Les flamants roses de Camargue sont une espèce protégée en France / ©AdobeStock
Le tribunal correctionnel de Nîmes (30) a condamné la société productrice de "Donne-moi des ailes" pour la destruction de plus de 500 œufs de flamants roses de Camargue lors d'un tournage en juin 2024. L'utilisation de deux ULM avait effrayé ces oiseaux alors que l'espèce - protégée - était en période de couvaison.
Une amende de "80.000 à 100.000 euros" a été requise vendredi 7 mars 2025 à l'encontre de la société productrice de "Donne-moi des ailes", accusée de la destruction de 520 oeufs de flamants roses pendant le tournage en Camargue du film du réalisateur Nicolas Vanier. Le tribunal correctionnel de Nîmes (30), où l'affaire était jugée vendredi 7 mars, a mis sa décision en délibéré au 11 avril 2025. Aventurier, écrivain et cinéaste, Nicolas Vanier s'était vu confier par la société de production parisienne Radar Film la réalisation de "Donne-moi des ailes", qui a fait 1,5 million d'entrées en 2019.
Une partie du tournage avait eu lieu en Camargue gardoise (sud) au niveau des Salins du Midi, au coeur d'une zone Natura 2000 abritant le seul site de nidification en France des flamants roses. Les 6 et 7 juin 2018, deux ULM de la production avaient survolé à basse altitude quelque 8.000 flamants roses en pleine période de couvaison. Effrayés, les oiseaux s'étaient envolés, détruisant leurs nids dans la panique et abandonnant les oeufs. Environ 520 oeufs, soit près de 11,5% de la reproduction annuelle en France de cette espèce protégée, avaient ainsi été perdus.
Après six ans d'enquête, la société Radar Film, représentée par son dirigeant, Matthieu Warter, devait répondre vendredi 7 mars 2025 de la "destruction non-autorisée d'oeuf ou de nid", "d'atteinte à la conservation" et de "perturbation volontaire" d'une espèce animale protégée. Le réalisateur Nicolas Vanier, le pilote de l'ULM qui s'était le plus approché des oiseaux, et le directeur de la photographie, qui se trouvait à bord, ont bénéficié d'un non-lieu. Dans son réquisitoire, le procureur a souligné le "défaut d'organisation" de Radar Film et sa "méconnaissance des enjeux environnementaux", alors qu'ils en avaient été largement avertis par diverses autorités et associations. Estimant notamment que les pilotes n'avaient pas été correctement informés, le magistrat a requis une amende de "80.000 à 100.000 euros" contre la société. "Cette histoire est à l'antipode de l'ADN de ce pour quoi je fais des films depuis 15 ans", a plaidé M. Warter, dont les productions mettent à chaque fois en exergue un enfant et des animaux.
Précisant ne jamais avoir voulu filmer les flamants roses, le producteur a rejeté la responsabilité de l'incident sur l'un de ses prestataires, un des deux pilotes d'ULM, le décrivant comme "un jeune homme très fier de son très bel ULM et qui, malheureusement, a fait du zèle". "Qu'on ne vienne pas me dire qu'on n'avait pas la volonté de filmer les flamants roses. On ne fait pas de films sur les oiseaux en Camargue sans filmer les flamants roses", a répliqué pour les parties civiles Isabelle Vergnoux, avocate de l'Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas). Au total, plus de 400.000 euros de dommages moraux et de dommages environnementaux ont été réclamés à Radar Film par sept ONG.
(Avec AFP)
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