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« Le corbeau et le renard » : Tirer les leçons de la crise sanitaire… plutôt que sur les animaux sauvages

La chasse au renard et le piégeage des corbeaux pour lutter respectivement contre le risque sanitaire et les dégâts agricoles : un procédé inefficace... voire contre-productif ! ©Jiri Sifalda / unsplash - Pixabay

Sans évaluation de sa nécessité, de ses coûts ni de ses effets, la chasse comme outil pour réguler les populations d’animaux sauvages en Europe est un non-sens, estime l’auteur d’une récente synthèse scientifique sur le sujet. Le Pr Frédéric Jiguet revient pour 30millionsdamis.fr sur les principales conclusions de son étude.

Et si notre propre expérience du confinement pouvait nous faire prendre conscience de l’absurdité de persécuter aveuglément les animaux sauvages ? Frédéric Jiguet, Professeur en écologie au Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN), dresse un parallèle (inverse) entre les mesures adoptées pour éviter la transmission du virus responsable du Covid-19 d’un côté, et la chasse aux renards – susceptibles de transmettre l’échinococcose alvéolaire, une maladie parasitaire – de l’autre. « Si chaque famille humaine reste dans sa maison, le coronavirus contaminera moins de personnes. De même, si chaque famille de renards reste sur son territoire, l’échinocoque [ver parasite responsable de l’échinococcose, NDLR] se transmettra moins, explique le chercheur. Mais si vous tuez des individus, vous déstabilisez les populations de renards, qui vont alors se disperser et répandre la maladie. En termes de risque sanitaire, la chasse est une forme de déconfinement. »

La chasse au renard augmente le risque sanitaire

 

Massacrer 500.000 renards chaque année en France me semble totalement aberrant.
Pr Frédéric Jiguet

Ce raisonnement – inspiré par la crise sanitaire actuelle – a motivé l’écologue à publier dans la revue Biological Conservation une synthèse intitulée « Le Corbeau et le Renard. Un besoin d’actualiser les stratégies de régulation des nuisibles » (The Fox and the Crow. A need to update pest control strategies, juin 2020). « En tant que spécialiste des dynamiques de populations animales, il me semble totalement aberrant de massacrer 500.000 renards chaque année en France, alors qu’il n’y a jamais eu d’évaluation pour savoir si cette mesure avait les effets escomptés », affirme F. Jiguet. Pire, les études scientifiques rassemblées par le chercheur montrent une inefficacité, voire même… une augmentation du risque sanitaire ! Ainsi, en 4 ans de chasse intensive aux renards (+35 % d’animaux tués) autour de la ville de Nancy (54), non seulement le nombre de goupils est resté stable en moyenne dans la région, mais la prévalence de l’échinocoque s’y est accrue de 40 % à 55 % (Comte et al. 2017).

Un effet contre-productif qui s’expliquerait à la fois par les déplacements d’animaux favorisés par la chasse, et par le contact accru entre humains et goupils, les chasseurs pouvant contracter l’échinococcose au contact des cadavres. Ainsi, au Luxembourg, où les renards ont été rayés de la liste des espèces chassables en 2015, leurs effectifs n’ont pas augmenté… tandis que le taux d’infection à l’échinocoque, lui, est passé de 40 % à 25 %. « On a tout faux sur cette question ! Il est urgent remettre en question nos pratiques », insiste le Pr Jiguet, qui prône une évaluation à la fois sanitaire, économique et éthique de la chasse et du piégeage. « Même si les chasseurs disent effectuer un travail bénévole, tuer les renards n’est pas gratuit pour la société, poursuit le chercheur. Le coût de cette stratégie peut être estimé à travers le nombre d’heures passées sur le terrain – qui pourraient tout aussi bien être consacrées à d’autres activités de service public – mais aussi en matériel, en munitions… »

4 millions de corvidés massacrés en Europe chaque année

 

Les piégeages de corbeaux à l’échelle locale ne servent à rien contre les dégâts agricoles.
Pr Frédéric Jiguet

Qu’il s’agisse d’un risque sanitaire ou d’un autre type de nuisance, choisir la meilleure réponse implique de connaître les dynamiques écologiques en jeu : les animaux qui posent problème sont-ils nés à 500 mètres d’ici, où s’agit-il de migrateurs originaires de l’Extrême-Orient russe, à plus de 8000 km ? La question de l’échelle spatiale se pose en particulier pour les corbeaux, persécutés en raison de leur propension à fouiller la terre des pelouses et des champs à la recherche de petites proies. « Les corvidés se regroupent sur de vastes territoires, jusqu’à 40.000 km2. Ceux qui sont tués à un endroit ont donc de fortes chances d’être remplacés par d’autres congénères, explique le Pr Jiguet. Les piégeages locaux ne servent à rien contre les dégâts agricoles. » Pourtant, plus de 4 millions d’entre eux sont massacrés chaque année en Europe, dont 400.000 corbeaux et freux tués dans l’hexagone.

Si l’exemple luxembourgeois de l’interdiction de la chasse au renard suggère que la meilleure option pourrait être de laisser les populations vulpines s’auto-réguler, le cas des corvidés requiert, en revanche, davantage d’inventivité et de résilience de notre part. Pour preuve, l’expérience menée par l’équipe du Pr Jiguet au Jardin des Plantes à Paris, où seule la moitié des pelouses ont été tondues à la fin du mois d’août 2019. « Celles que l’on avait laissé pousser étaient beaucoup moins arrachées, constate l’écologue. L’explication la plus probable est que les corneilles ne voient pas facilement les proies cachées sous l’herbe haute. Elles sont donc moins incitées à aller fouiller le sol qu’avec une pelouse fraîchement tondue. » Une solution simple, peu coûteuse… et surtout éthique. Cette leçon vaut bien que l'on s'engage, sans doute !

Commenter

  1. Bandy86 23/07/2020 à 13:55:45

    Ce sont toujours les animaux qui sont visés, est ce qu'un jour l'être humain se rendra compte qu'il est le plus dangereux et qu'il ne peux pas vivre sans d'autres espèces vivantes que sont les animaux. Laissez les vivrent en paix, est ce trop demandé ?

  2. nous pour eux 22/07/2020 à 19:29:41

    Qui entendrant ce message et qui s'en souciera ?

  3. AnneV 17/07/2020 à 17:17:29

    Vous n'avez plus l'extension facebook ?

  4. AnneV 17/07/2020 à 17:15:08

    Cela m'étonnerais que Macron et ses copains chasseurs entendent ni même comprennent ce message !!!!