Au Brésil, trois bébés chouettes ont été secourus de l'incendie par les pompiers. ©CBMDF
Alors que de terribles incendies ravagent la forêt amazonienne au Brésil, en Bolivie et au Paraguay, des milliers d’animaux se retrouvent pris au piège. Pour Jean-François Silvain, Président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), cette catastrophe écologique aura un impact dramatique sur la faune sauvage. Il s’est confié à 30millionsdamis.fr
Rédaction
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Note : 0Brûlée aux pattes et au ventre, une maman opossum tente d’échapper aux flammes avec ses trois bébés sur le dos… lorsqu’elle croise le chemin des pompiers, qui ont le réflexe de la mouiller et de la conduire vers une zone sécurisée. Relatée par le média Globo (19/08/2019), cette scène s’est déroulée dans le Mato Grosso – l’Etat le plus touché par les terribles incendies qui ravagent le Brésil depuis le mois de juillet 2019, et qui n’épargnent malheureusement pas les animaux sauvages.
Les incendies vont avoir une incidence sur l'ensemble de la faune.
J.-F. Silvain, Président de la FRB
« C'est triste de voir une telle scène, se désole le pompier interrogé par Globo. Nous rencontrons régulièrement des animaux brûlés et nous faisons de notre mieux, mais c'est toujours déchirant ». Trois bébés chouettes ont également eu la chance de recevoir l’aide de pompiers le mois dernier. Sans blessure apparente, les oisillons ont été transférés au zoo de Brasilia pour des examens, avant de pouvoir être relâchés dans la nature, selon Globo DF (19/07/2019). Dans le Parc National d’Ilha Grande – dont près de la moitié de la surface a été brûlée depuis le 8 août, une mère chevreuil et son petit ont été filmés en pleine fuite (RPC Paraná, 16/08/2019).
« Les incendies en Amazonie vont bien sûr avoir une incidence sur l’ensemble de la faune, à savoir les oiseaux, les mammifères, mais aussi les insectes, s’alarme Jean-François Silvain, Président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), contacté par 30millionsdamis.fr. Les animaux qui le peuvent vont fuir, mais d’autres espèces telles que les insectes xylophages [consommant du bois, NDLR] se retrouvent piégées par le feu ». Et parmi les mammifères, si le tamandua (fourmilier) court vite – comme le montre la vidéo du Jornal Anhanguera (21/08/2019), ce n’est pas le cas de son cousin le paresseux, lui aussi présent dans les zones touchées.
A l’instar du Brésil, la Bolivie et le Paraguay voisins sont également victimes d’incendies hors de contrôle. Dans la région bolivienne du Bosque chiquitano, réputée pour sa biodiversité unique au monde, quelque 500 espèces d’animaux de la réserve naturelle de Tucavaca seraient menacées. « Nous allons reboiser et créer des centres de soins pour les animaux blessés », a promis mercredi le vice-président bolivien Alvaro Garcia, relayé par l’AFP. Des actions cruciales à long terme, mais dont la mise en œuvre ne saurait répondre à l’urgence de la situation actuelle…
« Ces incendies s’inscrivent dans une tendance lourde de retour à la déforestation », insiste Jean-François Silvain. Alors que le point le plus bas avait été atteint en 2012 grâce à la mise en place d’actions fortes – réglementation drastique, surveillance satellite et police environnementale stricte, la déforestation en Amazonie repart aujourd’hui à la hausse. Et ce, à mesure que les gouvernements successifs cèdent à la pression des acteurs industriels.
Les forêts amazoniennes sont défrichées puis brûlées afin de faire place aux cultures de soja, exporté dans le monde entier pour nourrir les animaux d’élevage. « A travers les feux, on peut craindre des incidences sur le climat local, voire sur le climat global à moyen terme. Le risque est celui d’un basculement et de changements majeurs pour la biodiversité, alerte encore Jean-François Silvain. L’inquiétude de la communauté scientifique monte. Dans l’année qui précède la COP15 Biodiversité, cela donne un signal très négatif ! ». Reste aujourd’hui à savoir si la communauté internationale parviendra à convaincre le gouvernement brésilien de préserver cette forêt amazonienne, considérée comme le "poumon de la planète"...
Note : De nombreux internautes indignés partagent sur les réseaux sociaux des images de forêts ravagées et d’animaux brûlés, avec le hashtag #PrayForAmazonia. Attention, parmi ces clichés, certains sont utilisés hors contexte : une photo de cadavres calcinés provient en fait d’un incendie en Galice (Espagne) il y a quelques années, et celle d’un macaque qui porte dans ses bras un bébé inanimé a en réalité été prise… en Inde !