Le centre d’élevage de primates de Rousset (Bouches du Rhône) - géré par le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) - prévoit de tripler ses capacités de babouins et de macaques destinés aux laboratoires d’ici 2029 afin de devenir un centre national de primatologie pour la recherche biomédicale française. Dans un courrier adressé au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Espace, Reha Hutin, Présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis, s’indigne d’un tel projet.
Alors que la France a alloué un budget à hauteur de 48,4 millions d’euros dans les méthodes alternatives à l’expérimentation animale, la construction d'un gigantesque centre d'élevage de primates se profile dans les Bouches du Rhône. Le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) prévoit en effet de transformer l’actuelle station de primatologie de Rousset (31) en un centre national de primatologie destiné à la recherche biomédicale française. Pour ce faire, le CRNS envisage de tripler les capacités de l’établissement, passant de 600 à 1.800 macaques et babouins destinés aux laboratoires. Pour la Fondation 30 Millions d’Amis, ce projet est en totale contradiction avec le soutien de la recherche de méthodes substitutives à l’expérimentation animale promise par la Commission européenne et rappelé par le commissaire hongrois Oliver Varhely en mars 2025 au Parlement européen.
2 millions d'animaux utilisés pour la Recherche
En France, plus de 2 millions d’animaux sont sacrifiés au nom de la Recherche, soit un quart des animaux utilisés au sein de l’Union européenne ! Parmi eux, près de 3.500 primates (macaques, ouistitis, babouins… ), proviennent de captures dans la nature et des centres d’élevage, avant d’être transférés jusqu’aux laboratoires après un long voyage. La majorité de ces primates proviennent essentiellement de l’Ile Maurice (68 % selon l’enquête statistique publiée par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation en avril 2024.
Comment peut-on encore en 2025 sacrifier autant d’animaux pour l'expérimentation animale ?
Reha Hutin
Ces importations s’avèrent très couteuses pour la recherche publique (jusqu’à 30.000€ pour le transfert d’un macaque) et les défenseurs de ce projet justifient cette extension par la nécessité de couvrir les besoins de la Recherche académique française. « Avec toutes les avancées technologiques, l’utilisation de cellules souches, de modélisations numériques et désormais l’intelligence artificielle, comment peut-on encore en 2025 sacrifier autant d’animaux pour la Recherche, les études toxicologiques ou la formation ? », s’interroge Reha Hutin, Présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis.
Un projet incompatible avec les engagements de la France
Contestant fortement ce projet d’expansion, Reha Hutin a adressé un courrier à Philippe Baptiste, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Espace, lui demandant de mettre fin à ce projet néfaste pour la cause animale. « Notre démarche n’est pas de remettre en cause la Recherche mais au contraire de vous encourager à favoriser l’innovation technologique et à bannir l’expérimentation animale qui pose un évident problème éthique, mais aussi de pertinence scientifique. »
En octobre 2023, la France présentait son plan d’investissement « France 2030 » avec, à la clé, 54 milliards d’euros pour « rattraper le retard industriel du pays, investir dans les technologies innovantes ». L’extension du centre d’élevage de primates à Rousset impliquerait à l’État d' « investir des fonds publics dans une démarche totalement rétrograde », rappelle Reha Hutin.
La démarche est rejetée autant par nos concitoyens que par les élus. Comme pour le sénateur Guy Benarroche (les Ecologistes) lors d’une question posée au Sénat : « Si [le gouvernement] reconnaît la nécessité d'investir pour la Recherche de demain, n'aurait-il pas été plus judicieux de soutenir davantage des méthodes innovantes, non-animales (organes sur puce, organoïdes, jumeaux numériques, etc.) qui représentent de réelles voies d'avenir ? »
Une attente sociétale forte
L’interdiction de la expérimentation animale constitue une attente sociétale extrêmement forte. Selon le baromètre 2025 de la Fondation 30 Millions d’Amis, réalisé conjointement avec l’Ifop, 86 % des Français s’opposent à l’expérimentation animale, dès lors que des alternatives existent. Pendant combien de temps encore l’opinion publique pourra-t-elle tolérer le sacrice de millions d’animaux chaque année ?
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