Pour le Râle de Guam, déclaré « Eteint en milieu naturel » au siècle dernier, tout semblait perdu. Incapable de voler, ce bel oiseau endémique de l’île du Pacifique dont il porte le nom fut décimé par le serpent Boiga irregularis, introduit accidentellement sur le territoire à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un patient programme de reproduction en captivité a, depuis, permis de réintroduire le volatile sur l’île voisine de Cocos. Une situation qui reste toutefois fragile, l’espèce étant désormais classée « En danger critique d’extinction », compte-tenu d’un effectif faible. C’est également la conservation « ex-situ » (en captivité) qui a permis de sauver la Perruche de Maurice, passée de la catégorie « En danger » à « Vulnérable », avec 750 individus aujourd’hui présents dans la nature.
Les efforts de conservation concernent également les milieux aquatiques. Parmi les poissons d’eau douce d’Australie, dont 37 % sont menacés d’extinction à cause du changement climatique et de la dégradation de l’habitat, deux espèces montrent à présent de nets signes de rétablissement : Maccullochella macquariensis et Galaxias pedderensis, respectivement passées de « En danger » à « Vulnérable » et de « En danger critique d'extinction » à « En danger », grâce à des transferts d’individus visant à reconstituer des populations viables en milieu naturel.
« La nature se rétablira si on lui laisse une petite chance »
Ces exemples positifs sont à relativiser par rapport à la situation globale : la nouvelle « Liste Rouge » comptent désormais 30.178 espèces menacées… soit 1.840 espèces supplémentaires par rapport à la mise à jour précédente (juillet 2019). Ainsi, le Requin nourrice à queue courte a subi un déclin sévère dans l’océan Indien : -80 % en 30 ans ! Pris dans les filets de la pêche industrielle, sa survie dépend étroitement de la santé des récifs… eux-mêmes fragilisés par les évènements climatiques extrêmes. Appelés à se multiplier et à s’intensifier, les ouragans menacent aussi l’Amazone impériale, oiseau endémique de l’île de la Dominique (Antilles) qui rejoint les espèces « En danger critique d'extinction ».
« Cette mise à jour de la Liste rouge de l'UICN offre une lueur d'espoir au milieu de la crise de la biodiversité, affirme néanmoins le Dr Grethel Aguilar, Directeur général par intérim de l'UICN. Bien que nous ayons assisté à un véritable déclin de 73 espèces, les histoires de ces 10 améliorations prouvent que la nature se rétablira si on lui laisse une petite chance. Le changement climatique s’ajoute aux multiples menaces auxquelles les espèces sont confrontées, et nous devons agir de manière urgente et décisive pour freiner la crise. ». Le prochain Congrès mondial de la nature, prévu à Kunming en Chine en octobre 2020, sera l’occasion pour les gouvernements de s’accorder sur les prochaines mesures de protection à mettre en œuvre pour enrayer le déclin de la biodiversité.
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