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Faune

Le loup dans le viseur du président de la République

En Mars 2025, la Convention de Berne a rétrogradé le loup d’espèce « strictement protégée », à simplement « protégée » / ©AdobeStock

Emmanuel Macron a plaidé contre l'implantation du loup là "où il y a du pastoralisme", quitte à autoriser l’abattage d’un plus grand nombre de canidés. La Fondation 30 Millions d’Amis dénonce une position démagogique, qui privilégie une fois de plus une logique de destruction à l’impératif de cohabitation.

Des propos déconcertants. Jeudi 3 juillet 2025, lors d’un déplacement à Roquefort-sur-Soulzon (Aveyron), le président de la République, Emmanuel Macron, a abordé la (délicate) question du loup… Quatre mois après l’entrée en vigueur du déclassement officiel du statut de protection du loup, le chef de l’État enfonce le couteau dans la plaie : « On ne va pas laisser le loup se développer et qu'il aille dans des massifs où il est en compétition avec des activités qui sont les nôtres », a-t-il déclaré. Pour le Président, il s’agit en clair d’empêcher l'implantation du loup là « où il y a du pastoralisme », quitte à en « prélever davantage », c'est à dire autoriser qu'un plus grand nombre de canidés soient abattus. « Encore une fois, rien ne prouve l'efficacité de la politique d'abattage du loup mise en place en France pour protéger les troupeaux, dénonce Lorène Jacquet, Responsable Campagnes et Plaidoyer à la Fondation 30 Millions d’Amis. D'autant plus que, comme le rappelait la Commission européenne en 2023, le loup joue un rôle écologique non négligeable. »

Les recommandations de cohabitions ignorées

L’intervention du chef de l’État sur ce sujet s’inscrit dans la continuité d’une politique anti-loup menée depuis des années par la France. Fin juin 2025, le gouvernement a publié un arrêté au Journal officiel autorisant les éleveurs de bovins et de chevaux à effectuer des tirs de défense contre les loups à proximité de troupeaux, parfois même lorsque celui-ci n'a pas encore attaqué de troupeau. Une décision déplorée par les défenseurs de l’environnement, dont la Fondation 30 Millions d’Amis. 

Mais au-delà de fustiger le retour du loup – qui, depuis, a reconquis petit à petit l’Hexagone après avoir totalement disparu du territoire au début du siècle dernier –, le président de la République a argué que la présence de l'ours, du loup "et même du vautour" conduisait les éleveurs à laisser leurs bêtes « en bas ». « Et donc on a des terres qui redeviennent de la friche, de la broussaille et du coup qu'est ce qui se passe : je vous le parie, dans quatre ans on aura des incendies », a-t-il ajouté, avant de pointer du doigt l’accumulation de règles imposées aux éleveurs.  « Selon lui, le pastoralisme et le loup ne sont pas compatibles. Pourtant, en Espagne et en Italie, la cohabitation est possible grâce à des moyens de protection adaptés : chiens, clôtures, surveillance, rappelle pourtant l’association Ferus dans un communiqué. Et dans les Alpes françaises ? Après 30 ans de présence du loup, le pastoralisme s’y porte mieux que dans d’autres régions ».

Une mesure irréaliste

Le 28 mai 2025, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard avait notamment indiqué devant le Sénat qu'à la date du 12 mai, "ce sont déjà 759 attaques et 2.617 bêtes prédatées", causant des "préjudices considérables". Or, les chiffres annoncés sur le nombre de prédations sont à recontextualiser, comme le précise 30millionsdamis.fr dans un précédent article daté du 17 décembre 2024« Exclure les loups des zones d'élevage n'est pas réaliste et ne relève d'aucun fondement scientifique, a fait valoir auprès de l'AFP Cédric Marteau, directeur général LPO France. L’enjeu est de poursuivre le travail entrepris avec les éleveurs et de procéder au renforcement des mesures permettant de limiter les interactions avec les troupeaux ».
 

 

Il serait plus judicieux de promouvoir le développement de la connaissance du comportement du loup.

Lorène Jacquet

La Fondation 30 Millions d’Amis rappelle à son tour que les zones de pastoralisme se situent dans les régions où vivent les loups, et la coexistence avec les activités humaines est possible, si tant est qu'elle soit soutenue et accompagnée par l'État. « Plutôt que de détruire, déplacer ou parquer des espèces sauvages pour satisfaire les éleveurs, il serait plus judicieux de promouvoir l'utilisation de moyens de protection en prévention des attaques et le développement de la connaissance du comportement du loup  », avance L. Jacquet.

« Tous les gens qui inventent des règles et qui ne vivent pas avec des bêtes dans des endroits où il y a l'ours qui redéboule ou le loup, qu'ils aillent y passer deux nuits", a lancé le chef de l’État, assurant connaître "l'angoisse que ça représente".  « C’est précisément ce que nous faisons depuis plus de 20 ans, lui a répondu Férus, estimant que « le Président semble méconnaître la réalité du terrain. Vouloir faciliter l’élimination d’une espèce protégée est une régression grave et contraire aux engagements internationaux de la France ! »