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Interview

B. Gothière, L214 : « Tous ensemble, nous pouvons mettre fin à l’élevage intensif ! »

Brigitte Gothière se confie sur le travail de L214 à l'occasion de la sortie d'un nouveau livre. © Nastasia Froloff / éd. Robert Laffont

Dans La Face cachée de nos assiettes (éd. Robert Laffont), les associations L214 et Eyes on Animals ont enquêté sur les dérives de l’industrie de la viande et « son cortège de souffrances imposées à des millions d’animaux ». 30millionsdamis.fr s’est entretenu avec Brigitte Gothière, présidente de L214.

30millionsdamis.fr : Dans votre livre, vous soulignez l’importance des témoignages d’éleveurs, d’ouvriers d’abattoirs et de vétérinaires pour révéler les maltraitances animales au sein des élevages, dans les abattoirs ou lors des transports. C’est un signe du changement des mentalités ?

 

Chez les enfants, la préoccupation pour les animaux est là. Il n’y a pas de raison qu’elle disparaisse à l’âge adulte !
Brigitte Gothière

Brigitte Gothière : Oui, nous recevons plusieurs témoignages par semaine. Lorsque ces gens partent à la retraite ou terminent leur mission d’intérim, il y a une sorte de digue qui lâche. Certains restent anonymes, d’autres préfèrent assumer publiquement, mais tous sont profondément choqués à la fois par la situation pour les animaux et par les conditions de travail.

Ils nous alertent sur des pratiques dont nous n’avions pas encore connaissance, et ils alimentent notre curiosité sur des sujets qui peuvent donner lieu à des enquêtes, dénonçant des pratiques impossibles à cautionner même par ceux qui mangent de la viande : mutilations à vif des porcelets, cages des poules pondeuses et des poulets de chair... Nous nous attaquons à un système, pas à des gens.

F30MA : La Fondation 30 Millions d’Amis et l’Ifop ont mené un sondage sur les Français et la cause animale*. 83 % d’entre eux souhaitent la fin de l’élevage intensif…

B.G. : Cela montre bien le décalage entre la volonté sociale et l’action gouvernementale. Ces chiffres très positifs  soulignent à quel point les Français sont préoccupés par le sort des animaux. Et il y a de quoi : l’élevage intensif concerne au moins 80 % des animaux élevés en France.

F30MA : La branche L214 Education propose un outil pédagogique (en collaboration avec la Fondation 30 Millions d’Amis) à destination des écoles. Quel est son objectif ?

B. G. : Pallier un manque dans les programmes scolaires, qui laissent de côté l’éthologie, les capacités des animaux, leur sensibilité et leur conscience. Chez les enfants, la préoccupation pour les animaux est là. Il n’y a pas de raison qu’elle disparaisse à l’âge adulte ! Nous mettons aussi à disposition des enseignants du matériel pédagogique, des brochures, des animations en classe…

Le retour des professeurs est très positif. Ils apprécient particulièrement la grande place laissée au débat : les faits scientifiques servent d’éléments de discussion. Nous abordons le test du miroir pour déterminer si les animaux ont conscience d’eux-mêmes, les singes et leurs incroyables aptitudes de mémorisation, l’intelligence des cochons auxquels on propose des jeux vidéos…

Tout cela démystifie l’idée du « propre de l’Homme ».

F30MA : A ce propos, une note ministérielle contre votre intervention dans les écoles a été diffusée, alors que le lobby de la viande, Interbev, s’y rend sans que cela semble poser de problème. Quelle est votre réaction ?

B. G. : Cette note a été envoyée sans même qu’il puisse y avoir de dialogue. Nous préparons une demande d’agrément, une procédure qui n’est pas nécessaire pour intervenir dans les écoles mais qui donne davantage de légitimité. Il y a en effet « deux poids deux mesures » par rapport aux lobbys de la viande, qui essayent d’empêcher les changements de mentalité en cours, pourtant inéluctables. Votre sondage montre bien qu’ils sont déconnectés par rapport aux préoccupations des gens. Leur objectif, c’est de gommer le lien entre la viande et l’animal. Or, nous faisons exactement l’inverse !

F30MA : Quelles sont les avancées concrètes en matière de protection animale qui vous semblent accessibles prochainement ?

B. G. : L’abolition des cages pour les poules pondeuses est à portée de mains. Plusieurs distributeurs ont pris des engagements contre les œufs de poules élevées en cages. Il y a maintenant un gros travail à faire sur la sélection génétique des poulets de chair, qui cause des boiteries sévères et des problèmes cardiovasculaires à ces animaux. Cela concerne 600 millions de poulets tous les ans, et la moindre avancée peut donc avoir un effet énorme.

F30MA : Comment envisagez-vous l’avenir ?

 

Reprendre le contrôle de son assiette, c’est agir sur la condition animale.
Brigitte Gothière

B. G. : Nous allons continuer à favoriser la végétalisation de l’alimentation, car reprendre le contrôle de son assiette est un levier magnifique pour agir sur la condition animale. La loi Agriculture et Alimentation  prévoit une expérimentation pour 2 ans de repas végétariens à la cantine. Dans les cantines et les restaurants, il faut qu’il soit possible de manger sans produits animaux, c’est pourquoi nous soutenons l’initiative Lundi vert et nous organisons les opérations VegOResto et le Veggie Challenge.

Nous poursuivrons avant tout notre travail d’information, en nous concentrant sur l’élevage, qui concerne des milliards d’animaux et s’associe à des enjeux climatiques. Nous voulons encourager les gens à se poser des questions, à être curieux. Face à des lobbies très puissants, chacun a des leviers dans ses mains. Et tous ensemble, nous pouvons mettre fin à l’élevage intensif !

*Etude menée pour la Fondation 30 Millions d’Amis par l’IFOP du 1er au 2 février 2019 auprès d’un échantillon de 1012 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Représentativité de l’échantillon assurée par la méthode des quotas.