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Justice

Affaire Elisa Pilarski : trop de zones d’ombre subsistent

Si Curtis est mis en cause par un rapport vétérinaire dans la mort d'Elisa Pilarski, les zones d'ombre ne manquent pas dans une enquête encore opaque./Capture d'écran Facebook

Près d’un an après la mort d’Elisa Pilarski provoquée par plusieurs morsures de chien alors qu’elle promenait Curtis dans la forêt de Retz (02) où une chasse à courre était également en cours, deux vétérinaires affirment que l’animal de la jeune femme est l’unique responsable de sa mort. Pourtant, trop de zones d’ombres entourent toujours cette « enquête ». 30millionsdamis.fr fait le point.

Mise à jour 3 novembre 2020 : Selon plusieurs médias, les résultats ADN écarteraient toute responsabilité des chiens de chasse à courre dans le décès d’E. Pilarski. Des éléments qui ont été confirmés par le procureur de la République de Soissons dans un communiqué spécifiant toutefois que seuls 33 chiens de chasse à courre ont été analysés. 

La mort tragique d’Elisa Pilarski en forêt de Retz, dans l’Aisne, avait provoqué la stupeur (16/11/2019). Près d’un an après le début de l’enquête pour déterminer les circonstances tragiques dans lesquelles cette jeune femme de 29 ans, enceinte, a perdu la vie, ne sont toujours pas claires. Un rapport rendu par deux vétérinaires accable le chien qu’elle promenait, Curtis, supposé croisé Amstaff, sans qu’aucune décision de justice ne soit encore rendue (31/10/2020). Quant aux analyses ADN qui doivent déterminer si la meute de chiens d’une chasse à courre qui avait lieu à proximité le jour du drame a une responsabilité dans le décès d’E. Pilarski, ils ne sont toujours pas connus... suscitant toutes les interrogations autour de cette enquête. 

Ce que l’on sait

Elisa Pilarski (29 ans) s’était rendue dans la forêt de Retz (02) avec Curtis, le chien de son compagnon Christophe Ellul, le 16 novembre 2019. Dans le même temps, une chasse à courre était organisée à proximité. Alors qu’elle tente de joindre son conjoint à 13h16, ce dernier la rappelle et rapportera plus tard qu’Elisa était très inquiète car plusieurs chiens la suivaient. Il s’agit du dernier appel téléphonique entre le couple. Christophe Ellul quitte son travail en urgence et se rend sur les lieux. Il dit avoir croisé un cavalier, Sébastien Van Den Berghe, le maître d’équipage du « Rallye de la Passion », puis une meute de chiens de chasse. Il finit par découvrir le corps inerte de sa compagne qu’il prend « pour un tronc d’arbre », le chien Curtis à ses côtés. Selon le légiste, Elisa Pilarski aurait fait une hémorragie consécutive à de multiples morsures aux alentours de 13h30. 

Les mis en cause

Deux camps s’opposent à la suite du drame. Christophe Ellul met en cause la meute de chiens de chasse à courre, alors que l’équipage estime que « l’accident tragique qui est survenu n’a aucun rapport ni avec (leurs) chiens, ni avec la chasse à courre. » Le procureur de la République de Soissons confirmera plus tard que le « décès a pour origine une hémorragie consécutive à plusieurs morsures de chiens aux membres supérieurs et inférieurs ainsi qu’à la tête, certaines morsures étant ante mortem et d’autres post mortem ». Des prélèvements salivaires ont été effectués sur 62 chiens de l’équipage et sur les cinq chiens du couple, dont Curtis. 

Curtis, enfermé depuis le début de l’enquête

Le chien de Christophe Ellul a été placé en fourrière dès le début de l’enquête. Dans un premier temps, il était mis « sous scellé » dans la SACPA de Beauvais (60) avant d’être transféré dans un autre établissement. L’animal y a subi des analyses comportementales pour savoir s’il était « susceptible d’être dangereux » avec des résultats défavorables pour le chien. Le contexte d’enfermement du chien rend toutefois l’objectivité de ces analyses sujette à caution. Dans le même temps, des articles de presse et des télévisions chargent l’animal de Christophe Ellul sur le fait qu’il aurait été amené illégalement des Pays-Bas et qu’il aurait « été entraîné à mordre » De même, des incidents qui auraient eu lieu à la fourrière de Beauvais sont rapportés. Là encore, l’enfermement de l’animal pouvant accroitre son traumatisme n’est pas pris en compte. Et pour compliquer une affaire déjà pas simple, la famille d'E. Pilarski par la voix de l'avocate Me Cathy Richard a tenu à rappeler que « Curtis n'était pas le chien d'Elisa mais celui de son compagnon Christophe Ellul » rappelant que la mère demande « qu'on arrête de faire de Curtis la victime de ce dossier », selon des propopos rapportés par Le Midi Libre

