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Enquête

Animaux vendus en « click & collect » ou livrés à domicile : ces animaleries qui contournent la loi !

La Fondation 30 Millions d’Amis révèle qu'il est toujours possible d'acheter des chats et des chiens dans certaines animaleries en dépit de l'interdiction de leur vente depuis le 1er janvier 2024. / ©Fondation 30 Millions d'Amis (capture d'écran caméra discrète)

Ces derniers mois, la Fondation 30 Millions d’Amis a enquêté auprès d’animaleries et le constat est sans appel : malgré l’interdiction de la vente de chiens et de chats en vigueur depuis plus d’un an, certaines continuent de commercialiser ces animaux en toute impunité. Pire, certains établissements ont remplacé les achats en boutique par la vente de chiots et chatons sur Internet en quelques clics, comme de simples marchandises que l’on vient récupérer en Click & Collect ou que l’on se fait livrer à domicile !

Depuis le 1er janvier 2024, les animaleries n’ont plus le droit de vendre des chiens et des chats. Cette interdiction, réclamée depuis de nombreuses années par la Fondation 30 Millions d’Amis, était l’une des victoires saluées lors de l’adoption de la loi du 30 novembre 2021. Pourtant, si certaines animaleries ont fermé boutique ou ont cessé de commercialiser des chiens et des chats, d’autres font de la résistance et contournent la loi pour voir leur business perdurer. Ces établissements continuent de vendre des chiens et des chats dissimulés en arrière-boutique ou les référencent comme des produits à commander sur leur site Internet, invitant ensuite l’acheteur à venir collecter son animal en magasin sur le principe du "Click & Collect", ou à se le faire livrer chez soi.

 

Des animaux stockés en arrière-boutique, des certificats antidatés

Dans le cadre de cette enquête, les conversations téléphoniques enregistrées et images filmées en caméra discrète par la Fondation 30 Millions d’Amis dans ces différentes animaleries ne laissent aucun doute : généralement, les animaux ne sont plus visibles en magasin mais sont stockés en arrière-boutique et présentés sur simple demande aux acheteurs potentiels. Certaines animaleries tentent de faire illusion en précisant que les animaux seront présentés dans un « espace dédié », qui en réalité, n’est autre que la boutique ! Au passage, certains vendeurs ne s’embarrassent pas d’une autre obligation – pourtant légale – qui impose le respect d’un délai de 7 jours entre la signature du certificat d’engagement et de connaissance (CEC) et la remise effective de l’animal. C’est ainsi qu’un acheteur peut repartir avec un chien ou un chat après une simple visite en animalerie. Certaines enseignes, visitées en caméra discrète ou contactées par téléphone incitent en effet à antidater ce certificat lors de sa signature, afin de contourner la loi. « Il faut d’abord signer un premier document, c’est le certificat d’engagement et de connaissance et après vous pouvez récupérer l’animal sous 7 jours. Mais si vous voulez la récupérer samedi, on pourra l’antidater », confie une vendeuse à notre enquêteur.

Une vendeuse en animalerie tenant un chiot qu'elle vient d'aller chercher dans l'arrière boutique. ©Fondation 30 Millions d'Amis (capture d'écran caméra discrète)

Même constat pour les animaleries qui vendent des chiens et des chats sur leur site Internet : en quelques clics, toute personne, sans aucune vérification d’identité ou d’âge, ni aucun contact préalable avec l’animal et échange avec un conseiller de vente, peut acquérir un chien ou un chat en payant un acompte ou l’intégralité du prix. Les annonces de vente ne contiennent pas les informations obligatoires, ce qui constitue en soi une infraction à la réglementation. Certains animaux ainsi vendus proviennent de l’étranger, d’après les numéros d’identification mentionnés.

Annonces en ligne consultables sur le site d'une animalerie. ©Fondation 30 Millions d'Amis

Le parcours d’achat qui rappelle celui de n’importe quel site marchand, omettant sciemment que le « produit » est un être vivant sensible et que le clic final engage l’acheteur pour plus de dix ans. On peut par exemple consulter, lors de l’achat d’un chien sur l’un de ces sites, le nombre de « produits disponibles » en magasin, et une fois la commande passée, découvrir qu’on sera avisé par e-mail « lorsque la commande sera prête pour le ramassage ». Cette marchandisation à l’extrême de l’animal va à rebours de l’évolution pourtant attendue de la loi du 30 novembre 2021 qui tendait à responsabiliser davantage les acquisitions, et non à promouvoir une vision obsolète de l’animal-objet.

Des dérives préoccupantes

« Cette dérive est très préoccupante, déplore Lorène Jacquet, responsable Campagnes et plaidoyer à la Fondation 30 Millions d’Amis. Lors de l’adoption de la loi en 2021, il était clair pour tous que l’achat d’animaux sur Internet était un fléau à combattre car il encourage le trafic et l’achat irresponsable. En aucun cas l’interdiction de la vente d’animaux en boutique ne doit encourager l’expansion du commerce d’animaux en ligne, qui est une pratique tout aussi – voire plus – préjudiciable et dangereuse pour les animaux ! »

Un internaute signale la présence de chiens et chiots à la vente dans une animalerie. ©Fondation 30 Millions d'Amis (Capture d'écran avis Internet)

Malgré de nombreuses alertes, l’administration continue pourtant de fermer les yeux et ne sanctionne pas ces contournements de la loi… Pour preuve, il n’est toujours pas prévu dans la réglementation de peine applicable en cas de violation de cette interdiction de vente par les animaleries. Certains établissements de vente exercent donc, en toute impunité, une activité illégale (très) lucrative. Mais pourquoi se priver quand les prix affichés peuvent atteindre jusqu’à 2000 euros par animal et qu’aucune sanction n’est véritablement encourue en contrevenant à la loi ?

Des parlementaires et un syndicat professionnel s’engagent

Interrogés par la Fondation 30 Millions d’Amis dans le cadre de cette enquête, Aurore Bergé, députée de la 10ème circonscription des Yvelines en 2021 et alors en charge de ce texte pour le groupe LREM, et le sénateur Arnaud Bazin, sénateur du Val d’Oise – tous deux vivement impliqués dans l’adoption de la loi du 30 novembre 2021 – constatent ces contournements de la loi et appellent à mettre un terme à ces pratiques irresponsables.

Le Syndicat National des Professions du Chien et du Chat (SNPCC) qui représente notamment les éleveurs, se déclare également contre la vente en ligne de chiots et chatons par les animaleries. Dans un courrier adressé à la Fondation 30 Millions d’Amis le 12 février 2025, la présidente du syndicat, Anne Marie Le Roueil, rappelle que « lors des discussions concernant la loi n°2021-1539 du 30 novembre 2021 (…), le SNPCC a clairement affiché sa position contre la vente de chiens et chats en animalerie » et indique « tout mettre en œuvre pour faire cesser ces pratiques » de contournement de la loi.

La Fondation 30 Millions d’Amis interpelle la ministre de l’Agriculture

Reha Hutin, Présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis a adressé un courrier à la ministre de l’Agriculture, Madame Annie Genevard, l’exhortant à intervenir dans les plus brefs délais pour faire appliquer la loi et mettre un terme à ses pratiques préjudiciables aux animaux. Des signalements ont également été adressés aux services de contrôle départementaux de l’État pour dénoncer ces violations législatives constatées lors de l’enquête et solliciter leur intervention et leur vigilance.