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Législation

Affaire Vantara : un vote décevant à la CITES, malgré les révélations accablantes

Malgré les révélations de la Fondation 30 Millions d'Amis et ses partenaires internationaux, l’Inde peut continuer d’importer sans restriction des espèces rares et protégées ! / ©AdobeStock (photo d'illustration)

La Fondation 30 Millions d'Amis a révélé il y a quelques jours les résultats de mois d’enquête sur des exportations exponentielles d’animaux vers le complexe zoologique indien Vantara. Pourtant, en dépit des preuves d’irrégularités reconnues officiellement et qui s’accumulent, les États Parties du Comité permanent de la CITES font le choix d’un contrôle au minimum et de laisser l’Inde poursuivre ses transactions !

Dépit. C’est ce qu’inspire le vote qui s’est tenu dimanche 23 novembre 2025 lors de la 79ème réunion du Comité permanent de la CITES. Les États signataires de la CITES statuaient en effet sur les recommandations du Secrétariat concernant l'affaire Vantara et sur les suites à donner aux irrégularités et suspicions relevées lors de la vérification de ces importations massives. En dépit des alertes de la Fondation 30 Millions d’Amis et de celles de nombreux acteurs de la conservation, et malgré les doutes soulevés par le Secrétariat lui-même, les Parties ont refusé d'adopter toute mesure contraignante qui aurait pu limiter de futures importations douteuses et lever le voile sur la légalité des importations réalisées jusqu’à présent.

Un cas exceptionnel qui nécessite d’adopter des mesures à la hauteur du risque

L’analyse des données douanières mondiales a mis en lumière des flux d’une ampleur inédite vers le géant indien construit par Anant Ambani, le fils du milliardaire indien Mukesh Ambani : plus de 50 000 spécimens vivants (mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens) ont été exportés vers le complexe zoologique Vantara entre 2022 et septembre 2025. Parmi ces animaux figurent de nombreuses espèces rares, endémiques ou classées « En danger critique d'extinction » par l'UICN et protégées par la CITES (primates, éléphants, grands félins, etc.).

Le rapport du Secrétariat de la CITES, publié fin octobre 2025, confirmait l'existence de fortes suspicions quant à l'activité commerciale réelle de Vantara et remettait en cause la légalité d'un certain nombre d’importations d’espèces CITES, notamment des primates et félins en provenance des Émirats arabes unis et d'autres pays.

« Plusieurs pays ont reconnu, lors des débats du Comité Permanent ce dimanche [23/11/2025, ndlr], le caractère exceptionnel de la situation, compte tenu du nombre d’animaux et des espèces concernées, et par conséquent la nécessité d’adopter des mesures à la hauteur du risque que ce commerce peut faire peser sur la préservation des espèces », réagit Lorène Jacquet, responsable Campagnes et plaidoyer à la Fondation 30 Millions d’Amis.

Un « marchandage politique »

Les pressions exercées par l'Inde et par Vantara étaient prégnantes pendant les débats et lors du vote. Hormis l'Union européenne (par la voix de la Belgique), la Suisse et le Royaume Uni, toutes les Parties qui se sont exprimées (dont certains pays qui exportent massivement vers Vantara) ont honteusement nié l'évidence et voté contre toute mesure visant à contrôler et restreindre ce commerce douteux. Fortement aidée par les États Unis d’Amérique (certainement par l’administration Trump), les autorités indiennes et Vantara s’en tirent sans encombre : la recommandation demandant la suspension immédiate des importations par l’Inde des espèces les plus menacées a été rejetée. L’Inde peut donc continuer d’importer sans restriction des espèces rares et protégées, alors même que de forts doutes pèsent sur la légalité des importations d’animaux déjà réalisées ; animaux qui pourraient avoir été capturés illégalement dans la nature et transférés dans le cadre d’un trafic transnational organisé.

 

Les avertissements des scientifiques ont été totalement ignorés.

Daniela Freyer, Pro Wildlife

« Il est absolument honteux que le Comité permanent de la CITES n'ait pas réussi à mettre un terme à l'importation de milliers d'animaux menacés par le zoo privé du milliardaire indien Vantara. La recommandation en ce sens, émanant du Secrétariat de la CITES, a fait les frais de marchandages politiques, tandis que les avertissements des scientifiques ont été totalement ignorés » déplore Daniela Freyer, directrice des affaires publiques pour Pro Wildlife, l’un des partenaires de la Fondation 30 Millions d’Amis.

