En France, les chasseurs sont prêts à débourser des sommes exorbitantes pour tuer un cerf en enclos./©Pixabay
Enfuis d’un enclos où ils étaient élevés pour leur chair, une vingtaine de cervidés seront tués suite à une décision du préfet du Doubs (25) pour éviter des « risques accrus de dégâts agricoles et forestiers » (20/01/2020). En France, une dizaine de milliers de cerfs sont élevés pour la boucherie ou la chasse. Les explications de 30millionsdamis.fr.
Évasion en règle ! En septembre 2018, une centaine de cervidés élevés pour la consommation se sont échappés de leur enclos d’un élevage à Vernierfontaine (25) ; le grillage ayant été volontairement découpé. Si nombre d’entre eux - appâtés avec de la nourriture – ont rapidement pu être récupérés, 24 individus sont restés dans la nature. Plus d’un an après, le préfet du Doubs ordonne leur abattage par des tirs de nuit... Quelques jours après la publication de l’arrêté préfectoral, 4 animaux ont déjà été tués.
Une décision préfectorale motivée pour éviter tout risque de dégâts agricoles et forestiers : ce sont donc des dommages purement hypothétiques qui justifient pour les autorités la mort de 18 biches et 6 daguets ! « Le but est d’éliminer le surnuméraire par rapport à la population naturelle », précise la Direction Départementale des Territoires du Doubs. En d’autres termes, des animaux élevés par l’humain, pour sa consommation, devraient être abattus au motif qu’ils sont trop nombreux dans la nature… après s’être échappés ! Ubuesque.
Qui plus est, impossible de savoir si les cervidés abattus seront ceux issus de la captivité ou des animaux sauvages. Par ailleurs, si le nombre d’ongulés « en fuite » est estimé à 24, le préfet n’a pas inscrit dans son arrêté de limite relative au nombre d’individus pouvant être tués.
« L’évasion d’ongulés détenus dans les parcs et enclos de chasse est un phénomène répandu et récurrent, explique Madline Rubin, directrice de l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS). Il s’explique par l’existence de nombreux points de non-étanchéité des grillages dans beaucoup de structures ». Le manque de vigilance des éleveurs serait donc à l’origine de l’évasion de nombreux ongulés et, souvent à terme… de leur abattage en milieu naturel.
En France, 15 000 cerfs élaphes seraient détenus en captivité dans 600 structures. Un nombre excessivement élevé auquel il conviendrait d’ajouter 1 800 cerfs sika progressivement introduits dans l’hexagone depuis le 19ème siècle et actuellement détenus dans 129 structures (source : ONCFS). L’ensemble de ces cervidés sont élevés pour la boucherie (59 % des cerfs élaphes et 37 % des cerfs sika), la chasse en parcs et enclos (38 % des cerfs élaphes et 59 % des cerfs sika) ainsi que le transfert vers d’autres élevages (entre 3 et 4 %). Un millier de cerfs a donc été spécialement introduit dans notre pays… pour des chasseurs qui n’hésitent pas à débourser des sommes exorbitantes à cette fin (entre 1 000 et 1 250 euros pour tuer un cerf mâle !).
En septembre 2019, la Fondation 30 Millions d’Amis s’était indignée de l’existence des parcs et enclos, révélée par l’ASPAS. Entre 50 000 et 100 000 animaux d’élevage y sont enfermés pour y être traqués et tués par des chasseurs.
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