Rémy Marion et Farid Benhammou
Résumé du livre
«
La géographie, ça sert d'abord à faire la guerre » écrivait Yves Lacoste, le père du renouveau de la géopolitique en France. L'ours polaire incarne à lui seul les grands enjeux environnementaux, à commencer par le réchauffement climatique. Or, par essence, les questions environnementales sont conflictuelles et territoriales.
L'Arctique, milieu de vie unique du plus grand carnivore terrestre, fait immédiatement penser à la convoitise de ressources disputées et aux futures voies maritimes dont on imagine, un peu hâtivement et naïvement, qu'elles deviendront des autoroutes. Des organisations non gouvernementales, de
grandes firmes et des États (Canada, Russie, États-Unis, Norvège, Danemark…) ont contribué à mettre en lumière l'animal assimilé à un géant fragile face à ces multiples enjeux.
Pourtant, sait-on que l'ours polaire a été un élément pacificateur pendant la Guerre froide ? Sait-on qu'il est une des origines de la coopération internationale montante en Arctique ? Sait-on également que contrairement aux autres grands prédateurs, aucune organisation ne s'est constituée contre sa présence ?
La protection de l'ours polaire génère des questions pour sa survie, sa protection et sa gestion. Mais il partage, en situation extrême, des territoires avec des sociétés humaines autochtones et non autochtones, ce qui pose inévitablement des questions de cohabitation et de sécurité publique. Avec l'autonomie croissante de communautés locales comme les Inuit, surgissent alors les bases d'une géopolitique locale impliquant l'ours polaire.
Le statut de protection de l'espèce émane cependant d’échelles nationales puis internationales. Des tensions opposent protecteurs et partisans de l'exploitation de l'Arctique et du plantigrade. Il en est de même des grands enjeux internationaux dans lesquels l'ours polaire se trouve impliqué : contrôle territorial, ressources pétrolières et minières, voies maritimes stratégiques et commerciales, changement climatique. Cet animal « géopolitique » est alors ballotté entre les rôles de victime, de façade ou d’étendard.
L'ours polaire et l’espèce humaine se trouvent à la croisée des chemins...