Les caribous du Canada ont perdu 73% de leur effectif. / ©AdobeStock
Symbole de noël et emblème du Canada, le renne – aussi appelé caribou – est en danger au Québec ! Or, la Province québécoise n’a prévu aucun plan de protection pour assurer sa survie. Au contraire, elle entend abolir certaines mesures protectrices prévues pour préserver son habitat (12/2019). Contactés par 30millionsdamis.fr, des spécialistes de ce cervidé dénoncent cette décision.
Le père Noël pourrait venir à manquer de rennes pour tirer son traineau… Au Canada, les caribous ont perdu 73 % de leur effectif ces vingt dernières années ! En cause : le réchauffement climatique, la chasse, la recherche minière et la sylviculture [exploitation des arbres forestiers]. La chute vertigineuse de leur population explique que l’espèce ait été classée « vulnérable » à l’échelle québécoise et « menacée » au niveau fédéral au début des années 2000.
Pourtant, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec a prévu de reporter à 2023 la mise en œuvre de la stratégie provinciale de protection des caribous. « En attendant, il se contente de mesures intérimaires plutôt timides… ! », déplore le Professeur et biologiste Martin-Hugues St-Laurent. Pire, le gouvernement a décidé de remettre en cause la protection de leur habitat dans trois massifs forestiers de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. L’abattage industriel d’arbres y sera désormais autorisé sur une superficie de 460 km2 de forêt !
Pour justifier sa décision, le gouvernement a annoncé que les données récentes issues du système de suivi démontraient « l’absence de localisation de caribous dans ces secteurs ». Mais selon les défenseurs de l’animal, cette argumentation ne tient pas. D’une part, le dernier relevé aérien de recensement - au demeurant très ancien - révèle la présence de rennes dans l’un des trois massifs. D’autre part, le suivi assuré par colliers émetteurs n’est pas efficient, tous les caribous n’étant pas équipés. En tout état de cause, « les troupeaux se déplacent d’année en année. En période hivernale, ils se nourrissent de lichen terrestre. Donc, au bout d’un certain temps, les animaux vont quitter le territoire, pour y revenir une fois que le lichen se sera régénéré », explique Henri Jocob, ancien président de l’association Action Boréale qui lutte pour la sauvegarde de la forêt boréale.
« Il est donc plutôt difficile de dire qu’aucun caribou n’utilise le secteur », conclut le Professeur St Laurent. Les territoires visés par la décision sont d’autant plus importants pour les caribous que d’autres secteurs de la région ont déjà fait l’objet de coupes forestières, au point de réduire drastiquement l’habitat disponible., nuisant au rétablissement de cette espèce menacée.
De surcroît, l’ouverture des territoires aux activités agricoles et forestières vient accroître le risque de prédation. D’un côté, ces animaux, dont l’habitat est corrélativement réduit, restent confinés dans une portion de territoire, facilitant ainsi la tâche de leurs prédateurs. De l’autre, les nouveaux chemins forestiers servent de voies à ces mêmes prédateurs qui évitent de se fatiguer en période hivernale.
En somme, « la décision du gouvernement contribuera, avec les autres pressions d’aménagement dans le secteur, à l’extinction locale d’une partie de la population de caribous », alerte le Professeur St Laurent. C’est la raison pour laquelle Don Russel, scientifique et spécialiste de l’espèce, en appelle à des « contrôles rigoureux sur les activités humaines au sein de l’aire de répartition des caribous ». Il préconise de limiter l’exploitation forestière aux parties du territoire qui ne sont pas propices au renne, à la faveur d’une cohabitation plus harmonieuse et équilibrée.
Il est grand temps que les intérêts économiques cessent de primer face à la conservation des espèces menacées.
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