Une border collie a suivi pendant plusieurs années un entraînement qui lui permet aujourd'hui d'identifier 1 022 mots. Du jamais vu dans l'étude de l'intelligence animale. La Fondation 30 Millions d'Amis a essayé de décrypter ce processus d'apprentissage.
Une border collie a suivi pendant plusieurs années un entraînement qui lui permet aujourd’hui d’identifier 1 022 mots. Du jamais vu dans l’étude de l’intelligence animale. La Fondation 30 Millions d’Amis a essayé de décrypter ce processus d’apprentissage.

Une étude sur l’intelligence canine* publiée dans la revue européenne
Behavioural Processes (6/1/2010) rapporte l’expérience menée par Alliston Reid et John Pilley, tous deux professeurs de psychologie au Wofford College en Caroline du Sud (Etats-Unis). Ils ont appris à un border collie plus de mille mots différents. Comment ? En associant à chaque mot un objet à son effigie.
Recueillie à l’âge de deux mois par le couple d’universitaires, Chaser a d’abord été éduquée de manière très classique : socialisation et obéissance. Ses maîtres lui ont ensuite fait suivre des entraînements de chien de troupeau, d’agility et de pistage. «
Nous avons choisi cette race car le border collie est utilisé comme chien de berger depuis des siècles, à la fois pour son sens de l’observation et son obéissance, explique John Pilley.
Et également parce que nous somme partis de l’hypothèse que, grâce à ses capacités, le border collie a pu développer une attention particulière au langage humain. » C’est vers l’âge de 5 mois que les séances de reconnaissance d’objets ont commencé.
Des dispositions hors normes
Les premières expériences ont consisté à prononcer devant Chaser des sons différents, matérialisés par des objets adaptés à la compréhension canine, comme des balles, des morceaux de tissus, des jouets et des peluches. Ces exercices ont rapidement montré que Chaser avait à la fois des dispositions pour comprendre les sons et une mémoire pour reconnaître l’objet associé au mot prononcé. D’ailleurs, si Chaser n’est pas allée au-delà de l’apprentissage d’un millier de mots, c’est en raison des « contraintes de temps » des deux scientifiques, et non parce que la chienne avait montré ses limites !
La seconde étude a mis en évidence que Chaser comprenait que ces mots étaient des objets, et non des ordres. Pour cela, son entraîneur a mélangé de façon aléatoire les noms et les ordres pour que le mot « poulet » ne soit pas interprété comme « aller chercher le jouet à l’effigie du poulet » mais bien intégré comme l’objet en lui-même.
Des capacités équivalentes à un enfant de 3 ans
Enfin, la troisième phase de l’étude a permis de démontrer que Chaser était capable de classer ces objets par fonction ou forme. 116 balles – de couleurs, de tailles et de textures différentes – ont été utilisées pour l’expérience. Chaser a compris que le mot « balle » s’appliquait à différents objets qui avaient un point commun, à savoir la forme d’une balle : «
Cette étude […]
démontre que les chiens, comme les enfants, peuvent développer un vocabulaire extensif et comprendre que certains mots représentent des catégories d’objet, indépendamment du sens qu’ont ces objets et ce que l’on doit faire avec », conclut Alliston Reid dans son rapport. Chaser a montré en effet les mêmes capacités cognitives qu’un enfant de 3 ans.
Des progrès spectaculaires
Pour encourager les progrès absolument spectaculaires de leur protégée, Alliston Reid et John Pilley ont misé sur l’attention, l’affection et de nombreuses séances de jeu et d’activités qu’ils savaient appréciées de l’animal. Mais jamais de nourriture.
Comme le rapportent différents médias, d’autres expériences sur les capacités cognitives des animaux ont été menées par le passé. Le magazine
Science évoque notamment le cas de Rico, un autre border collie qui avait retenu plus de 200 mots (novembre 2004) et qui avait reçu les honneurs de l’émission 30 Millions d’Amis ! Chaser a donc largement battu ce précédent record.
En savoir plus sur le
site de Chaser
*Pilley, J.W., Reid, A.K.,
Border collie comprehends object names as verbal referents. Behav.Process.(2011),
Photo : © Robin Pilley
doumil 31/01/2011 à 14:26:37
gamin51 21/01/2011 à 16:58:36