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Débat

Polémique autour de la captivité d’un ours polaire au Marineland d’Antibes

Les ours polaires peuvent changer de comportement lorsqu'ils sont en captivité, parfois dans des proportions inquiétantes / ©Andreas Ahrens - Flickr

Les images de Raspoutine en train de baver et de faire les cent pas dans son enclos au Marineland (06) provoque l’indignation. Une colère partagée par Rémy Marion et Nicolas Dubreuil, spécialistes des ours polaires. Le décryptage de 30millionsdamis.fr.

« Un ours polaire n’a rien à faire en captivité ! » Alors qu’une vidéo de l’association C’est Assez ! montrant l’ours Raspoutine en train de baver au sein du Marineland d’Antibes (Alpes-Maritimes) provoque la colère sur les réseaux sociaux, le débat autour de la présence de l’animal loin de sa banquise naturelle fait rage. Face à l’ampleur de la polémique, le parc azuréen du Marineland d’Antibes - qui n’en est pas à sa première controverse - affirme que le comportement du plantigrade représente « des signes de rut des mâles lorsqu’ils sont en saison de reproduction et en présence d’une femelle en chaleur » ; avant d’ajouter que sa mission « est de conserver et de protéger les espèces menacées... et non l’inverse. »

Les images de Raspoutine ont choqué les visiteurs du Marineland d'Antibes et les internautes.

« Un ours n’a rien à faire à Antibes »

Des arguments que Rémy Marion, éminent spécialiste de l’animal et auteur de plusieurs ouvrages, dont Géopolitique de l’ours polaire (Edition Hesse, 2015), réfute. « Pour moi, ce n’est plus un ours polaire, tranche le chercheur. Quand ils sont en captivité, ils deviennent névrotiques. De dire que c’est pour protéger l’espèce face au réchauffement climatique est un argument fallacieux. S’il naît en captivité, il n’aura plus aucun contact avec son milieu naturel. Un ours n’a rien à faire à Antibes ! » Un milieu artificiel non adapté à son espèce : « Quand il fait chaud, dans la nature il peut se glisser dans l’eau glacée ou dans une tanière creusée dans le permafrost » rapporte-t-il. Rien de tout cela n’est évidemment possible sur la Côte d’Azur... 

Un point de vue partagé par le spécialiste Nicolas Dubreuil qui a observé plus de 300 ours polaires en liberté : « C’est vraiment une hérésie d’avoir des ours polaires en captivité, qui plus est dans nos régions, lâche-t-il. Il est important de comprendre qu’en captivité, les animaux peuvent changer de comportement. »

« Un état de frustration extrême »

La bave qui écume de la gueule de l’ours polaire peut être une conséquence de la chaleur, de la nourriture ou effectivement un signe qu’il est en rut ; même si la période des amours tombe davantage au début du printemps qu’à l’amorce de l’été. Si tel devait toutefois être le cas pour Raspoutine à Antibes, son comportement n’en est pas moins inquiétant. « Le fait que la femelle Flocke ne puisse pas s’enfuir ou éviter le mâle en rut peut amener un stress immense aux deux animaux, explique Rémy Marion. Dans leur milieu naturel, la femelle peut décourager un mâle si elle est indisposée et se déplacer sur la banquise. Le mâle et la femelle ont besoin de se jauger. Il doit y avoir comme un jeu de séduction. En captivité, ils se trouvent dans un état de frustration extrême, et peu importe l’espace que le parc met à leur disposition. »

L’ours polaire, une manne pour les zoos

Si l’animal est tant prisé par les parcs zoologiques, c’est qu’il représente un véritable intérêt économique. Celui à en avoir fait les frais, c’est l’ours Knut, utilisé par le zoo de Berlin comme attraction commerciale... jusqu’à sa mort à 4 ans sous les yeux des visiteurs, en 2011. La manne des produits dérivés à son effigie ont rapidement donné envie à d’autres zoos de suivre cette voie. Dans son texte Pour que l’ours polaire ne soit plus la vache à lait des zoos, paru sur Le Huffington Post en 2015, Rémy Marion rappelle que « les femelles ne retrouvent leurs jeunes qu’à l’âge de 3 mois. Lorsque les oursons sont exposés au grand jour, c’est un déferlement médiatique, au point que de grands médias nationaux se font l’écho d’un événement purement commercial, comme pour l’arrivée d’un nouveau produit sur le marché. Quand l’ours a grandi, il est échangé ou vendu à une autre structure qui cherche à développer son activité ou renforcer son attractivité. »

Selon les derniers chiffres de 2017, la population mondiale de l’ours se situe entre « 25 000 et 27 000 individus », d'après Rémy Marion. Ils sont « 306 » à être exposés dans les parcs animaliers dans le monde comme Raspoutine et Flocke. La pétition de C'est Assez ! pour transférer en Suède les ours polaires maintenus en captivité est en ligne et a déjà obtenu plus de 66 000 signatures.