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Y-a-t-il vraiment trop d’éléphants au Botswana ?

Le Botswana abrite environ 130 000 éléphants d’Afrique / ©AdobeStock

L’éléphant d’Afrique se retrouve malgré lui au centre d’un conflit diplomatique entre le Botswana et l’Allemagne. Son nombre sur le territoire botswanéen justifierait pour Gaborone la réautorisation de la chasse aux trophées, ce qu’a réfuté Berlin avec force. 30millionsdamis.fr fait le point avec Wildlife Angel et l’Union internationale pour la conservation de la nature.

Les populations d’éléphants sont-elles réellement trop élevées au Botswana ? La question est posée depuis que le président Botswanéen, Mokgweetsi Masisi, se soit saisit de cet argument pour justifier la reprise de la chasse aux trophées dans son pays, au prétexte qu’elle contribuait à la « régulation des populations d’animaux ». Face aux critiques de l’Allemagne – qui, elle, souhaite interdire l’importation de trophées de chasse –, M. Masisi a riposté en menaçant de lui envoyer 20 000 pachydermes :  « Ce n’est pas une blague », a-t-il ajouté.

L'Union européenne (UE) est le 2ème importateur de trophées de chasse dans le monde derrière les États-Unis, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Parmi ses membres, l’Allemagne reste le principal importateur :  « Le Botswana a également défié le Royaume-Uni, en mentionnant l'envoi de 10.000 éléphants à Londres », rappelle Maud Lelièvre, présidente de l'UICN France. 

Le Botswana abrite la plus grande population d’éléphants en Afrique

Avec environ 130 000 spécimens, le Botswana héberge le tiers de la population d’éléphants d’Afrique. « L’Afrique australe abrite le plus grand nombre d’éléphants, répartis entre l’Afrique du Sud, le Zimbabwe, la Namibie et le Botswana », précise Sergio Lopez, président fondateur de l’ONG Wildlife Angel. Pour cause, la criminalité environnementale occupe une place trop importante à l’ouest et au centre du continent.

L’éléphant étant traqué pour son ivoire, l’espèce figure comme l’une des grandes victimes du braconnage et de la chasse. « Le commerce de l’ivoire est toujours aussi florissant, malgré tous les efforts de la communauté internationale », déplore le fondateur de Wildlife Angel. Cette répartition illégale entraine « des problèmes de régulation » et une cohabitation difficile entre l’espèce et l’homme : « À cause de l’accroissement des populations humaines et de la baisse des surfaces d’habitats naturels, les hommes et les éléphants sont de plus en plus en rivalité pour l’espace et la nourriture », constate le WWF sur son site internet.

Réautorisation controversée de la chasse aux trophées

 

« Il faut mieux armer les rangers et protéger les parcs nationaux »

Sergio Lopez, président de Wildlife Angel

Face à cette problématique, le Botswana a réautorisé la chasse aux trophées, totalement interdite depuis 2019. La levée de cette interdiction a provoqué la colère des défenseurs de l’environnement, pointant du doigt la décision du président Botswanéen de privilégier la source de revenus que représente la chasse commerciale. Légale dans une vingtaine de pays d'Afrique, la chasse aux trophées reste un sport de luxe pratiqué par les touristes « les plus aisés ». Le coût des permis de chasse profite directement aux communautés locales. «En menaçant l'Allemagne, le Botswana a compris que les choses bougent et que cela peut impacter les recettes touristiques », indique Maud Lelièvre, présidente de l'UICN, à 30millionsdamis.fr.

Répétant que « la chasse n’est pas la solution pour réguler la population d’éléphants », S. Lopez rappelle néanmoins que « délocaliser les éléphants s’avère trop complexe. L’éléphant est réputé pour sa mémoire, et peut revenir avec facilité sur les zones qu’il occupait ». Pour le président fondateur de l’ONG Wildlife Angel, « il faut comprendre comment aider [le Botswana] plutôt que de relancer le débat ». Selon lui, « cela passe notamment par un meilleur armement des rangers afin d’arrêter les braconniers » et de « mieux protéger les parcs nationaux. Mais « cela implique des moyens financiers », complète-t-il.

Seulement 400.000 éléphants sur le continent africain

 

« Si rien ne change, il n’y aura plus d’éléphant dans quinze ans »

Maud Lelièvre, présidente de l'UICN France

Pour autant, la population d’éléphants sur le continent africain a chuté drastiquement depuis le début du siècle. « Pour 5 millions d’éléphants au début du siècle dernier, on estime sa population à 400.000 individus aujourd’hui », fait savoir Maud Lelièvre. Un rythme de réduction qui contraste avec le taux de renouvellement de l’espèce : « On perd environ 18.000 éléphants chaque année, ajoute Sergio Lopez. Sauf que les éléphants ne donnent naissance qu’à un seul petit par portée, avec une période de gestation de 2 à 3 ans ».

Pour la présidente de l’UICN France, il devient alors impératif de « dévaloriser la valeur de l’ivoire », principale cause de la perte de l’éléphant d’Afrique, pour protéger l’espèce. S’ajoute à cette nécessité l’importance de sensibiliser les populations locales sur l’importance de sa conservation. « Il faut faciliter le développement économique et faire en sorte que ces communautés acquièrent d’autres revenus que l’ivoire ». Car si cet effondrement continue à même allure, « il n’y aura plus d’éléphant dans quinze ans », alerte M. Lelièvre.