En chine, plus de 10 000 ours sont détenus en captivité dans des fermes de bile. ©Animals Asia
Moins d'un mois après avoir interdit la vente et la consommation d'animaux sauvages pour l'alimentation, responsables de l'épidémie de Covid-19, le gouvernement chinois recommande l'injection de bile d'ours pour traiter les formes graves du virus. La Fondation 30 Millions d'Amis fustige ces recommandations aux conséquences désastreuses pour les animaux.
Interdire le commerce d'animaux sauvages à des fins alimentaires mais promouvoir l'exploitation d'animaux à des fins médicinales... C'est ce que recommande la Commission nationale de la santé en Chine (04/03/2020) ! Pour lutter contre le Covid-19, elle préconise le prélèvement de bile d'ours. Un paradoxe cruel aussi injustifié qu'inacceptable. Aucune preuve n'a été portée quant à l'efficacité de l'acide ursodésoxycholique - que contient la bile d'ours - pour le traitement du Covid-19. Au surplus, cette recommandation vient gravement menacer le bien-être et la survie des populations déjà fragilisées d'ours noirs d'Asie et d'ours bruns.
« Plus de 10.000 ours sont gardés dans les "fermes de bile" en Chine et environ 1.200 subissent le même sort au Vietnam, fustige l'association Animals Asia, partenaire de la Fondation 30 Millions d'Amis, qui oeuvre pour mettre fin à ce commerce. La bile est extraite en utilisant différentes techniques invasives, douloureuses, qui causent des infections massives aux ours ». La plupart de ces ours d'élevage sont détenus en permanence, de leur naissance jusqu'à leur mort, dans des cages exiguës qui les empêchent de se mouvoir. Affamés et déshydratés, les ours souffrent en outre de multiples maladies et tumeurs, parfois fatales.
La bile est extraite en utilisant différentes techniques invasives, douloureuses.
Animals Asia
Pour réduire les risques de propagation de maladies, la Chine entend fermer les exploitations qui produisent de la viande à partir d'animaux sauvages. Mais « que la faune soit consommée sous forme d'aliment ou de remède, des risques existent toujours dans la façon dont les animaux sont abattus, recueillis, entreposés ou transformés », confie à National Geographic Aron White, membre de l'organisation Environmental Investigation Agency (EIA). Les négligences et les maladies sont effectivement très fréquentes dans les fermes de bile, de sorte que les consommateurs risquent d'ingérer de la bile d'ours malade... et favoriser une nouvelle fois la propagation d'épidémies. « Nous ne devrions pas nous fier aux produits de la faune comme la bile d'ours comme solution pour lutter contre un virus mortel qui semble provenir de la faune, ajoute Animals Asia sur 30millionsdamis.fr. Mais nous espérons que la nouvelle législation renforcera les contrôles sur l'utilisation des animaux pour la recherche ».
Si le commerce de la bile d'ours élevés en captivité est légal en Chine, celui de la bile d'ours sauvages est, en principe interdit (tout comme son importation depuis d'autres pays). Mais « L'existence d'un marché légal issu de la captivité n'allège en rien la pression exercée sur les populations sauvages. On constate une préférence prononcée des consommateurs pour les produits issus d'animaux sauvages, souvent considérés plus puissants ou plus "authentiques", regrette A. White. Les recommandations du gouvernement ont donc été reprises par les trafiquants pour promouvoir leurs produits illégaux comme traitement », déplore Aron White.
Et comme si l'exploitation des ours ne suffisait pas, la Commission nationale de la santé recommande, pour le traitement du Covid-19, le recours à l'Angong Niuhuang Wan qui contient... de la corne de rhinocéros dont le commerce international est également strictement interdit ! Les recommandations du gouvernement chinois pourraient donc dangereusement contribuer à accroître le trafic illégal d'ours et de rhinocéros, alors que ces animaux appartiennent à des espèces protégées par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES).
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