Dans cet élevage du 1er producteur européen de fromages de chèvre fermier, 2000 chèvres sont parfois frappées et détenues dans d'horribles conditions. ©L214
Une enquête de l’association L214 dénonce les conditions de vie sordides des chèvres et de leurs petits, exploités dans l’élevage du 1er producteur européen de fromages de chèvre fermier, en Saône-et-Loire. La Fondation 30 Millions d’Amis réitère l’urgence de mettre fin au système de l’élevage intensif.
Chevreaux délaissés et à l’agonie, chèvres enfermées et frappées… Des images choquantes révélées par l’association L214 mettent en cause l’élevage du 1er producteur européen de fromage de chèvre fermier, à Saint-Maurice-de-Satonnay (71).
Pour les lanceurs d’alerte, « cet élevage enferme environ 2 000 chèvres ayant pour seul accès extérieur une cour bétonnée ; elles n’ont jamais l’occasion de paître. Les chèvres qui rencontrent des difficultés à la mise bas sont envoyées à l’abattoir ; les nouveau-nés sont retirés à leur mère dès la naissance ». Selon L214, les mâles seront vendus pour être engraissés, tandis que les femelles serviront à renouveler le cheptel ou seront vendues à l’étranger.
Je ne pensais pas à un élevage intensif avec autant de maltraitance.
Lanceur d'alerte
De plus, l’association indique que de nombreux animaux sont gravement malades ; certains subissent même des coups. « Chèvres et chevreaux meurent quotidiennement par dizaines, souvent après une longue agonie, fustige la comédienne Isabelle Adjani, qui a accepté de relayer le plaidoyer. Leurs cadavres s’entassent et se décomposent ». Les chèvres qui survivent sont conduites à la salle de traite automatique où sont collectées d’immenses quantités de lait : « Il est désolant de constater que les intérêts économiques prédominent encore sur les conditions de vie des animaux, et sur l’information aux consommateurs », accuse Sébastien Arsac, cofondateur de L214.
Les images auraient été transmises à l’ONG de protection animale par des salariés de l’exploitation qui fournit plus de 4 millions de préparations fromagères chaque année… Des fromages – dont 2 sous AOP – servis sur les tables de restaurants étoilés et vendus en grande distribution sous les marques Chevenet, Le Chevrier des Crays, Grandjean. « Je ne pensais pas à un élevage intensif avec autant de maltraitance. Je pensais qu’il y avait plus de respect de l'animal, quand même, déplore l‘un des lanceurs d’alerte. Il faut en parler parce que ça ne doit pas rester caché ». « Parfois, refuser de voir, c’est consentir, ajoute Isabelle Adjani dans la vidéo. Ces images, aussi terribles soient-elles ne sont pas une fatalité. Révoltons-nous contre l’ignorance, l’indifférence, la cruauté ».
Aussi terribles soient-elles, ces images ne sont pas une fatalité.
Isabelle Adjani
Une plainte a été déposée auprès du tribunal de Mâcon contre l’élevage pour « mauvais traitements » et « pratiques commerciales trompeuses » ; les conditions de vie misérables des animaux étant en décalage total avec la communication de l’entreprise qui prône notamment le « respect des animaux » avec, à l’appui, des photos de chèvres en plein air ! Raisons pour lesquelles L214 demande aux distributeurs des fromages Chevenet, aux supermarchés et à la Fédération du Commerce et de la Distribution de se détourner « des produits provenant des exploitations qui exercent les pires pratiques d’élevage ».
La Fondation 30 Millions d’Amis réitère également auprès du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau sa demande visant à mettre fin à l’élevage intensif. Un modèle rejeté par 85% des personnes interrogées [Baromètre Fondation 30 Millions d’Amis /Ifop, 2022].
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