Paris, 2 juil 2019 (AFP) - Pesticides, pollution plastique, artificialisation des sols, moyens financiers... Les ONG ont dénoncé mardi les lacunes de la France en matière de protection de la nature, à l'occasion de l'anniversaire du plan biodiversité du gouvernement.
Le 4 juillet 2018, Edouard Philippe et Nicolas Hulot, alors ministre de la Transition écologique, présentaient 90 actions pour s'attaquer à la disparition accélérée des espèces et des espaces naturels. Le gouvernement est "décidé à prendre" cet enjeu "à bras-le-corps", promettait alors le Premier ministre, après le cri d'alarme lancé par Nicolas Hulot quelques mois plus tôt : la biodiversité, "tout le monde s'en fiche".
En mai dernier, Emmanuel Macron annonçait à son tour des actions, appelant à "un changement profond" des modes de production. Les mesures présentées il y a un an balayaient un vaste champ vaste de domaines : lutter contre l'étalement urbain avec un objectif de zéro artificialisation nette des sols (sans échéance fixée), éviter tout rejet de plastique en mer d'ici 2025, chercher des alternatives aux pesticides et rémunérer les agriculteurs pour qu'ils restaurent des zones de refuge pour la nature, végétaliser les villes, inciter les entreprises à réduire leur impact sur la biodiversité, développer des aires protégées, mieux protéger les espèces menacées, sensibiliser les citoyens aux enjeux de protection de la nature et la défendre à l'échelle internationale...
Un an plus tard, 14 ONG de défense de l'environnement ont évalué 80 des mesures annoncées et dressé dans un tableau un bilan qu'elles jugent décevant : seules 17 % sont jugées abouties et bénéficient d'un "smiley" vert content, 55 % d'un orange "pas satisfaisant" et 27 % d'un rouge "inacceptables". Elles regrettent aussi le manque de moyens.
"Notre groupe de 14 ONG n'a pas été sollicité pour travailler avec le ministère sur ce plan biodiversité comme il conviendrait", a regretté Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de la Protection des oiseaux (LPO).
Les sources d'insatisfaction sont diverses. Pour la LPO, les modalités de la nouvelle gestion des espèces chassables ne va pas dans le bon sens. "La France a le chic pour inverser les concepts : la gestion adaptative devient "comment on peut faire quand une espèce va mal pour continuer à prélever" ", a ironisé Allain Bougrain-Dubourg. En France, des espèces vulnérables peuvent être chassées, comme la tourterelle des bois.
"Il y a une vingtaine d'évolutions du droit de l'environnement qui fragilisent le droit lui-même", a dénoncé pour sa part Jean-David Abel, de France nature environnement (FNE). S'il salue les promesses du gouvernement d'agrandir les aires protégées, il regrette "des intentions mais pas de moyens". Concernant la lutte contre le plastique, "on n'y est pas du tout", pour Diane Beaumenay, de Surfrider.
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