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Protection

La Défense prend le gypaète barbu sous son aile

Le 20/10/09, le ministère de la Défense signait un protocole d'accord avec le ministère de l'Ecologie et la LPO* pour la protection du gypaète barbu. Le colonel Serge Lefetz, directeur adjoint de la DIRCAM** et Frédéric Roulleau, adjoint du bureau environnemental du ministère de la Défense, ont accepté de répondre aux questions de la Fondation 30 Millions d'Amis.

Le 20/10/09, le ministère de la Défense signait un protocole d'accord avec le ministère de l'Ecologie et la LPO* pour la protection du gypaète barbu. Le colonel Serge Lefetz, directeur adjoint de la DIRCAM** et Frédéric Roulleau, adjoint du bureau environnemental du ministère de la Défense, ont accepté de répondre aux questions de la Fondation 30 Millions d'Amis. Inscrit à la liste des espèces menacée et protégée, le gypaète barbu a été réintroduit dans les Alpes au début des années 80. Mais le passage en rase-motte des avions de chasse militaires, le menace à nouveau. Effrayé, l'oiseau risque d'abandonner son nid et ses poussins, rendant les chances de survie de l'espèce de plus en plus minces. Pour la première fois, l'armée de l'air est mise à contribution pour la préservation d'une espèce protégée. Spécialistes de l'environnement (ministère de l'Ecologie), des oiseaux (LPO) et de la Défense (DIRCAM et DMPA) se sont assis autour d'une même table pour que ce survivant n'y laisse pas toutes ses plumes.

Un protocole pour sauver le Gypaète Barbu/Crédits : Ministère de la défense DMPA/Jacques Robert
<rmiphone>Signature du protocole entre la LPO, le ministère de la Défense et celui de l'Ecologie</rmiphone>

