin juillet début août », explique Frédéric Daniel. Ainsi, des blaireautins se retrouvent pris au piège aux côtés de leur famille, acculés au fond de leur terrier d'où ils sont ensuite brutalement extraits. « Un autre grief peut également être avancé en regard du statut juridique du blaireau, poursuit le responsable du dossier chez AVES France. Cette espèce est classée en Annexe III de la Convention de Berne. La France a donc l'obligation de maintenir ses effectifs dans un état de conservation favorable. » Or, rien que pour le département de la Saône-et-Loire, la note de présentation du projet d'arrêté mentionnait plus de 700 individus prélevés par an, en moyenne, ces 15 dernières années ! Un rythme de destruction effréné, difficilement conciliable avec la préservation de l'espèce.

Le Bas-Rhin, un exemple pour la protection des blaireaux

 

Certains préfets prennent désormais en considération les avis formulés par les citoyens.
Frédéric Daniel, AVES France

Tandis que l'Angleterre a récemment annoncé la fin progressive de l'abattage des blaireaux, la France reste le seul pays d'Europe de l'Ouest, avec l'Allemagne, à considérer le blaireau comme une espèce chassable. Nonobstant, plusieurs départements français ont choisi la voie de sa préservation, à l'instar du Bas-Rhin, où le mustélidé est protégé depuis 2004. Une décision qui n'a d'ailleurs pas conduit – comme certains chasseurs le prédisaient – à une explosion des effectifs, selon le Groupe d'étude et de protection des mammifères d'Alsace (GEPMA) qui répertorie les terriers depuis une vingtaine d'années. « [Les suivis ont montré] qu'il ne proliférait pas, souligne Aurélie Bisch, chargée de mission au GEPMA, interrogée par France 3 Grand Est. C'est une espèce qui se régule très bien ! »

Plusieurs consultations publiques – rassemblées par AVES France sur une page dédiée – sont actuellement en cours pour fixer la période complémentaire de déterrage des blaireaux pour l'année 2021. « Si la collusion entre les fédérations de chasse et les établissements administratifs est plus que jamais visible aux yeux de tous, certains préfets prennent désormais en considération les avis formulés par les citoyens, ce qui se traduit de plus en plus souvent par une réduction ou une interdiction de ces périodes complémentaires », conclut Frédéric Daniel avec une note d'optimisme. Si la participation du public reste cruciale pour protéger les mustélidés au moment de l'année où les petits sont encore dépendants de leur mère, la Fondation 30 Millions d'Amis exhorte la ministre de l'Écologie Élisabeth Borne à légiférer au niveau national pour interdire définitivement cette pratique intolérable.