Les associations de protection animale font part de leurs craintes quant à la gouvernance et aux moyens alloués au futur centre des 3R./©Adobe Stock-efmukel
La loi de programmation de la recherche 2021-2030 promulguée le 24 décembre 2020 prévoit la création d’un centre national dédié au principe des trois R (remplacement, réduction, raffinement) dans l’expérimentation animale. Cependant des incertitudes demeurent : quelle gouvernance pour ce centre, quels moyens lui seront alloués, quelle place sera accordée au « remplacement » c’est-à-dire aux méthodes non-animales ? La Fondation 30 Millions d’Amis a sollicité Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
Sans remplacement, pas d’avancée ! Si la loi de programmation de la recherche acte dans son rapport annexe la création d’un centre national dédié au principe des « trois R », des questions se posent autour du fonctionnement de cette nouvelle entité. La Fondation 30 Millions d’Amis a adressé un courrier à Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, lui demandant des précisions sur les moyens et la gouvernance de ce centre.
Nous serons très vigilants sur la composition de l’organe de gouvernance.
Muriel Obriet - Présidente Transcience
Pour rappel, le principe des « trois R » - élaboré en 1959 par deux scientifiques britanniques - est l’un des piliers de la directive européenne 2010/63/UE relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques. L’application de ce principe nécessite que les chercheurs n’utilisent les animaux que lorsqu’il n’existe aucune autre méthode (remplacement) ; s’il n’existe pas d’autre méthode ils doivent réduire autant que possible le nombre d’animaux utilisés (réduction) ; enfin ils doivent veiller à diminuer autant que possible la souffrance des animaux utilisés (raffinement).
« C’est avec satisfaction que nous avons accueilli la création d’un centre dédié aux 3R, explique Muriel Obriet, présidente de Transcience », association pour une transition vers une recherche non animale, jointe par 30millionsdamis.fr ». « Toutefois, nuance-t-elle, nous serons très vigilants sur la composition de l’organe de gouvernance. Il est essentiel que les responsables de ce centre soient exempts de tout conflit d’intérêt. De même, il faut que l’organe de gouvernance réunisse une proportion suffisante d’experts en matière d’approches non-animales. De cette composition dépend l’orientation de ce centre des 3R. »
La question de la gouvernance est d’autant plus légitime qu’une confusion semble entretenue dans la communauté scientifique et politique au sujet des « trois R ». On aurait tendance à assimiler l’application du principe des 3R avec l’application de méthodes alternatives. Or le principe des 3R n’exclue nullement l’expérimentation animale. Appliquer le principe des 3R c’est se conformer à une pratique « éthique » de la recherche sur animaux, appliquer des méthodes alternatives c’est ne pas utiliser d’animaux en faisant appel à des méthodes dites « de remplacement ». Si les actions du centre sont uniquement dédiées au « raffinement » et à la « réduction » les méthodes non-animales seront envisagées comme de simples méthodes d’appoint et le centre ne contribuera nullement à la transition vers une recherche sans animaux.
Attention aux effets d’annonce, il faut que ce centre ait les moyens d’agir.
Muriel Obriet - Présidente de Transcience
Autre point d’inquiétude pour les associations de protection animale, les moyens humains et financiers mis en œuvre pour ce projet. « Le texte est peu précis sur les moyens alloués à ce centre, s’inquiète Muriel Obriet. Pour que les choses avancent dans le sens d’une réduction sensible et continue du nombre d’animaux utilisés dans la recherche et l’enseignement il faudra de l’argent et des effectifs. Attention aux effets d’annonce, il faut que ce centre ait les moyens d’agir. »
En France, le principe des « trois R » n’a pas enclenché de réelle baisse du nombre d’animaux utilisés à des fins d’expérimentation. Environ 1,9 million d’animaux ont été utilisés dans les procédures (comptabilisés tous les ans) en 2018 selon des chiffres publiés par le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Un nombre qui ne prend pas en compte les animaux « non impliqués dans les procédures expérimentales » (animaux euthanasiés pour prélèvement d’organes ou de tissus, animaux élevés et non impliqués dans ces procédures…) dont les statistiques sont publiées tous les 5 ans. En 2017, la France avait utilisé 2,1 millions d’animaux à ce titre, précise l’association Transcience.
Dès lors qu’il est démontré que des méthodes substitutives existent, 89 % (+3 pts vs 2019) des Français sont favorables à l’interdiction de toute expérimentation animale. (Baromètre 2021 - Fondation 30 Millions d'Amis - IFOP).
simplet 30/01/2021 à 10:19:55
L'expérimentation sur les animaux est un crime. Les expériences doivent être faites sur de humains volontaires. L'animal-homme n'a pas le droit de fire souffrir les autres animaux pour son seul profit.
HommeEstAnimal 27/01/2021 à 20:24:54
Lêtre humain se croit au dessus de tous les autres animaux car nous sommes aussi des animaux. A ce titre, il considère normal de tuer des animaux pour que lui vive. Résultat : nous sommes toujours plus nombreux et les animaux de moins en moins nombreux. Et en effet l'argent n'est pas pour rien à cette situation. Nous avons évolué technologiquement mais nos esprits sont toujours les mêmes remplis d'avidité, de cupidité et d'insensibilité pour la grande majorité d'entre nous. En raison de tout cela, je ne donne qu'à des associations s'occupant des animaux.
pouguy 27/01/2021 à 19:25:53
ça serait bien qu'il y en ait plus du tout, mais certains pays comme les états unis et d'autres continuerons à le faire malheureusement car les associations pour la protection animale sont rare ou très peu nombreuses dans ces pays. sans oublier que certains laboratoires ne se priveront pas de continuer sans etre sanctionnés maheureusment
Clairette2 27/01/2021 à 16:59:34
Et oui toute cette souffrance n'est pas prête de s'arrêter... Combien de chiens, de singes, de souries... vont subire la torture à des fins de recherches - Il faut que la "médecine" OUI, avance mais pas en faisant souffrir les animaux. Et derrière tout ça il y a l'argent, l'argent et encore l'argent...
laika nina 27/01/2021 à 10:01:08
9 français sur 10 sont contre l'expérimentation animale mais le week-end du téléthon tous se précipitent pour faire un don alors qu'on sait que de nombreux chiens vivent des souffrances atroces pour la recherche. On sait aussi que cela n'a servi à rien car aucune avancée n'est apparue. Alors il faut que mles gens prennent conscience que l'argent qu'ils donnent au téléthon est source de souffrance animale. Il faut que toutes les grandes associations le fassent savoir comme l'a fait One Voice.
AnneV 20/01/2021 à 18:27:50
Les "effets d'annonce" ? ce gouvernement est passé maître dans l'art des "annonces" (ils seraient géniaux dans la pub mensongère) Depuis 4 ans, nous subissons cette politique du blabla et au final ? Peanuts ! Trump dégage aujourd'hui, ne reste plus que Bolsonaro et Macron et peut être arriverons nous à une politique pro-planète et pro-animaux !!!!!