La Fondation 30 Millions d'Amis : Est-ce la première fois que la Défense participe à un protocole en vue de protéger une espèce faisant partie de l'avifaune ?Colonel Serge Lefetz : Oui. La DIRCAM est habituellement consultée lors de l'établissement des textes réglementaires régissant les espaces protégés, mais c'est la première fois  qu'elle est impliquée dans un tel partenariat pour l'établissement d'un protocole de cette nature. F30MA : Est-ce une contrainte supplémentaire pour les pilotes des différents aéronefs, chasseurs, hélicoptères ou autres : changement des plans de vol, nouvelles cartes de vol, nouvelles zones autorisées ?
Colonel Serge Lefetz :
Oui, cela induit une réduction supplémentaire des espaces disponibles pour l'entraînement des forces au vol en montagne. Toutefois, la Défense a fait depuis longtemps le choix du partage de l'espace aérien et du respect de l'environnement. Elle inclura désormais les contraintes liées à la protection du gypaète barbu dans la réalisation de ses missions. Du fait du caractère non pérenne des zones de reproduction, il ne peut être question de modifier la cartographie aéronautique militaire. Mais les autorités ordonnatrices de missions et tous les pilotes seront informés des nouvelles contraintes qu'ils devront prendre en compte dans l'établissement des ordres de vol et la réalisation des missions. F30MA : Une formation spécifique des pilotes leur sera-t-elle dispensée ? Quelle sera sa teneur ?
Colonel Serge Lefetz :
Il n'est pas nécessaire de dispenser une formation spécifique à l'ensemble des pilotes de la Défense pour leur signifier l'existence de ces nouvelles contraintes. Ces pilotes sont habitués à recevoir en permanence une masse d'informations plus ou moins contraignantes qu'ils intègrent dans la préparation et l'exécution de leurs missions. Ils seront donc informés de ces nouvelles contraintes, et devront en tenir compte comme pour toutes les autres informations aéronautiques impliquant une contrainte. Nous devons rester toutefois relativement discrets sur la localisation exacte des zones de nidification du gypaète barbu pour éviter un afflux de randonneurs et autres "curieux" pouvant perturber la reproduction... tout autant qu'un aéronef. Cette information utilisera donc différents moyens, en particulier la mise en ligne de l'ensemble de la cartographie des différents sites sur un intranet protégé et d'accès restreint pour garantir une certaine confidentialité. F30MA : L'adoption de ce protocole va-t-il demander au ministère de la Défense de former une partie de son personnel à la nécessité de préserver la faune ?
Colonel Serge Lefetz :
Non, les pilotes ont déjà pris conscience de cette nécessité, à travers les nombreuses interdictions de survol existantes pour causes environnementales - parcs naturels, réserves naturelles, sites NATURA 2000, etc. - mais également dans l'adoption de procédures visant à réduire les nuisances environnementales. F30MA : Cela fait près d'un siècle que l'homme partage le ciel avec les oiseaux... Pourquoi une prise de conscience maintenant ?
Colonel Serge Lefetz :
Un peu plus d'un siècle en vérité. Notre prise de conscience du besoin de protection de l'environnement, notamment de l'avifaune, n'est pas nouvelle et elle est associée depuis de nombreuses années à tous les processus d'établissement de réglementations en ce domaine. Simplement, c'est la première fois que la Défense qu'elle est sollicitée de la sorte  pour assurer la protection, voire la survie d'une espèce menacée.  C'est là un nouveau défi à relever et nous y participons avec enthousiasme. Frédéric Roulleau : Fort heureusement, le ministère de la Défense n'a pas découvert l'environnement avec le Grenelle. Mais le Grenelle de l'environnement a permis d'accélérer et de mieux structurer nos actions, de renforcer et conforter des actions déjà menées localement. F30MA : Des protocoles de conservation concernant d'autres espèces menacées pourraient-ils voir le jour ?
Frédéric Roulleau :
La signature de ce protocole est liée à l'extrême  sensibilité du Gypaète barbu aux activités humaines, notamment le survol d'aéronefs (avions, hélicoptères, planeurs, parapentes) qui peut provoquer l'abandon des nids et nuire à la reproduction de cette espèce.
L'objectif n'est pas de signer pour chaque espèce menacée un protocole spécifique mais de prendre en compte de manière générale la biodiversité dans le cadre des activités du ministère de la Défense
A titre d'exemple, les terrains militaires, d'accès réglementé, ont échappé à l'urbanisation, à certains modes d'agriculture intensive - pas de produits phytosanitaires, pas de remembrement - et à l'industrialisation - pas de zone d'activité industrielle et commerciale -  et présentent de ce fait un intérêt faunistique et floristique souvent remarquable et reconnu par les naturalistes. Signature d'un accord avec les conservatoires d'espaces naturels et le ministère de la DéfensePour préserver cette biodiversité,  le ministère a développé des accords de gestion écologiques avec des organismes spécialisés. Ceux-ci ont pour objet  d'assurer le meilleur niveau possible de protection de la faune et de la flore présentes sur un terrain tout en préservant sa vocation militaire, c'est-à-dire la poursuite des activités de manœuvres et de tirs.
Pour développer cette prise en compte de la biodiversité,  le ministre de la Défense a signé ainsi le 3 septembre 2009 une convention de partenariat écologique avec la Fédération des conservatoires des espaces naturels, Fédération qui regroupe les 30 conservatoires régionaux et départementaux des espaces naturels. F30MA : Ce présent protocole concerne principalement l'avifaune. D'autres protocoles concernant par exemple, la faune marine ou aquatique, ou la faune terrestre, pourraient-ils voir le jour ?
Frédéric Roulleau :
Sur la faune marine et aquatique, le ministère de la Défense a des contacts réguliers avec le Centre de Recherche des Mammifères Marins (CRMM) et des laboratoires de recherche associés sur le projet de comptage des cétacés en Atlantique (CODA). En Méditerranée, la marine est également partenaire de l'association EcoOcéan qui a accès aux sémaphores pour collecter des informations sur le trafic maritime et étudier son influence sur les mammifères marins. Deux fois par mois, la Marine propose une place à un observateur de cette association à bord d'un aéronef de patrouille maritime.
De manière générale, la Marine Nationale  apporte une contribution majeure à la protection de l'environnement en mer en mettant en œuvre ses moyens pour prévenir, réprimer et lutter, si nécessaire, contre la pollution du milieu marin. Sur la faune terrestre, dans le cadre de plan gestion locaux,  les conservatoires des espaces naturels interviennent déjà sur 6 camps de l'armée de terre pour préserver notamment la vipère d'Orsini,  des amphibiens comme le crapaud calamite, la rainette verte, le Pélodyte ponctué ou le Triton crêté sur le camp de Sissonne...  
*Ligue de Protection des Oiseaux
**Direction de Circulation Aérienne Militaire