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Législation

Fin des spectacles itinérants avec animaux sauvages : des exceptions légales ?

La Fondation 30 Millions d'Amis dénonce l'intention de certains fauconniers de chercher à maintenir les spectacles itinérants de rapaces. / ©AdobeStock

L’interdiction de l’exploitation des animaux sauvages dans les spectacles itinérants avait été l’une des mesures emblématiques de la loi visant à lutter contre la maltraitance animale promulguée en novembre 2021. Pourtant, cette disposition législative majeure serait aujourd’hui en passe d’être adoucie… avec la complicité du ministère de la Transition écologique. Ce que dénonce la Fondation 30 Millions d’Amis.

La loi du 30 novembre 2021 prévoit qu’à partir du 1er décembre 2028, « sont interdits, dans les établissements itinérants, la détention, le transport et les spectacles incluant des espèces d'animaux non domestiques ». Alors que cette disposition est claire et ne souffre d’aucune exception, il semble que certains fauconniers cherchent à bénéficier de passe-droit pour poursuivre leur activité en toute impunité… avec le soutien du ministère de la Transition écologique. 

Si les cirques sont les premiers concernés par les interdictions édictées par la loi du 30 novembre 2021, d’autres secteurs d’activités moins visibles tenteraient aujourd’hui de se soustraire à la législation en vigueur et pourraient bien arriver à leurs fins. En effet, si le ministère avait jusqu’à présent botté en touche sur la question des spectacles itinérants de rapaces (fauconnerie), sa position semble aujourd’hui officielle : contre toute attente, les spectacles itinérants d’oiseaux sauvages pourraient être maintenus, contrairement aux spectacles d’autres animaux sauvages.

Moins d’empathie du ministère envers les oiseaux qu’envers les félins et autres primates exploités ?

Depuis l’adoption de la loi, les établissements réalisant des spectacles d’oiseaux en itinérance, et en particulier les fauconniers, chercheraient à se soustraire à l’interdiction… et il semble qu’ils aient finalement été entendus. Dans la réponse à une question écrite du député de la 1ère circonscription de l’Allier Yannick Monnet (GDR), publiée le 29 avril 2025, le ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche affirme que « le Gouvernement entend exclure les voleries mobiles du champ d'application de la loi précitée ».

Le 2 mai 2025, le ministère a publié par ailleurs son plan d’accompagnement de la filière circassienne pour la mise en œuvre de l’interdiction des animaux sauvages dans les cirques en 2028, et a officiellement exclu les établissements présentant exclusivement des oiseaux de la possibilité de bénéficier d’aides à la reconversion. Une façon très claire d’approuver la poursuite de leur spectacles itinérants pendant que s’organisent la reconversion des circassiens et la fin des spectacles d’animaux de cirques avec le soutien financier de l’État.

La Fondation 30 Millions d’Amis interpelle la ministre de la Transition écologique

Cette intention de maintenir ces spectacles itinérants de rapaces et autres expositions ambulantes d’autres oiseaux sauvages pour le divertissement (chouettes, perroquets…) est purement opportuniste dans la mesure où rien, dans la loi, ne prévoit que des dérogations puissent être accordées, ni à des opérateurs ni pour certaines espèces en particulier.

L’arrêt des spectacles présentant des ours et des loups depuis fin 2023 offre par ailleurs un boulevard à ces spectacles d’oiseaux pour se multiplier notamment dans les fêtes médiévales, demandeuses de ce type de divertissement d’un autre âge… avec l’approbation complaisante du gouvernement !

Reha Hutin, la Présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis, a adressé un courrier à la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher afin de lui faire part de ses inquiétudes et de l’exhorter à garantir une stricte application de la loi, sans aller au-delà de son pouvoir réglementaire pour accorder des exceptions arbitraires et opportunistes. « S’il est vrai que les cirques ont été particulièrement pointés du doigt lors des débats et communications relatives à cette loi, ces interdictions visent à mettre un terme à l’exploitation récréative de tous les animaux sauvages en itinérance » rappelle Reha Hutin.

L’itinérance nuit au bien-être animal de toutes les espèces

Le transport et l’itinérance des animaux pose de sérieux problèmes de bien-être animal, et c’est sur ce fondement que les parlementaires ont légiféré pour interdire les spectacles itinérants d’animaux sauvages. En effet, l’itinérance empêche de répondre aux besoins fondamentaux des oiseaux (vol, socialisation, sécurité, tranquillité), et leur usage pour le divertissement entraîne souvent souffrance, anxiété et frustration. Les trajets réguliers, souvent dans des cages exiguës ou mal ventilées, provoquent du stress, et les vibrations, le bruit des véhicules et l’imprévisibilité des déplacements sont très perturbants pour des oiseaux sensibles à leur environnement. Les soins vétérinaires spécialisés sont également difficiles à assurer de manière régulière en itinérance.

Par ailleurs, les installations temporaires sont inadaptées aux besoins physiologiques des espèces sauvages, y compris à ceux des volatiles : perchoirs instables, absence de volières adaptées, espaces restreints… L’impossibilité de voler ou d’exprimer leurs comportements naturels nuit également à leur bien-être psychologique et physique. Certaines espèces grégaires (comme les perroquets), peuvent se trouver isolées ou mises en contact avec d'autres espèces, ce qui génère de la souffrance sociale ou du stress interspécifique.

Un dressage contraignant et un stress omniprésent

Il est par ailleurs important de rappeler que l’exploitation des animaux sauvages pour des spectacles implique un dressage contraignant, au cours duquel les oiseaux sont souvent privés de nourriture pour les motiver à exécuter des tours. Enfin, les spectacles et animations sont synonymes de proximité avec le public, manipulations, bruits, flashs d’appareils photo… sources de stress important pour les oiseaux, surtout les espèces nocturnes ou discrètes.

Les oiseaux doivent être protégés de l’exploitation pour le divertissement, ne laissons pas le gouvernement détricoter une loi déterminante pour la condition animale !