« C’est la forêt la plus riche que j’ai vue en 20 ans, tant en diversité qu’en densité d’animaux », confie Chanee à 30millionsdamis.fr. Le passionné de gibbons et fervent protecteur de la nature a découvert la forêt de Dulan par hasard, sollicité pour récupérer un crocodile secouru dans les parages. « Cet animal appartenait à une espèce très rare, ce qui nous a mis la puce à l’oreille », raconte-t-il. Sillonnant cet écosystème luxuriant où résonnent les chants des gibbons, Chanee et son équipe repèrent de nombreuses traces d’ours, de cerfs sambars, de panthères nébuleuses… Avant de croiser, à leur grande surprise, plusieurs dizaines de nids d’orangs-outans !

Source de cette prodigieuse biodiversité, un vaste lac permet aux animaux de la forêt de s’abreuver. « En période de sécheresse, cette réserve d’eau permanente leur est précieuse », explique Chanee. Tout comme l’Amazonie, l’Indonésie a subi cet été un climat particulièrement sec, donnant lieu à de terribles incendies… favorisés par la déforestation. En cause : la demande mondiale en huile de palme, notamment pour les agrocarburants. « Les gens commencent à comprendre que l’huile de palme durable n’existe pas, analyse Chanee. Mais les échéances fixées par les politiques [pour la fin des importations] sont beaucoup trop lointaines : ici et maintenant, la forêt est en train de disparaître ! ».

Protection versus déforestation : une course contre la montre !

Face à la terrible spirale de déforestation orchestrée par les compagnies minières et d’huile de palme, qui rachètent l’une après l’autre les parcelles de jungle, Kalaweit a choisi… de se battre à armes égales. L’association propose ainsi aux villageois de racheter leurs terrains afin de les intégrer à la réserve protégée de Dulan. « En vendant à Kalaweit plutôt qu’aux compagnies, ils savent que la forêt y sera conservée, et qu’ils ne risquent pas d’être chassés de leurs terres », précise Chanee. Si la chasse est strictement interdite sur le territoire de la réserve, les habitants poursuivent leurs activités traditionnelles de pêche dans le lac, de collecte et de cueillette de plantes dans les sous-bois.

Sur les 1500 hectares que compte la forêt de Dulan, 320 hectares ont déjà été acquis par Kalaweit, à raison d’environ 900 euros l’hectare. « Nous avons très peu de temps pour sécuriser les hectares restants, avant qu’ils ne soient achetés par les compagnies minières et d’huile de palme », s’inquiète toutefois Chanee, qui a suivi pendant une journée entière un grand mâle orang-outan en lisière de forêt… sur un territoire à l’avenir encore incertain. Les prochains mois de collecte de fonds seront décisifs pour la réserve et sa faune exceptionnelle. « Chaque geste compte », conclut le jeune homme qui a, une nouvelle fois, le soutien financier de la Fondation 30 Millions d’Amis.

Des nouvelles régulières du projet Dulan sont disponibles sur la chaîne Youtube de Kalaweit. ©Chanee Kalaweit /Youtube