Chiens de chasse : des résultats ADN reportés et… toujours pas connus

Pour déterminer si la meute de la chasse à courre qui avait lieu à proximité le jour du drame a une responsabilité directe dans la mort d’Elisa Pilarski, la justice a ordonné des prélevements ADN sur une soixantaine de chiens de l’équipage du « Rallye de la passion ». Dans un contexte particulier où la crise sanitaire a engendré beaucoup de retard dans les enquêtes, l’analyse de ces résultats ADN a été reportée à de nombreuses reprises et les conclusions ne sont encore aujourd’hui pas disponibles. Ils sont pourtant l’élément indispensable à la manifestation de la vérité.

Un rapport vétérinaire demandé par la Justice

 

Ce rapport rentre en contradiction avec des éléments forts des conclusions de l’autopsie.
Me A. Novion - Avocat de C. Ellul

Un rapport de 50 pages réalisé par deux vétérinaires mandatés par la justice basé sur la comparaison des blessures avec la taille des mâchoires des chiens et l’analyse comportementale de Curtis ainsi que son dressage, conclut à la seule responsabilité de l'animal dans la mort de la jeune femme. Mais alors que les résultats ADN des prélèvements effectués sur les chiens de chasse ne sont pas encore connus – et par conséquent ne permettent pas d’écarter leur responsabilité dans le drame - le doute persiste sur les conclusions du rapport : « On est totalement ahuris de voir ces deux experts conclure, avec une telle radicalité, de façon aussi abrupte, que le seul coupable est Curtis, critique Maître Alexandre Novion, avocat de Christophe Ellul, sur France 3. C’est particulièrement étonnant dans la mesure où ça rentre en contradiction avec des éléments forts des conclusions de l’autopsie qui indiquent qu’Elisa était décédée d’un choc hémorragique causé par des morsures de chien, voire plus probablement de plusieurs chiens, en raison de la répartition des blessures sur le corps d’Elisa et des différences de morphologie entre les blessures. » 

Le rapport des vétérinaires précise toutefois que les chiens de chasse à courre pourraient avoir joué un rôle en excitant Curtis « lui faisant perdre le contrôle » !

Des circonstances et des responsabilités claires à établir rapidement

L’avocat de Christophe Ellul a d’ores et déjà annoncé son intention de solliciter une contre-expertise. Dans un post Facebook sur le groupe de soutien à Elisa Pilarski, le compagnon et son entourage dénoncent « des conclusions un peu trop hâtives » et « une manipulation médiatique [qui] joue dans le camp de la chasse à courre ». Il annonce vouloir continuer le combat pour sauver Curtis. Si la justice devait considérer le chien comme seul responsable du décès de la trentenaire, l’animal serait euthanasié. Pour rappel, une information judiciaire contre X est ouverte pour "homicide involontaire par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence [...] résultant de l'agression commise par des chiens".

Bonjour à tous nos soutiens. Nous vous informons que les vétérinaires experts ont remis un rapport de 50 pages,...

Publiée par Page de Soutien à Elisa Pilarski sur Samedi 31 octobre 2020

La Fondation 30 Millions d’Amis demande que les résultats ADN des prélèvements effectués sur les chiens de chasse à courre soient rendus publics dans les meilleurs délais. Ils sont la clé de voute de cette enquête. La justice doit impérativement et permettre de déterminer s’ils ont – ou non – une responsabilité directe ou indirecte dans cette sinistre affaire. Le décès d’une jeune femme de 29 ans, enceinte de plusieurs mois, exige que des réponses claires soient rapidement apportées sur les circonstances d’une telle tragédie. Par ailleurs de très nombreuses voix s’élèvent pour épargner Curtis qui a déjà passé une année derrière les barreaux de la fourrière et dont la culpabilité dans cette affaire très trouble, n'est toujours pas prouvée.