Un conflit d’intérêt évident

Par ailleurs, la Fondation 30 Millions d’Amis et ses partenaires demandaient que des investigations ciblées soient réalisées par les autorités de la CITES auprès des pays exportant massivement vers Vantara, et en particulier auprès des pays pointés du doigt pour des exportations suspectes, tels que la République démocratique du Congo ou les Émirats arabes Unis. Cette proposition, pourtant essentielle et défendue par l'Union européenne, a également été rejetée. Il est simplement demandé aux autorités indiennes de se renseigner auprès des pays leur ayant transféré des animaux afin de vérifier, a posteriori, la provenance de ces animaux. Autant dire que la transparence est loin d’être garantie ! Comment peut-on valablement espérer que ces vérifications soient menées de façon neutre et transparente lorsque le pays qui les réalise est lui-même soupçonné de ne pas respecter la CITES ? Et comment se fait-il que le Secrétariat de la CITES, qui est censé vérifier la bonne application de la convention, se décharge de la sorte alors qu’il a lui-même identifié des suspicions de fraude ?

« La vérification des conditions d’exportation par l’Inde auprès de ses partenaires exportateurs représente un conflit d’intérêt évident », dénonce Lorène Jacquet. « Pourquoi l’Inde prendrait-elle le risque de dénoncer la moindre irrégularité pour des transferts d’animaux qu’elle a elle-même approuvés, et pour lesquels elle n’est absolument pas inquiétée malgré son manque flagrant de diligence ? ».

Face à une majorité de Parties ayant choisi de protéger leurs intérêts économiques plutôt que la survie d’espèces déjà au bord de l’extinction, la Fondation 30 Millions d’Amis salue la position défendue par l’Union européenne, d’autant plus remarquable que certains États membres comptent parmi les fournisseurs d’animaux à destination de Vantara.

Un vote préjudiciable à la préservation des espèces et à la crédibilité de la CITES

A l’issue du vote, la Fondation a immédiatement pris la parole pour dénoncer cette décision décevante et préjudiciable à la conservation des espèces et à la crédibilité de la CITES :

« Le vote d’aujourd’hui sur les recommandations du secrétariat de la CITES est un aveu de l’impuissance de l’outil CITES face à la puissance d’un seul et même homme. Suspendre l’importation, par l’Inde, des espèces les plus menacées en attendant de vérifier la légalité des exportations passées les plus douteuses était donc une mesure de bon sens. Pourtant, malgré des tentatives de compromis portées par l’Union européenne, les Parties ont abandonné toute mesure coercitive qui aurait pu limiter les risques inhérents, et officiellement reconnus, de ces importations massives.

À la vitesse à laquelle le géant indien Vantara aspire des espèces du monde entier chaque mois, ce sont encore des milliers d’animaux qui pourraient être braconnés, déracinés et potentiellement exportés en toute illégalité dans les prochaines semaines. »

La Fondation 30 Millions d’Amis présente à la CoP20 de la CITES en Ouzbékistan

La Fondation 30 Millions d’Amis sera présente à la Conférence des Parties qui se tiendra du 24 novembre au 5 décembre 2025 à Samarcande en Ouzbékistan et continuera de mobiliser les gouvernements et les institutions, notamment l'Union Européenne, pour que les exigences de la CITES soient strictement appliquées et que la vigilance reste maximale jusqu'à la prochaine évaluation prévue lors de la 81ème réunion du Comité permanent, en novembre 2026.

« Bien que ce résultat soit profondément décevant, l'Inde restera au moins sous la surveillance de la CITES et a été chargée de revoir ses procédures d'importation, de mettre en œuvre des mesures rigoureuses de diligence raisonnable et de contrôle pour garantir qu'aucun animal ne soit commercialisé en violation de la Convention et que ses autorités s'acquittent de leurs responsabilités »,conclut avec une note d’espoir  Daniela Freyer, la directrice des affaires publiques pour Pro Wildlife, l’un des partenaires de la Fondation 30 Millions d’Amis.