Une commission du ministère de la Culture vient d'ajouter la tauromachie à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel français (19/3/11). La Fondation 30 Millions d'Amis, qui se bat pour l'interdiction de la corrida en France, exprime sa plus profonde indignation face à une décision qui officialise et approuve la barbarie de ce spectacle.
Résumé du livre
Une commission du ministère de la Culture vient d'ajouter la tauromachie à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel français (19/3/11). La Fondation 30 Millions d'Amis, qui se bat pour l'interdiction de la corrida en France, exprime sa plus profonde indignation face à une décision qui officialise et approuve la barbarie de ce spectacle.

Au même titre que la tarte tatin, le fest-noz, la tapisserie d'Aubusson et les parfums de Grasse, la tauromachie, torture sanglante, se trouve désormais inscrite au patrimoine immatériel de la France. Ce choix s’inscrit dans le cadre d’une convention de l'Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui impose aux Etats signataires de tenir un inventaire du patrimoine national. Par cette décision, annoncée par l'Observatoire des cultures taurines, la France est le premier pays au monde à inscrire la tauromachie à l’inventaire de son patrimoine immatériel, aux côtés des spécialités culinaires et des objets artisanaux. Un scandale !
« Une décision honteuse »
Pour Claire Starozinski, fondatrice de l’Alliance Anticorrida, le contexte dans lequel l’inscription de la tauromachie au patrimoine immatériel de la France soulève un problème : «
La commission administrative indépendante qui est à l’origine de cette décision n’est constituée que de membres issus du milieu de la tauromachie, dénonce-t-elle.
Il s’agit d’un choix purement arbitraire. » Le cabinet du ministère de la Culture tente quant à lui de temporiser et indique que cette inscription ne sera accompagnée d’«
aucune forme de protection, de promotion particulière ou de cautionnement moral ». Une «
décision symbolique qui demeure honteuse, même si elle n’a aucune conséquence » selon Claire Starozinski.
Mais pourquoi une telle et soudaine prise de position de la part des institutions françaises, alors que chaque sondage - y compris ceux réalisés dans les régions et villes dites de tradition taurine - montre que la majorité des Français sont opposés à cette pratique d’un autre temps ? «
Cette reconnaissance officielle coïncide avec la mobilisation de plus en plus forte des opposants à la corrida, analyse Claire Starozinski.
Le lobby taurin se sent menacé et se cherche donc une légitimité ». Une vision partagée par la députée Muriel Marland-Militello, militante de la cause animale, qui dénonce sur
son site cet «
avis technocratique à la rescousse d’un lobby en perte de vitesse ».
L’exception française
En France, l’article 521-1 du code pénal interdit «
le fait, publiquement ou non, d'exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité » à l’exception des «
courses de taureaux lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée » (alinéa 7, NDLR). A ce titre, une quarantaine de villes sont autorisées par dérogation à présenter des spectacles taurins et des corridas, dans 11 départements.
La décision du ministère de la Culture est particulièrement incompréhensible à l’heure où des avancées importantes vers l’interdiction de ce spectacle barbare sont à noter dans le monde. Il y a plus d’un an, la Catalogne, terre espagnole de tradition tauromachique, a aboli cette pratique (28/7/10) tandis que l’Equateur organise en ce moment-même un référendum à ce sujet. En France, le maire de Fréjus a supprimé les corridas dans sa ville (3/10/10) et 75 députés ont appuyé <link acces-special actualites detail article _blank lienrouge2 de loi>la proposition de loi commune de Muriel Marland-Militello, députée UMP des Alpes-Maritimes (06), et Geneviève Gaillard, députée PS des Deux-Sèvres (79) visant à interdire cette pratique.
La Fondation 30 Millions d’Amis exprime sa profonde indignation quant à ce qu’elle qualifie de véritable recul des autorités sur une question aussi cruciale que la torture exercée sur les animaux. Reha Hutin, Présidente de la Fondation, a par ailleurs écrit une lettre à Frédéric Mitterrand où elle s’étonne «
qu’un ministre de la République prône […]
une activité archaïque qui véhicule la culture de la mort et le goût pervers de la souffrance. » Et de terminer sur une citation de Zola, puisqu’il s’agit de culture : «
Je suis absolument contraire aux courses de taureaux qui sont des spectacles de cruauté imbécile et, pour les foules, une éducation de sang et de boue. »
Elle appelle chacun à se mobiliser en signant <link agir-pour-les-animaux petitions signer-petition pour-declassifier-la-corrida-du-patrimoine-culturel-francais-24.html _blank lienrouge2 pour retirer la tauromachie du patrimoine culturel>la pétition pour que la tauromachie soit retirée du patrimoine culturel français.
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