Les ânes sont eux aussi victimes des superstitions qui entourent la médecine chinoise ©Pixabay-Bru_nO
Chaque année, des milliers d’ânes font l’objet d’un trafic à grande échelle entre la Chine et de nombreux pays africains. Tués pour leur peau, les équidés sont victimes des croyances liées à la médecine traditionnelle chinoise. 30millionsdamis.fr revient sur les conséquences dévastatrices de ces superstitions.
Rhinocéros, tigres, ours… ne sont pas les seuls animaux à être sacrifiés pour de prétendues vertus dans la médecine chinoise. Sur le continent Africain, les ânes font également les frais d’un juteux business.
La peau des équidés est utilisée afin d’en extraire de l’ejiao, une mixture gélatineuse utilisée pour traiter l’anémie, l’insomnie, les difficultés de reproduction mais aussi dans les cosmétiques. Or, l’efficacité de cette substance, obtenue après avoir fait bouillir la peau de l’âne, n’a pas été prouvée scientifiquement. Pourtant, la tuerie se poursuit…
Un rapport de l’agence de presse publique chinoise Xinhua datant de 2016 estime à « 4 millions » le nombre de peaux d’ânes nécessaires pour la production annuelle de 5000 tonnes d’ejiao. Le pays a essuyé une perte de près de 50 % d’ânes depuis 1991, portant la population à 6 millions d’animaux. Ce qui a fait de l’Afrique le nouvel eldorado pour ce macabre marché.
À l’atrocité de ce commerce s’ajoutent les conditions épouvantables dans lesquelles sont tués ces animaux. Quand ils ne sont pas envoyés dans des abattoirs sommaires, les ânes sont régulièrement volés aux fermiers avant d’être battus puis dépecés vivants. « Au Kenya, certains abattoirs ont été fermés pour des violations sur le bien-être animal, prend comme exemple Jamie Whear, porte-parole de l’association britannique Brooke East Africa. Le marché parallèle est florissant et beaucoup se font également voler. La demande s’est accrue et le prix d’un âne qui avoisinait les 68 dollars en 2014 atteint 146 dollars aujourd’hui. »
Des pays comme la Tanzanie, le Botswana, l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Ghana, le Kenya ou encore la Côte d’Ivoire voient leur population d’ânes chuter irrémédiablement. Le Botswana a perdu pas moins de 39 % de ses équidés, passant de 229 000 spécimens en 2014 à 142 000 en 2016. « Ce chiffre monte à 50 % sur les dix dernières années, s’alarme Simon Pope, représentant de l’ONG The Donkey Sanctuary. Le trafic de peaux d’ânes en est le principal responsable. » Ce sont même 2000 ânes par semaine qui ont été vendus pour les abattoirs au Mali, début 2018. « Au Kenya, 1,8 million d’ânes étaient recensés en 2009, note Jamie Whear. Mais depuis que 4 abattoirs ont vu le jour dans le pays, on n’en compte moins de 900 000… »
Toutefois, les efforts mis en œuvre pour contrer cette folie sont parfois récompensés. En 2017, la Tanzanie et le Botswana ont interdit les exportations et limité le commerce des peaux d’ânes. Le Niger avait déjà pris de telles dispositions une année plus tôt. « Le trafic sera très difficile à enrayer, estime néanmoins le porte-parole de Brooke. La situation est très différente selon les pays. Interdire le commerce n’est pas forcément la meilleure réponse car une économie sous-terraine serait susceptible de voir le jour. Il faut plutôt le restreindre au cas par cas. »
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