Zeytin, un bébé gorille découvert dans une caisse en bois fin décembre 2024 à l'aéroport d'Istanbul, restera finalement en Turquie après un test ADN sur son origine. Une décision critiquée par un sanctuaire nigérian qui réclame l'accueil de l'animal dans un sanctuaire avant de le réintroduire dans son habitat naturel.
La découverte de ce gorille intercepté était une première pour l'aéroport d'Istanbul. "Il était terrorisé, on le voyait dans ses yeux", avait rapporté à l'AFP le responsable régional de la Direction, Fahrettin Ulu. Zeytin, qui pesait 9,4 kilos à son arrivée au zoo, atteignait les 16 kilos pour 80 cm quand l'AFP lui a rendu visite mi-septembre 2025.
Le bébé gorille maintenu captif en Turquie
Vendredi 24 octobre, les responsables turcs ont annoncé que Zeytin ne serait pas réintroduit au Nigeria mais maintenu dans un zoo en Turquie. La Fondation Pandrillus au Nigeria se préparait à héberger Zeytin avec un autre jeune gorille de la même sous-espèce avant d'envoyer le duo dans un sanctuaire d'un pays d'Afrique centrale. "Nous sommes extrêmement déçus. Il n'y a aucune logique dans ce que fait le gouvernement turc", a déclaré la directrice de la Fondation Pandrillus, Liza Gadsby, à l'AFP. "Et si la Turquie ne veut pas l'envoyer au Nigeria, mais directement dans un sanctuaire de gorilles, c'est bien. Mais ils doivent faire ce qu'il faut pour cet animal", a-t-elle ajouté. "Ils ont fait ce qu'il fallait en le confisquant au départ", mais le garder en Turquie "va à l'encontre de tout ce qu'ils sont censés faire en tant que signataires de la CITES [Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction]", a-t-elle déclaré.
C'est au nom de cette Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) que la Turquie justifie sa décision de garder le bébé gorille. Le sanctuaire possède un autre gorille qui a été confisqué par les douanes nigérianes il y a plus de deux ans. À la lumière de la décision de la Turquie, L. Gadsby a déclaré que le centre nigérian commencerait lundi 27 octobre le processus pour réintroduire l'autre gorille dans son milieu naturel. "Nous n'avons jamais eu l'intention de le garder", a-t-elle affirmé.
Les grands singes victimes de l'apogée du trafic d'espèces
Par ailleurs, la réhabilitation des espèces victimes du trafic représente l'une des thématiques au programme de la prochaine Conférence des Parties à la CITES (Cop 20) à laquelle la Fondation 30 Millions d'Amis assistera du 24 novembre au 5 décembre 2025 en Ouzbékistan. "Ce bébé gorille ne devrait en aucun cas être maintenu isolé dans un parc zoologique en Turquie alors que des solutions d'accueil en sanctuaire existent dans un pays proche de l'aire de répartition de son espèce, avertit à son tour Lorène Jacquet, Responsable Campagnes et Plaidoyer pour la Fondation 30 Millions d'Amis. Avec l'augmentation permanente du trafic de primates et d'espèces sauvages en général, ces situations risquent de se reproduire régulièrement et il est donc urgent de mieux encadrer les procédures de placement d'animaux sauvages confisqués par les autorités. Et ce, afin de garantir les meilleures conditions de survie et potentiellement de réhabilitation à ces pauvres animaux victimes du trafic et de la cupidité humaine".
Selon Traffic, une ONG britannique spécialisée dans la protection de la faune sauvage, le commerce des bébés grands singes est en hausse : de plus en plus d'acheteurs cherchent à en faire des animaux de compagnie ou à les exploiter pour des zoos, des cirques, des spectacles ou sur les réseaux sociaux. Les bébés gorilles sont particulièrement visés "car très maniables et faciles à transporter" souligne Traffic.
(Avec AFP)
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