Une « immersion exceptionnelle » au cœur du parc Marineland : c’est la promesse de la chaîne D8 à l’occasion de la diffusion d’un documentaire diffusé en prime-time. La Fondation 30 Millions d’Amis s'interroge sur ce « publi-reportage » alors que pèsent sur ce type d’établissements des nombreuses contestations.
« Au cœur de Marineland », sera diffusé ce samedi 23 avril à 21h sur la chaîne D8 (groupe Canal Plus). Le programme propose de faire découvrir aux téléspectateurs «
une centaine de soigneurs, vétérinaires et spécialistes du comportement animal [qui] s'occupent d'espèces rares et fascinantes, à l'instar de Katia et ses dauphins, Bruce et une famille d'ours polaire, ou encore Malick, un jeune soigneur qui doit se faire accepter par les otaries ».
Mais ce reportage évoquera-t-il les conditions de détention intolérables des animaux qui y sont captifs ? Le récent
décès de l’orque Valentin ? Les tortues, raies et loups de mer morts après les intempéries d’octobre 2016 ? L’orque Wikie qui se laisse mourir de faim ? Alizé, le dauphin en soins intensifs depuis juillet 2015 ? Pas du tout !!! «
Ce n’est pas un documentaire avec une voix journalistique. L’idée de ce reportage, c’est de montrer un lieu au travers du regard des gens qui y travaillent » se défend Vincent Depouy, de la société de production Banijay.
La maltraitance pour l’obéissance
La Fondation 30 Millions d’Amis s’étonne de cette diffusion et de ce traitement alors même que de nombreuses contestations ne cessent de remettre en cause ce type de parc. D’ailleurs, une plainte pour « maltraitance » et « pollution volontaire » a récemment été déposée par l’organisation Sea Shepherd (27/03/2016) et une enquête préliminaire a été ouverte à la demande de trois associations françaises pour « acte de cruauté ».
Alors que le parc cherche à redorer son image par tous les moyens et assure que sa mission première «
[est] le bien-être et la santé de [ses] animaux », il est évident qu’ils souffrent de leurs conditions de captivité mais aussi de maltraitance. Récemment, un ancien soigneur du parc révélait dans l’émission 66 Minutes sur M6 avoir eu recours, malgré lui, à des actes de maltraitance pour faire obéir les animaux pendant les spectacles (10/04/2016).
Ils sont maintenus à une sous-alimentation pour des fins de divertissement. Christine Grandjean, "C’est Assez".
Des conditions de vie terribles
Quant aux conditions de vie des orques, dauphins et autres otaries, elles ont été révélées en partie par le documentaire « Blackfish »*. Il montre combien elles sont incompatibles avec les besoins élémentaires de ces animaux. En effet, la plupart parcourent jusqu’à 160 km par jour à l’état sauvage mais sont confinés dans des bassins bien trop petits dans les parcs. A titre d’exemple, le bassin le plus grand à Marineland fait 61 mètres de long…
Ces cétacés sont aussi victimes de troubles du comportement. Ils ont coûté la vie à plusieurs bébés dauphins à l’été 2015, victimes de disputes entre congénères. Quant à leur état de santé global, il n’est guère réjouissant : « ils sont maintenus à une sous-alimentation pour des fins de divertissement, malades à cause de l’eau chlorée qui attaque leurs poumons et le soleil qui brûle leur peau… » détaille Christine Grandjean, du collectif « C’est Assez ».
Une contre programmation
Et que dire du bruit assourdissant de la musique des spectacles, des pompes qui filtrent l’eau ou des acclamations des spectateurs ? Tout cela est un calvaire pour leur ouïe, qui est leur sens le plus développé. Conséquence directe : les cétacés en dépression sont traités des années avec des hautes doses d’anxiolytiques et d’antidépresseurs ; les ordonnances de ces cétacés ont été révélées dans des parcs mondiaux. A terme, leur espérance de vie est réduite drastiquement : ils ne survivent qu’une dizaine d’années contre 30 à 40 ans à l’état sauvage.
La Fondation 30 Millions d’Amis ne comprend pas que la chaîne D8 assure une telle publicité à ce un parc qui met à l’agonie des espèces si « rares et fascinantes » – selon les propres termes de la bande-annonce – en lui assurant une telle promotion à une heure de grande écoute, en excluant totalement le point de vue des défenseurs des animaux. Elle s’associe aux différents organismes de protection animale qui réclament la diffusion du documentaire « Blackfish » juste après le documentaire « Au cœur de Marineland », afin d’assurer une contre programmation et un semblant d’objectivité.
* "Blackfish" est un documentaire de Gabriela Cowperthwaite sorti en 2013.
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