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Le cri d'alarme de Jane Goodall

Le cri d’alarme de Jane Goodall

La célèbre primatologue britannique Jane Goodall interpelle les citoyens et les pouvoirs publics sur les considérables progrès à accomplir d'urgence pour sauver les grands singes. Entretien.

La célèbre primatologue britannique Jane Goodall interpelle les citoyens et les pouvoirs publics sur les considérables progrès à accomplir d'urgence pour sauver les grands singes. Entretien.

Fondation 30 Millions d'Amis : A mi-parcours de l'Année Internationale de la Biodiversité, quel est votre sentiment ?
Jane Goodall :
Vous souhaitez une réponse franche ? Je peux vous dire que les promesses faites en 2002, notamment par les différents Etats présents, n'ont pas été tenues. Malheureusement, l’objectif de ralentir la perte de certaines espèces animales et végétales n’a pas été atteint. Les Etats n’ont pas mis en œuvre les moyens nécessaires alors qu’ils savent parfaitement que « la maison brûle » comme le faisait observer le Président Jacques Chirac. S’agit-il d’un manque de courage ? D’ambitions ? De compétences ?

Le cri d’alarme de Jane Goodall F30MA : Il y a 50 ans que vous avez commencé à observer les chimpanzés. Quelles sont aujourd’hui les principales menaces qui pèsent sur les grands singes ?
JG : La déforestation est en partie responsable de leur déclin. Le commerce du bois tropical et la monoculture du palmier à huile en sont les deux raisons principales. En 1960, au début de mes recherches sur les chimpanzés, il y en avait bien plus d'un million à travers l’Afrique : aujourd'hui, il n’en reste pas plus de 300 000. En Malaisie et en Indonésie, l’orang-outan est gravement menacé. Si aucune mobilisation et action à grande échelle n’est entreprise, il aura très probablement disparu d’ici dix ans ! Et en Afrique, le nombre de gorilles a diminué de 60% au cours de ces 25 dernières années ! F30MA : Les pays dans lesquels vous travaillez, comme le Gabon et la Tanzanie, respectent-ils la législation en termes de protection animale ?
JG : Les choses sont plus compliquées que cela. Comme vous le savez, la France est la grande spécialiste des textes sans application en raison de l’absence de moyens inhérents. Les pays d’Afrique se trouvent bien souvent dans la même situation, toute proportion gardée bien entendu. Il y a une réelle volonté politique de protéger la biodiversité mais très peu de moyens concrets pour le faire. F30MA : Avez-vous observé un changement dans l’évolution des mentalités, notamment chez les écoliers auprès desquels vous intervenez ?
JG :
Les enfants et les adolescents que je rencontre, de la maternelle au lycée, ont pris des initiatives et travaillent ensemble afin de protéger leur patrimoine naturel. C’est au quotidien que les jeunes peuvent faire la différence. Par exemple, collecter et recycler des cartouches d'encre pour les imprimantes ne sert pas seulement à éviter que ces déchets souillent la nature, mais permet de collecter des fonds pour financer les projets de nos groupes éducatifs comme notre programme Roots & Shoots, en Afrique et ailleurs. F30MA : Lors de la Journée mondiale de l’environnement (5/06/10), le PNUE [Programme des Nations Unies pour l’Environnement, NDLR] a décidé d’allouer 50 000 dollars d’aides à la protection des gorilles...
JG :
C’est évidemment une très bonne chose. Toutes les contributions sont les bienvenues. 50 000 dollars est une somme très importante mais sans commune mesure avec les moyens qui sont dépensés pour polluer notre planète. F30MA : Qu’attendez-vous du Sommet de la Biodiversité (18 au 29/10/10) à Nagoya, au Japon?
JG :
La réunion de Nagoya en octobre prochain est cruciale. Les 190 pays signataires de la Convention sur la diversité biologique feront le point sur « l’objectif 2010 » et établiront un plan de lutte pour les années à venir. Là encore je vais vous parler franchement : j’attends dès à présent une mobilisation d’envergure de l’opinion publique et des Etats pour saisir l’opportunité fantastique qui sera offerte à Nagoya de changer le cours actuel des choses. Les différentes formes de vie de notre planète, l'avenir de nos enfants est entre nos mains. Ensemble, nous pouvons changer le monde. F30MA : Quels comportements doit-on changer au quotidien pour aider les grands singes ?
JG :
Consommer différemment ! Regagner notre liberté de consommateur ! Faire les bons choix pour notre organisme, celui de nos enfants et la préservation de notre planète. Consommer des produits bio. Manger moins de viande car l'élevage intensif des animaux à un effet dévastateur sur l'environnement par les rejets de méthane qui créent plus de gaz à effet de serre chaque année que les émissions de CO2 de toutes les automobiles et les avions de la planète ! Installer des panneaux solaires, réduire nos déchets, privilégier les déplacements à vélo ou à pied. Sensibiliser nos proches, y compris au bureau, aux dangers de certains aliments qui sont nocifs pour notre santé, mais qui contribuent également à détruire les richesses de notre planète, qu’elles soient naturelles ou culturelles. Savez-vous que l’huile de palme que l’on trouve dans beaucoup d’aliments, par exemple, remplace l’habitat naturel des orangs-outans et génèrent également de véritables ethnocides ?!
A savoir
Dans le cadre de l’Année Internationale de la Biodiversité et des 50 ans de recherche du Dr Jane Goodall en Afrique, l’Institut Jane Goodall France présentera un dialogue exceptionnel entre le Dr Jane Goodall, Chantal Jouanno, Secrétaire d’Etat à l’Ecologie, et le paléoanthropologue Yves Coppens. En savoir plus sur www.janegoodall.fr

Photo : © Institut Jane Goodall France