Les orques et bélugas enfermés dans cette prison sous-marine russe ne sont toujours pas libérés... Ils étaient destinés aux parcs aquatiques chinois. /©Capture d'écran Twitter
L’existence d’un véritable centre de détention à ciel ouvert enfermant des orques et des bélugas au large du Sud-Est de la Russie, a scandalisé dans le monde entier. Deux mois après cette découverte, et contrairement à ce que plusieurs médias ont pu annoncer en France, le sort des mammifères marins qui y sont retenus captifs est toujours incertain et la situation n’est pas réglée. L’enquête de 30millionsdamis.fr.
Rédaction
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Note : 0L’image filmée par des drones avait choqué dans le monde entier. Plus d’une centaine de mammifères marins piégés dans une prison sous-marine illégale dans le Sud-Est de la Russie. Entassés pour servir de monnaie d’échange aux parcs aquatiques pullulant la Chine, 11 orques et 90 bélugas attendaient d’être vendus par des entreprises privées. « Quand j’ai décidé d’y aller et de tourner ces images, j’étais consternée, confie Masha Netrebenko, la journaliste indépendante à l’initiative de la vidéo. C’est très triste. Et le pire, c’est que les orques et les bélugas sont toujours là . Personne ne s’en soucie vraiment. On ne sait pas ce qu’il s’y passe. »
Un centre de détention illégal de #bélugas et d'#orques repéré en Russie. Les cétacés y sont retenus dans des enclos bien trop petits ! Des politiciens et plusieurs entreprises semblent impliqués dans ce juteux business entre Russie & Chine. #delphinariums https://t.co/CBe5bjbDnu
— 30 Millions d'Amis (@30millionsdamis) 16 novembre 2018
Alertés par plusieurs associations de protection animale – dont la Fondation 30 Millions d’Amis – et par le scandale et l’indignation provoqués par ces images, le gouvernement de Vladimir Poutine a demandé au gouverneur de la région concernée d’agir. Résultat : le total admissible de captures (TAC) qui autorise et fixe le prélèvement de cétacés dans la nature à des fins scientifiques a été suspendu pour l’année 2019. Pour l’année 2018, le TAC s’élevait à 13 orques. « Il reste toutefois possible que le TAC soit modifié et qu’une tentative de le faire passer cette année soit prise, explique Oxana Fedorova, fondatrice de l’association russe Save Dolphins. L’an dernier, le TAC n’a été approuvé qu’en avril… »
Les orques se vendent entre 6 et 10 millions de dollars. Oxana Fedorova - Save Dolphins
Donc contrairement à ce qui a pu être annoncé par quelques-uns en France, rien n’a encore été décidé sur le long terme. D’autant qu’en Russie, aucune loi n’interdit formellement ces captures non réglementées même s’il ne peut normalement y avoir d’échanges commerciaux vers un pays tiers. Mais la tolérance semble régner… De même, la capture des bébés est prohibée à l’international ce qui n’empêche pas leur présence dans cette prison aquatique. « Il y a 15 bébés bélugas non sevrés dans cette prison de baleines, regrette O. Fedorova. Et il faut noter que trois des bélugas ont disparu. Les chasseurs prétendent qu’ils se sont échappés. Mais nous savons tous que ce n’est pas vrai. Ils sont morts… Ceux qui restent sont évidemment en danger ! » Quant à Danny Groves, porte-parole de l’ONG britannique Whale and Dolphin Conservation, il affirme qu’il « ne devrait pas y avoir de capture en 2019 », il confirme néanmoins que « pour les futures années, en revanche, ce n’est pas clair. » Il semblerait que certains ont donc crié victoire trop tôt…
C’est donc pour le simple plaisir des parcs aquatiques que ces cétacés ont été capturés et restent emprisonnés dans cet endroit sordide. La plupart d’entre eux étaient destinés à la Chine, à des prix records. « Les orques se vendent entre 6 et 10 millions de dollars, informe la fondatrice de Save Dolphins. Quant aux bélugas, c’est aux alentours de 1 million. » Une enquête du journal indépendant russe Novaya Gazeta réalisée entre 2013 et 2016 a prouvé que 13 épaulards ont été exportés vers l’Empire du milieu, pour un montant d’environ 9 millions d’euros chacun. Le pays prévoit d’y construire plus d’une soixante de delphinariums dans les années à venir. Pour rappel, ces espèces font partie de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites).