La population d'éléphants est en chute libre en Afrique. Les pachydermes sont victimes du braconnage et du trafic d'ivoire… /©Pixabay-katja
Selon une opération de recensement réalisée durant l’été 2018 par l’ONG Elephants without Borders, plus de 90 éléphants auraient été massacrés au Botswana, un pays jusque-là épargné par le braconnage. Pour la Fondation 30 Millions d’Amis, ce massacre relance le débat autour du trafic de l’ivoire.
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Note : 0« Il s’agit du plus grave épisode de braconnage en Afrique dont j’ai jamais été informé. » La réaction de Mike Chase, responsable de l’ONG Elephants without Borders (Eléphants sans frontières), fait l’effet d’une claque. Lors d’un recensement aérien réalisé durant cet été 2018 au Botswana, au moins 90 éléphants auraient été retrouvés morts. L’ONG rapporte une vision d’horreur sans limite : des corps calcinés et en décomposition, des têtes arrachées et des cadavres éparpillés...
Le plus grave épisode de braconnage en Afrique dont j’ai jamais été informé. Mike Chase, responsable d'Elephants Without Borders
« Nous avons commencé notre recensement le 10 juillet et nous avons déjà dénombré 90 carcasses d’éléphants, a alerté Mike Chase pour l’AFP (04/09/2018). Et nous retrouvons chaque jour plus d’éléphants morts. » Pour EWB, ce massacre de masse n’a qu’une explication : le désarmement des rangers par le nouveau président Mokhweetsi Masisi depuis mai 2018. « La plupart des éléphants ont été tués par des balles de gros calibre, affirme le responsable de l’organisation. Cela coïncide avec le désarmement des rangers par le Botswana. »
Toutefois, le gouvernement botswanais en place a démenti sur Twitter le recensement de l’ONG Elephants Without Borders en affirmant que « ces statistiques sont fausses et trompeuses » et qu’il s’agit en réalité de « 53 carcasses d’éléphants dont une majorité n’ont pas été victimes de braconnage mais plutôt morts de cause naturelle ou de conflits entre l’homme et la faune. »
Le ministre du tourisme, Tshekedi Stanford Khama, avait pourtant confirmé l’information évoquant un nombre de victimes « à deux chiffres, très élevé pour le Botswana ». « Nous avons été épargnés par les braconniers pendant longtemps, nous réalisons maintenant à quel point ils sont sophistiqués. (...) Malheureusement, nous apprenons parfois nos leçons de la pire façon », a-t-il ajouté à l’AFP dans un aveu d’impuissance retentissant.
La Première ministre britannique, Theresa May s'est attristée sur Twitter de voir « des éléphants visés par des braconniers » et affirmé que « le Royaume-Uni poursuivra son travail avec le Botswana, qui a un programme de conservation aussi important qu'accompli. Nous sommes à la tête de la lutte contre la criminalité faunique et j'ai hâte d'accueillir le sommet #endwildlifecrime à Londres, le mois prochain ».
Saddened to see elephants targeted by poachers. The UK will continue to work with Botswana, who have a long and successful conservation programme. We are leading the fight on wildlife crime, and I look forward to hosting the #endwildlifecrime summit in London next month. https://t.co/98iLicRzK1
— Theresa May (@theresa_may) 4 septembre 2018
Le Botswana abrite la population la plus importante d’éléphants à l’état sauvage avec ses quelque 135 000 pachydermes. Le trafic de l’ivoire est principalement responsable du déclin des populations et régulièrement pointé du doigt par l’ensemble des associations internationales de protection animale. D’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), ce commerce macabre est la première cause du haut taux de mortalité d’éléphants ; plus de 20 000 victimes par an. Entre 2007 et 2014, leurs effectifs en Afrique ont dramatiquement chuté de plus d’un tiers.