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Biodiversité

Animaux exotiques : la liste positive comme solution au trafic et à la perte de biodiversité

L’objectif de la liste positive : autoriser uniquement la détention de certaines espèces et encadrer leur commerce. /©AdobeStock

Face à l’essor du commerce de nouveaux animaux de compagnie (NAC) exotiques, la Fondation 30 Millions d’Amis soutient la mise en place d’une « liste positive » qui répertorie de façon limitative les espèces autorisées à être détenues par les particuliers et les éleveurs d’agrément. Les ONG demandent au gouvernement l’application de ce principe, adopté dans le cadre de la loi du 30 novembre 2021 !

Pour détenir un animal non domestique, dit « exotique », il faudra bientôt se référer à la « liste positive ». Une initiative lancée par l’association Code Animal et appuyée par d’autres ONG comme La Fondation 30 Millions d’Amis, Born Free, la Fondation Droit Animal, Ifaw et Quatre pattes. Il s’agit d’une liste qui répertorie les seules espèces – de reptiles, tortues, poissons, oiseaux exotiques ou autres petits mammifères – pouvant être détenues par les particuliers et les éleveurs d’agrément, hors animaux de compagnie domestiques.

Une liste établie sur plusieurs critères

Pour composer cette liste, « un comité d’experts indépendants sera mis en place, avec notamment des vétérinaires, des chercheurs sur les zoonoses (maladies transmissibles des animaux vers l’humain) ou encore des experts travaillant sur la conservation », explique Alexandra Morette, Responsable des relations publiques de l’association Code Animal, contactée par 30millionsdamis.fr. Ceux-ci se baseront sur des critères tels que le bien-être animal, la sécurité et la santé publiques, la protection des écosystèmes…

Le commerce et la détention d’animaux sauvages dans des foyers, en particulier lorsque ces animaux ne proviennent pas de France, posent de sérieuses préoccupations en matière de protection animale : en effet, comment s’assurer que leurs conditions de vie seront satisfaisantes et que leur bien-être sera respecté ? Comment s’assurer que ces animaux ne seront pas relâchés dans la nature, au risque d’y mourir ou de causer des dégâts irréversibles à la biodiversité locale ? Comment garantir que le commerce en France d’une espèce prélevée dans son milieu d’origine ne contribue pas à sa disparition ?

La perruche à collier est reconnue « espèce exotique envahissante » depuis 2018 en raison du danger qu’elle représente pour la biodiversité locale. /©AdobeStock

De la perruche à collier…

La récente diffusion de l’émission « Sur le front », présentée par le journaliste Hugo Clément, montre les conséquences du manque d’encadrement dans la détention des animaux exotiques, avec – notamment – l’exemple d’une colonie de perruches à collier présentes en région parisienne, dont les premières s’étaient échappées du container qui les acheminaient en France lors de leur arrivée à l’aéroport d’Orly (94) dans les années 1970. Ces oiseaux, présents en Afrique ou en Inde, avaient été importés pour être vendus comme animaux de compagnie.

« Des nids de passereaux, de mésanges, de moineaux vont se retrouver chassés par la perruche et vont potentiellement mourir lorsque le froid va arriver », rapporte Lorène Jacquet, responsable campagnes et plaidoyer à la Fondation 30 Millions d’Amis : les perruches à collier sont reconnues « espèces exotiques envahissantes » depuis 2018 en raison du danger qu’elles représentent pour la biodiversité locale.

… à la tortue de Floride

 

« Il est essentiel d’œuvrer à la mise en place d’actions destinées à endiguer le trafic. »

L. Jacquet, Fondation 30 Millions d’Amis.

« Face au déclin de la biodiversité, à la propagation de zoonoses et au développement dangereux de la détention d’espèces exotiques et sauvages par des particuliers, il est urgent d’agir, martèle Lorène Jacquet. Il est essentiel d’œuvrer à la mise en place d’actions nationales, européennes et internationales destinées à endiguer le trafic mais également à mieux encadrer le commerce légal d’espèces sauvages pour éviter une détention irresponsable et inconsciente par des particuliers. »

Autre exemple, la tortue de Floride, importée dans l’Hexagone et qui a proliféré pour envahir bon nombre de cours d’eau en France. Aujourd’hui, elle est interdite à la vente, mais il est trop tard : c’est la tortue locale (cistude), dont la population est en danger, qui en fait les frais. Lorsque « c’était à la mode » et légal, les particuliers achetaient ces tous petits reptiles pouvant vivre jusqu’à environ 100 ans, mais s’en séparaient une fois leur taille adulte venue en les libérant dans la nature.

Limiter et encadrer

Des refuges recueillent ces animaux exotiques abandonnés afin de limiter les dégâts sur la faune européenne. Mais cela n’est malheureusement pas suffisant… « D’autres espèces du même type pourraient, demain, être relâchées dans la nature parce qu’aujourd’hui, on n’interdit pas leur commerce, ajoute Lorène Jacquet. Il y a énormément d’espèces qui sont encore en vente libre… »

L’objectif de la liste positive : autoriser uniquement la détention de certaines espèces et encadrer leur commerce en examinant l’impact, espèce par espèce. Sans oublier « le principe de précaution », indispensable invité à la table des discussions afin de prévenir tout dommage irréversible à l’Environnement. « Lorsque l’on va analyser les espèces selon les critères, si on n’a pas d’informations sur l’un des critères, de facto le principe de précaution s’applique et on ne met pas l’espèce dans la liste positive », insiste Alexandra Morette.

L’exemple belge

Nos voisins outre-Quiévrain font déjà appliquer leur liste positive depuis 2009. Ou plus exactement, plusieurs listes : une première centrée sur une quarantaine de mammifères, puis une deuxième sur les reptiles, quelques années plus tard. Les listes positives concernant les oiseaux et les poissons sont encore en cours d’élaboration. « Un dispositif qui fonctionne très bien », confie Sébastien de Jonge, directeur des opérations pour GAIA, organisation belge de défense des animaux.

Le succès est tel, « qu’aujourd’hui il est exceptionnel d’avoir un dossier avec un animal sauvage, on voit que ça a vraiment fermé les robinets », rapporte le défenseur des animaux. « Et le gros avantage de la liste positive c’est que lorsqu’une nouvelle espèce est découverte, ce qui arrive assez fréquemment, il n’est pas nécessaire d’actualiser la liste continuellement. La liste positive est fermée, avec des modifications possibles en suivant tout un processus législatif. Aujourd’hui, si l’animal que vous souhaitez détenir n’est pas sur [la liste], vous ne pouvez pas l’avoir. »

Un manque de volonté politique

En France, si le principe de liste positive a déjà été adopté dans la loi contre la maltraitance animale en novembre 2021, les associations attendent son application depuis 3 ans. Des discussions sont en cours au sein du Ministère de la Transition écologique mais, à défaut de volonté politique, les travaux stagnent. La Fondation 30 Millions d’Amis se mobilise sur ce dossier aux côtés des ONG partenaires et rencontrera prochainement le cabinet de la ministre Agnès Pannier-Runacher, pour aborder cette question d’importance, entre autres sujets.