La célèbre marque Moncler est au cœur d’un scandale après la diffusion d’un reportage montrant la confection de doudounes en plumes d'oie, dans lequel on peut voir les oiseaux plumés à vif. La Fondation 30 Millions d’Amis, qui lutte depuis de nombreuses années contre de telles méthodes, appelle les consommateurs à la plus grande vigilance.
C’est une vidéo diffusée le 2 novembre dernier sur la chaîne publique italienne Rai 3 qui a relancé la polémique. Intitulé «
Siamo tutti Oche » [«
Nous sommes tous des oies », NDLR] et réalisé par la journaliste Sabrina Giannini, ce reportage montre les conditions de plumage des oies pour la confection des doudounes de l’enseigne italienne - d'origine française - Moncler. Les images sont sans équivoque : on peut voir les oiseaux plumés vivants. Certains volatiles blessés sont recousus grossièrement à vif, puis recouverts d’antiseptique afin de diminuer les risques d'infection. Les oies déplumées tiennent à peine debout, leur démarche est chancelante, leurs souffrances ne font aucun doute. La scène a été filmée en Hongrie, bien loin des jolies boutiques Moncler de Gstaad (Suisse) ou d’Aspen (Etats-Unis).
Pratique illégale
Face à ces images insoutenables, la chaîne italienne enfonce le clou : «
Le plumage des oies vivantes est fréquent en Hongrie, et ce reportage ne fait qu’exposer une pratique illégale et cruelle largement répandue dans la Communauté européenne » explique-t-elle sur son site Internet. Et pour cause : le plumage des oies vivantes est, en dépit de la Convention européenne sur le bien-être animal du 22 décembre 1999 qui l’interdit, une pratique courante. «
Cette méthode représente jusqu'à 80 % de la collecte mondiale de plumes et les six principaux producteurs sont européens, parmi lesquels la Hongrie, la Pologne et la France - concentrent à eux seuls, 93% de cette production » rappelle l’Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO). «
L'Union européenne est considérée comme le premier responsable de l'absence de contrôle et d’application des règles » poursuit Sabrina Giannini.
Le reportage s’interroge sur les choix économiques de la marque qui préfère délocaliser la production en Europe de l’Est - et ainsi diminuer les coûts - au lieu de conserver ses unités de production en Italie et de contrôler plus facilement les conditions d’élevage. «
En fabriquant ses doudounes pour un prix d'environ 40 euros et en les vendant en boutique à des prix situés entre 500 et 2 500 euros, Moncler réalise des marges considérables aux dépens du consommateur » précise le reportage. D’où son nom, «
Nous sommes tous des oies » : comprendre «
les clients sont pris pour des imbéciles » dénonce la chaîne.
Enquête de la Fondation dès 2009
Le président et directeur artistique de Moncler, Remo Ruffini, a laconiquement réagi via un communiqué. «
Nous n’avons rien à voir avec les fermiers et les compagnies qui travaillent de façon illégale et non acceptable ». Mais la vague de réactions indignées pourrait pousser le géant de la doudoune à prendre la polémique plus au sérieux. Au lendemain de la diffusion du documentaire, l’action baissait de 4,91 %, à 10,52 euros, indique le site du Monde.fr. Quant aux twittos, ils ont créé le hashtag
#siaomotuttioche pour protester contre Moncler.
La Fondation 30 Millions d’Amis, qui a alerté consommateurs et pouvoirs publics dès 2009 sur le plumage des oies vivantes, appelle les consommateurs à la plus grande vigilance lors de leurs achats. D’autres marques, à l’instar de Burberry, se sont récemment fait épingler pour les conditions d’élevage des animaux à fourrure. Une pétition de la Fondation 30 Millions d’Amis est toujours en ligne.
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