Fondation 30 Millions d’Amis : Le loup, l’ours et le requin sont régulièrement sujets à polémiques. Est-ce la raison de votre ouvrage ?
Yves Paccalet : Ce sont les trois
grands prédateurs "français" : oui, la France héberge des ours et des loups, mais aussi des requins dans ses nombreuses îles lointaines ! Je n'oublie pas les autres gros "sauvages", tout aussi indispensables... D'une façon générale, en un temps où tout le monde ne parle que de rentabilité, d'utilité, d’argent et de profit, je ressens l'impérieux besoin de défendre la beauté de la nature, en particulier celle qui émane des
grands animaux. Naguère, l'écologie était non seulement une discipline scientifique, mais la préoccupation de la préservation des
grands milieux et des espèces sauvages qui y vivent. Aujourd'hui, quand elle n'est pas triste "peinture verte", l'écologie se préoccupe d'énergie, d'agriculture, de transports… et bien sûr de politique. Ces domaines de lutte sont intéressants, mais je veux, quant à moi, revenir aux fondamentaux : sans la diversité de la vie, sans le respect des écosystèmes, tous les autres combats sont voués à l'échec.
F30MA : Quel est le point commun à ces trois espèces mal-aimées par une partie de l’opinion publique ?
Y. P. : Les
grands prédateurs sont des mal-aimés parce qu'ils nous gênent. Les loups, les ours, les requins nous posent des problèmes. Ils peuvent dévorer nos moutons, voire, dans le cas des requins, mordre et tuer des humains. Mais ces nuisances, si elles sont dramatiques pour quelques-uns de nos congénères, restent globalement négligeables : en France, les 300 loups du pays tuent (en comptant large) 8 000 brebis par an ; sur un cheptel de 7 millions d'ovins, cela fait à peine 0,08 % de l'effectif total. C'est très embêtant pour les bergers concernés, mais tuer tous les loups ne résoudrait pas le problème de la misère économique des éleveurs... De même, on estime que les requins causent, dans le monde, une moyenne de 10 décès humains par an. Quand on compare ce chiffre à celui des morts annuelles dues aux guerres (600 000), au paludisme (1,5 million), au tabac (6 millions) ou à la pollution atmosphérique (7 millions), on voit que l’'impact est minime. Cependant, une attaque de requin fait les gros titres des journaux du monde entier, alors qu'un mort du tabac n'est même pas évoqué... Il nous reste, dans l'inconscient, cette terreur des prédateurs qui remonte aux temps préhistoriques. Nous devions alors nous protéger contre les carnassiers majeurs... Aujourd'hui, ce n'est évidemment plus le cas.
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